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Le sentiment esthétique ?

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« Le sentiment esthétique est le fait d'éprouver un plaisir particulier : en ce qu'il ne se rattache à aucun avantage présent ou futur pour le sujet qui l'éprouve, il est désintéressé.

Difficile à cerner, matière à controverse, il est un défi à l'explication rationnelle.

C'est d'ailleurs sous le signe de l'irrationalité qu'il est mis en avant par Platon, sous la forme de l'enthousiasme, c'est-à-dire, au sens premier, d'une révélation qui ne passe pas par la raison mais qui est l'oeuvre d'un dieu.

L'enthousiasme suscité par l'oeuvre d'art étant véritablement conçu comme une inspiration divine, le sujet s'y efface devant un ordre de réalité supérieur.

Cependant, s'il y a vraiment ravissement par un dieu, ce n'est pas en tant que théologien que Platon recourt à cette explication.

La notion d'enthousiasme souligne en même temps qu'elle essaie de la surmonter la difficulté de penser l'action propre de l'oeuvre d'art, alors que l'on ne peut éviter de la constater. C'est au contraire à l'intérieur du sujet pensant lui-même que Kant trouvera de quoi rendre compte de cette expérience : c'est lui, si l'on excepte son prédécesseur, Baumgarten, qui fondera l'esthétique proprement dite.

Toutefois, le sens généralement accordé à ce terme aujourd'hui est quelque peu différent de celui dans lequel l'entend Kant.

Par esthétique on désigne une réflexion sur l'art, ou, dans un emploi encore plus courant mais peu précis, l'esthétique désigne la beauté d'un objet quelconque.

L'esthétique, qui vient du grec aisthésis, qui signifie sensation, désigne pour Kant l'étude du sentiment du beau et du jugement d'appréciation relatif au beau.

Cette étude est donc tout entière centrée sur le sujet qui l'éprouve et le jeu de ses facultés.

D'un autre côté, le sentiment du beau peut très bien exister devant le spectacle de la nature.

Il faut alors se demander si le sentiment de la beauté inspiré par la nature est identique à celui que suscitent les oeuvres d'art. D'autre part, si l'on s'en tient à l'idée que la subjectivité est la seule voie vers la beauté et qu'en tout état de cause elle est le seul guide dans l'appréciation d'une oeuvre d'art, on peut se trouver devant la difficulté du relativisme, qui, parce que le jugement esthétique est subjectif, l'assimile à l'arbitraire, aucune opinion dans ce domaine ne pouvant alors s e prétendre plus légitime qu'une autre.

La juxtaposition d'appréciations diverses et indifférentes en découle.

Nous verrons comment Kant ou Platon nous invitent à penser qu'il y a dans l'expérience du beau autre chose que l'expression d'une aussi vaine liberté. Précisons.

Pour Kant, « Est beau ce qui plaît universellement sans concept ». « Ce qui plait universellement »: Le fait que cette satisfaction soit universelle, valable pour tous découle de la première définition.

En effet nous avons vu qu'être sensible à la beauté relève d'une sensibilité purifiée de la convoitise, de la crainte, du désir, du confort ...

bref de tous les intérêts particuliers.

Ce plaisir éprouvé n'est donc pas celui d'un sujet enfermé dans sa particularité et ce dernier peut à juste titre dire: « c'est beau », comme si la beauté était dans l'objet.

Il peut légitimement s'attendre à ce que tout autre éprouve l a m ê m e satisfaction. « sans concept »: « L'assentiment universel est seulement une Idée ».

Il n'y a pas de preuve pratique ou conceptuelle de la beauté.

On juge et on sent que cette musique ou cette montagne sont belles mais on ne peut le prouver.

Il n'y a pas de règles a priori du beau.

En langage kantien, le sujet esthétique n'est pas législateur.

En science le sujet légifère, retrouve dans la nature les règles nécessaires, universelles qu'il y a mises pour connaître quelque chose.

En art le sujet ne peut légiférer car le jugement porte sur un objet singulier, telle fleur, telle œuvre musicale.

S' il veut trouver quelque chose d'universel dans cette rose-ci, il faudra qu'il l'envisage sous l'aspect du règne végétal ou de la fleur en général; s'il veut trouver quelque chose d'universel dans une musique, il faudra qu'il l'envisage sous l'angle des règles de composition.

Il aura des concepts mais point d e beauté: « quand on juge des objets simplement par concepts toute représentation de la beauté se perd ».

C'est ce qui peut arriver quand un traque d'art explique un poème...

Comme la beauté est toujours saisie Cette difficulté n'est qu'apparente si, comme Hegel nous invite à le penser, nous considérons qu'il y a, au fondement du sentiment esthétique, une réalité objective.

Le beau artistique opposé au beau naturel est porteur d'un contenu spirituel que la nature ne saurait recéler. HEGEL: Cet ouvrage est consacré à l'esthétique, c'est-à-dire à la philosophie, à la science du beau, plus précisément du beau artistique, à l'exclusion du beau naturel.

Pour justifier cette exclusion, nous pourrions dire, d'une part, que toute science est en droit de se tracer les limites qu'elle veut ; mais, d'autre part, ce n'est pas en vertu d'une décision arbitraire que la philosophie a choisi pour objet le seul beau artistique. Ce qui serait de nature à faire trouver dans l'exclusion du beau naturel une limitation arbitraire, c'est l'habitude que nous avons, dans la vie courante, de parler d'un beau ciel, d'un bel arbre, d'un homme beau, d'une belle démonstration, d'une belle couleur, etc.

Il nous est impossible de nous lancer ici dans l'examen de la question de savoir si l'on a raison de qualifier de beaux des objets de la nature, tels que le ciel, le son, la couleur, etc., si ces objets méritent en général cette qualification et si, par conséquent, le beau naturel doit être placé sur le m ê m e rang que le beau artistique.

D'après l'opinion courante, la beauté créée par l'art serait même bien audessous du beau naturel, et le plus grand mérite de l'art consisterait à s e rapprocher, dans ses créations, du beau naturel [...].

Mais nous croyons pouvoir affirmer, à l'encontre d e cette manière d e voir, que le beau artistique est supérieur au beau naturel, parce qu'il est un produit de l'esprit.

L'esprit étant supérieur à la nature, sa supériorité se communique également à ses produits et, par conséquent, à l'art [..].

Tout ce qui vient de l'esprit est supérieur à ce qui vient de la nature.

La plus mauvaise idée qui traverse l'esprit d'un homme est meilleure et plus élevée que la plus grande production de la nature, et cela justement parce qu'elle participe de l'esprit et que le spirituel est supérieur au naturel. Avez-vous compris l'essentiel ? 1 L'esthétique traite-t-elle de toutes les manifestations de la beauté ? 2 Faut-il établir une hiérarchie entre la beauté naturelle et la beauté produite par l'art ? 3 Les choses naturelles pourraient-elles naître de l'esprit ? Réponses: 1 - Non, car l'esthétique se limite à la beauté artistique, c'est-à-dire produite par l'art.

Elle ne considère donc ni la beauté naturelle, ni la beauté des objets artisanaux ou techniques. 2 - Oui, il faut établir une hiérarchie, la beauté artistique étant supérieure à la beauté naturelle, car elle est un produit de l'esprit. 3 - Non, parce que les choses naturelles ne résultent pas d'une réflexion ou d'une pensée, mais de l'action mécanique de facteurs inconscients, de forces aveugles. C'est pourquoi, critiquant l'attention exclusive portée aux conditions subjectives de la reconnaissance du beau, Hegel envisage la question de la formation du goût.

L'art s'adresse au sensible, et des raisons objectives de ressentir et de juger peuvent apparaître à la faveur d'une culture qui peut du moins éclairer certaines conditions du jugement de goût.

Mais l'esthétique philosophique demande davantage : l'art n'est décidément pas qu'une affaire de goût et, au-delà du sensible, il faut comprendre le sens des oeuvres d'art.. »

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