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Le temps est-il ce qui passe, ou ce en quoi éternellement toute chose passe ?

Extrait du document

« Problématique Le temps est une notion difficile à expliquer.

En effet, on a plus souvent tendance à parler du temps de quelque chose, il est une façon de calculer qui est insaisissable en dehors de son objet.

Pour St Augustin, le temps est évident lorsque je cherche à l'expliquer.

Le problème posé est de savoir si on peut distinguer le temps de ses objets.

Il paraît difficile de définir le temps en dehors de l'action qu'il contient mais également de l 'intégrer dans les attributs de ses objets.

Nous subissons le temps comme une évolution ininterrompue et pourtant nous le distinguons de nous mêmes.

Comment peut-on alors distinguer le temps de ce sur quoi il agit ? L 'éternité du temps ne prouve-t-elle pas la séparation nette qu'il y a entre lui et les objets corruptibles qu'il influence? Comment parler du temps sans parler de son action? PLAN I Le temps comme éternité immuable Le temps est éternel, il coule à son rythme et ne peut être influencé par aucun objet.

J'ai beau être conscient du temps qui passe, je ne peux que rester passif.

Je subis le temps. La théorie cartésienne est foncièrement réaliste.

Le temps est une succession d'instants indépendants les uns des autres.

Quant à l'espace, il constitue l'essence propre des corps, la substance matérielle elle-même. Descartes déclare à propos de la matière : « Je conçois son étendue ou la propriété qu'elle a d'occuper de l'espace non point comme un accident mais comme sa vraie forme et son essence » (l'espace étant considéré comme substance, il n'y a pas de vide dans l'univers cartésien). « Si vous voulez concevoir que Dieu ôte tout l'air qui est dans une chambre, sans remettre aucun autre corps en sa place, il faut par même moyen que vous conceviez que les murailles de cette chambre se viennent joindre, ou bien il y aura de la contradiction en votre pensée.

Car, tout de même qu'on ne saurait imaginer qu'il aplanisse toutes les montagnes de la terre, et que, nonobstant cela, il y laisse tes les vallées, ainsi ne peut-on penser qu'il ôte toute sorte de corps, et que, nonobstant, il laisse de l'espace, à cause que l'idée que nous avons du corps, ou de la matière en général, est comprise en celle que nous avons de l'espace, à savoir que c'est une chose qui est longue, large et profonde, ainsi que l'idée d'une montagne est comprise en celle d'une vallée.

» DESCARTES, « Lettre à Mersenne » . La conception de Newton est aussi typiquement réaliste mais différente.

Newton ne confond pas l'espace et la substance matérielle (pas plus qu'il ne confond la géométrie, science de l'espace, et la physique, science de la matière, que Descartes identifiait).

Mais pour Newton, l'espace et le temps sont des cadres réels, absolus, qui existent indépendamment des objets qui s'y trouvent ou des événements qui s'y passent : « Le temps absolu, vrai et mathématique en soi et par nature, sans relation à rien d'extérieur demeure toujours le même.

» A côté des mouvements relatifs (le marin se promène sur le pont du navire qui lui-même se meut sur l'océan), il y a des mouvements absolus (la Terre se meut par rapport à l'espace absolu).

Et même s'il n'y a pratiquement, ce qui est possible, « aucun mouvement uniforme qui puisse servir à mesurer exactement le temps, tous les mouvements pouvant être accélérés ou ralentis », il reste que « l'écoulement du temps absolu est immuable ».

Le paramètre t qui figure dans les équations de la mécanique est ce temps uniforme, idéal.

Ce temps absolu, qui existe indépendamment des phénomènes qui durent, cet espace absolu qui existe indépendamment des phénomènes étendus sont plus que les cadres préparés par Dieu pour contenir le monde.

L'espace et le temps semblent bien être des attributs de Dieu lui-même, sa façon de percevoir (« sensorium dei ») et même d'être.

« Dieu dure toujours et est présent partout et en existant toujours et partout il constitue l'espace et le temps.

» "Si quelque esprit léger s'égare dans les vaines imaginations de temps antérieurs, et s'étonne que toi, Dieu tout-puissant, créateur et conservateur de toutes choses, architecte du ciel et de la terre, sois demeuré dans l'inaction pendant des siècles innombrables avant d'entreprendre ce merveilleux ouvrage, qu'il se réveille et ne s'étonne que de ses propres illusions.

Pouvaient-ils en effet s'écouler, ces siècles innombrables, que tu n'avais pas faits, ô mon seigneur, toi l'auteur et le créateur de tous les siècles ? Ou bien, qu'auraient pu être ces temps que tu n'aurais point créés ? Ou encore, comment se seraient-ils écoulés, s'ils n'avaient jamais été ? Puisque tu es le créateur de tous les temps, si l'on suppose quelque temps avant la création du ciel et de la terre, pourquoi dit-on que tu étais en repos ? Car ce temps même c'est toi qui en étais l'auteur, et les temps n'ont pu s'écouler avant que tu eusses fait le temps.

Si donc avant le ciel et la terre il n'existait aucun temps, pourquoi demander ce que tu faisais alors ? Il ne pouvait y avoir d'alors là où il n'y avait point de temps.

D'ailleurs, ce n'est point par le temps que tu précèdes les temps, autrement, tu ne serais pas avant tous les temps.

Mais tu précèdes tous les temps passés à hauteur de ton éternité toujours présente ; tu es au-dessus de tous les temps à venir, parce qu'ils sont à venir, et qu'à peine seront-ils venus, qu'ils seront passés ; « pour toi tu es toujours le même, et tes années ne s'évanouissent point (Psaume CI.).

Tes années ne vont ni ne viennent ; nos années, au contraire, vont et viennent, et que toutes se succèdent les unes aux autres. Toutes tes années sont immobiles, parce qu'elles existent toutes à la fois ; les unes ne sont pas poussées par les autres parce qu'elles ne passent pas ; au lieu que les nôtres ne seront toutes accomplies que lorsqu'elles ne seront plus.

Tes années ne sont qu'un jour, et ton jour n'est pas une suite de jours ; il est aujourd'hui, et ton aujourd'hui ne cède point la place à un lendemain ; car il ne succède pas à la veille.

Ton aujourd'hui, c'est l'éternité ; voilà pourquoi tu as engendré un Fils coéternel à toi, celui à qui tu as dit : Je t'ai engendré aujourd'hui.

(Psaume IL) Tu as fait tous les temps, et tu es avant tous les temps, et il n'y avait point de temps quand le temps n'était pas encore." Saint-Augustin Avez-vous compris l'essentiel ? 1 Qu'est-ce qui échappe au temps ? 2 Est-il légitime de se demander ce que faisait Dieu avant de créer le monde ? 3 Qu'est-ce qui définit essentiellement le temps et en quoi Dieu y échappe-t-il ? Réponses: 1 -Seul ce qui est éternel peut échapper au temps, ce qui n'est pas soumis à la contrainte et au changement.

Dieu par exemple, qui ne change jamais, ne devient pas, mais reste toujours ce qu'il est. 2 - Cette question est un non-sens.

Car le mot « avant » désigne lui-même un rapport temporel.

Dieu en créant le monde crée aussi le temps même.

Dieu n'existe pas « avant » le temps ou le monde.

II est toujours présent. 3 - Ce qui caractérise le temps, c'est la succession, le passage des instants.

L'Éternel ne connaît aucune succession.

Tout pour lui est simultané, présent, actuel.

C'est le perpétuel aujourd'hui. II Le temps comme manifestation Il est difficile de parler du temps sans parler de ses objets, cela semble même impossible.

Comment pouvons-nous le constater sans être témoins des objets sur lesquels il passe? Le temps n 'est il pas composé du passé, du présent et du futur (St augustin)? Mais par rapport à quoi? Même si je peux parler du temps comme concept pur et indépendant, ne puis je en faire l'expérience qu'à travers ses objets? "C'est un véritable prodige : l'instant, aussi vite arrivé qu'évanoui, aussitôt échappé du néant que rattrapé par lui, revient cependant comme un fantôme troubler la paix de l'instant ultérieur.

L'une après l'autre, les feuilles se détachent du registre du temps, tombent en virevoltant, puis reviennent soudain se poser sur les genoux de l'homme.

Celui-ci dit alors : "je me souviens et il envie l'animal qui oublie immédiatement, et voit réellement mourir chaque instant, retombé dans la nuit et le brouillard, à jamais évanoui.

L'animal en effet vit de manière non historique : il se résout entièrement dans le présent comme un chiffre qui se divise sans laisser de reste singulier, il ne sait simuler, ne cache rien et, apparaissant à chaque seconde tel qu'il est, ne peut donc être que sincère.

L'homme en revanche s'arc-boute contre la charge toujours plus écrasante du passé, qui le jette à terre ou le couche sur le flanc, qui entrave sa marche comme un obscur et invisible fardeau.

Ce fardeau, il peut à l'occasion affecter de le nier et, dans le commerce de ses semblables, ne le nie que trop volontiers afin d'éveiller leur envie.

Mais il s'émeut, comme au souvenir d'un paradis perdu, en voyant le troupeau à la pâture ou bien, plus proche et plus familier, l'enfant qui n'a pas encore un passé à nier et qui joue, aveugle et comblé, entre les barrières du passé et de l'avenir.

Il faudra pourtant que son jeu soit troublé, et on ne viendra que trop tôt l'arracher à son inconscience.

Il apprendra alors à comprendre le mot « c'était formule qui livre l'homme aux combats, à la souffrance et au dégoût, et lui rappelle que son existence n'est au fond rien d'autre qu'un éternel imparfait.

Lorsque enfin, la mort apporte l'oubli désiré, elle supprime également le présent et l'existence, scellant ainsi cette vérité, qu' ”être" n'est qu'un continuel ,"avoir été" une chose qui vit de se nier et de se consumer, de se contredire elle-même.

[...] Il est toujours une chose par laquelle le bonheur devient le bonheur : la faculté d'oublier ou bien, en termes plus savants, la faculté de sentir les choses, aussi longtemps que dure le bonheur, en dehors de toute perspective historique.

Celui qui ne sait pas s'installer au seuil de l'instant, en oubliant tout le passé, celui qui ne sait pas, telle une déesse de la victoire, se tenir debout sur un seul point, sans crainte et sans vertige, celui-là ne saura jamais ce qu'est le bonheur, pis encore : il ne fera jamais rien qui rende les autres heureux." NIETZSCHE Avez-vous compris l'essentiel ? 1 Comment le passé peut-il en quelque sorte rester présent ? 2 La persistance du passé est-elle une bonne chose ? 3 L'oubli est-il une simple défaillance de la mémoire ? Réponses: 1 - Par le souvenir.

Cette actualisation est l'opération de la mémoire. 2 - En un sens oui.

Garder mémoire du passé est ce qui distingue l'homme et lui donne une dignité à laquelle l'animal ne participe pas.

Mais ce passé est aussi un poids qui prive l'homme d'une innocence qu'il souhaiterait parfois avoir. 3 - Pas seulement.

Il exige souvent un effort.

Loin d'être une simple déperdition passive, il est un acte positif, nous ouvrant à la nouveauté, dont dépend à vrai dire le bonheur véritable, pour l'homme.. »

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