Aide en Philo

Le progrès technique nous rend-il plus libre ?

Extrait du document

« Ici on vous interroge sur le lien entre technique et liberté.

En un premier sens, la technique nous donne un certain pouvoir sur nous-mêmes et sur les choses et nous permet de faire ce que nous voulons.

Grâce à la technique nous réalisons nos projets.

De plus, la technique, définie comme activité de transformation de la nature aux moyens d'outils et de méthode, nous arrache au monde de l'animalité puisqu'elle nous permet de nous réaliser comme être de conscience.

Elle suppose donc le passage de la nature à la culture.

Ici, vous pouvez penser à la célèbre formule de Descartes dans le discours de la méthode lorsqu'il dit que grâce au développement de la technique nous allons pouvoir nous rendre « comme maîtres et possesseurs de la nature ».

Vous trouverez l'extrait sous la rubrique « Textes » du site.

Pour autant, avec la technique moderne, on s'aperçoit que l'homme peut transformer la technique en un outil de mort ou de pollution, comme si la technique devenait dangereuse, n'étant pas toujours au service de fins moralement bonne.

En effet, il faut revenir sur le « comme » que Descartes énonce : l'homme ne peut pas devenir « maître et possesseur » mais « comme maître et possesseur ».

Demandez-vous ce qui constitue ici la différence.

Ce qui suppose alors que si la technique accroît notre liberté, notre liberté est aussi de limiter dans certains cas la technique.

Comment définir alors cette liberté ? En outre, vous pouvez constater que le développement de la technique produit des besoins.

Dans ces conditions, ne devenons-nous pas aussi esclaves à cause de la technique ? Le mythe de Prométhée Dans un dialogue intitulé Protagoras, Platon évoque le mythe de Prométhée.

De tous les animaux, l'homme étant le plus démuni, Prométhée a volé aux dieux le feu et les techniques lui permettant d'avoir un pouvoir sur la nature. Prométhée sera puni par Zeus.

Mais en tout cas, il aura donné aux hommes les techniques grâce auxquelles ils ont pu améliorer leur vie et accroître leur longévité et leur liberté.

La technique libère l'homme de la nécessité et le fait sortir de la condition animale. « Il fut jadis un temps où les dieux existaient, mais non les espèces mortelles.

Quand le temps que le destin avait assigné à leur création fut venu, les dieux les façonnèrent dans les entrailles de la terre d'un mélange de terre et de feu et des éléments qui s'allient au feu et à la terre.

Quand le moment de les amener à la lumière approcha, ils chargèrent Prométhée et Épiméthée de les pourvoir et d'attribuer à chacun des qualités appropriées.

Mais Épiméthée demanda à Prométhée de lui laisser faire seul le partage.

« Quand je l'aurai fini, dit-il, tu viendras l'examiner.

» Sa demande accordée, il fit le partage, et, en le faisant, il attribua aux uns la force sans la vitesse, aux autres la vitesse sans la force ; il donna des armes à ceux-ci, les refusa à ceux-là, mais il imagina pour eux d'autres moyens de conservation [...].

Ces mesures de précaution étaient destinées à prévenir la disparition des races.

[...] cependant Epiméthée, qui n'était pas très réfléchi, avait, sans y prendre garde, dépensé pour les animaux toutes les facultés dont il disposait et il lui restait la race humaine à pourvoir, et il ne savait que faire.

Dans cet embarras, Prométhée vient pour examiner le partage ; il voit les animaux bien pourvus, mais l'homme nu, sans chaussures, ni couverture, ni armes, et le jour fixé approchait où il fallait l'amener du sein de la terre à la lumière.

Alors Prométhée, ne sachant qu'imaginer pour donner à l'homme le moyen de se conserver, vole à Héphaistos et à Athéna la connaissance des arts avec le feu ; car, sans le feu, la connaissance des arts était impossible et inutile ; et il en fait présent à l'homme.

l'homme eut ainsi la science propre à conserver sa vie ; mais il n'avait pas la science politique ; celle-ci se trouvait chez Zeus, et Prométhée n'avait plus le temps de pénétrer dans l'acropole que Zeus habite et où veillent d'ailleurs des gardes redoutables.

» Platon, « Protagoras ». Dans ce dialogue de Platon, le personnage de Protagoras (célèbre sophiste) fait le récit du mythe de la situation originelle de l'homme.

Dépourvu de tout, nu et sans défense, celui-ci est à la merci d'une nature hostile et peu prodigue à son égard.

Chargé par les dieux de distribuer des qualités spécifiques à chaque animal, Prométhée accepte de déléguer cette mission à son frère Epiméthée qui, dans son empressement, oublie l'homme.

Pour éviter que ce dernier ne disparaisse et pour réparer l'étourderie d'Epiméthée, Prométhée dérobe le feu à Héphaïstos et la connaissance des arts à Athéna pour en faire présent à l'homme.

Mais les Dieux en sont irrités et punissent Prométhée pour sa forfaiture.

Les leçons de ce mythe sont très nombreuses.

D'abord, on peut remarquer que sans les arts et le feu (c'est-à-dire sans la technique), l'homme est dans un état de dénuement total.

Comparativement aux animaux, il ne dispose en effet d'aucun "outil naturel" : pas de bec, pas de crocs, pas de fourrure, pas de venin, pas d'agilité à la course… L'homme est donc contraint, sous peine de disparaître, de pallier la faiblesse de sa condition par l'usage d'outils et d'artifices divers.

La technique se donne par conséquent, d'abord, comme une nécessité vitale à laquelle nous devons notre survie et notre arrachement à la nature ainsi que notre spécificité.

Mais dans le mythe, il faut rappeler que les dieux punissent Prométhée et ce n'est pas seulement le vol qu'ils sanctionnent parce que celui-ci s'apparente plus fondamentalement à un viol : Prométhée a donné à l'homme le moyen d'être une sorte de dieu lui-même, un rival inattendu.

Par le développement des arts et des techniques, l'homme dispose d'un pouvoir extraordinaire.

Alors, le cadeau est peut-être empoisonné : ce pouvoir, l'homme peut-il le maîtriser ? Ce à quoi il doit sa survie ne risque-t-il pas de préparer paradoxalement sa disparition ? Si la technique est d'origine divine, elle procure un grand pouvoir, une immense responsabilité, et elle peut aussi se retourner contre ceux qui ne sont pas conscients des dangers qu'elle engendre. Si la technique est dangereuse, c'est qu'elle en arrive à confronter les unes aux autres des lois et les mécanismes naturels incompatibles entre eux.

Souvenons-nous d'Aristote ; «en « prolongeant » la nature, la technique l'emmène peut-être un peu trop loin, parce que, même si la fission atomique qui est le principe des bombes nucléaires est naturelle, la nature ne produit pas spontanément des bombes.

Dans le mythe du « Protagoras », Platon donnait d'ailleurs à la technique ce premier éclairage : Epiméthée, chargé de distribuer aux espèces mortelles les atouts et les qualités, avait été trop prodigue avec les autres espèces, ce qui fait que plus rien ne restait pour l'homme.

voulant réparer l'oubli, Prométhée subtilise à Héphaistos et Athéna le feu et la connaissance des arts, ce pour quoi il sera puni par Zeus, comme s'il fallait comprendre que ce faisant il avait commis quelque acte répréhensible : avoir donné aux hommes le moyen d'aller trop loin. Technique et loisir "Quand on fait le procès du machinisme, on néglige le grief essentiel.

On l'accuse d'abord de réduire l'ouvrier à l'état de machine, ensuite d'aboutir à une uniformité de production qui choque le sens artistique. Mais si la machine procure à l'ouvrier un plus grand nombre d'heures de repos, et si l'ouvrier emploie ce supplément de loisir à autre chose qu'aux prétendus amusements qu'un industrialisme mal dirigé a mis à la portée de tous, il donnera à son intelligence le développement qu'il aura choisi, au lieu de s'en tenir à celui que lui imposerait, dans des limites toujours restreintes, le retour (d'ailleurs impossible) à l'outil, après suppression de la machine.

Pour ce qui est de l'uniformité de produit, l'inconvénient en serait négligeable si l'économie de temps et de travail, réalisée ainsi par l'ensemble de la nation, permettait de pousser plus loin la culture intellectuelle et de développer les vraies originalités." BERGSON. Ce texte de Bergson vise à formuler un jugement nuancé sur le machinisme.

Son thème porte sur les avantages et désavantages comparés de la machine et de l'outil, du point de vue de l'épanouissement humain. Le problème posé dans le texte est le suivant : n'y a-t-il pas, contrairement aux idées reçues, une supériorité, de ce point de vue, de la machine sur l'outil ? La thèse de Bergson est que cette supériorité est bien réelle, parce que le machinisme libère du temps dans la vie de l'ouvrier, lui permettant de se consacrer à des activités moins aliénantes. L'enjeu présent dans ce texte est de savoir si la civilisation du machinisme est compatible avec la liberté et la dignité humaine. A - IDEE DIRECTRICE (cf.

ci-dessus) ET ARTICULATIONS DU TEXTE. Le texte procède selon trois moments. Un premier moment (jusqu'à "sens artistique") détaille les deux reproches que l'on adresse habituellement au machinisme : d'abord, transformer en machine l'utilisateur d'une machine. Ensuite, briser l'inventivité de l'ouvrier, en lui faisant produire des objets identiques les uns aux autres. Les deuxièmes et troisièmes moments répondent à ces faux reproches.

Le seul vrai reproche en effet, est pour Bergson que la production massive d'objets grâce aux machines pousse les hommes à une consommation inutile, c'est-à-dire au luxe. La raison de l'invalidité du premier reproche est la suivante (deuxième moment) : Le temps libre ("heures de repos") permis par le machinisme donne à l'ouvrier la possibilité de libérer son esprit des contraintes de la matière, et ainsi de retrouver au fond de lui-même la faculté de " choix " que le travail sur machine lui a fait oublier. Ce choix se portera spontanément selon Bergson, sur des potentialités de son intelligence autres que celles sollicitées pour faire fonctionner sa machine. De là, Bergson conclut à l'infériorité de la civilisation de l'outil : l'homme est plus inventif quand il use d'outils, mais il y passe plus de temps , et laisse ainsi en friche des potentialités qui pourtant lui appartiennent. Bergson aperçoit cependant les limites de son argument : l'"industrialisme" suscite plutôt l'"amusement", c'est-à-dire l'utilisation récréative des objets que l'ouvrier lui-même a produit, plutôt qu'il ne suscite un authentique geste de liberté. Mais la faute en revient, précise Bergson, moins au machinisme, qu'à la politique du développement industriel, qui est "mal dirigée". La raison de l'invalidité du deuxième reproche est la suivante (troisième moment de "pour ce qui est" à la fin du texte) : L'uniformité des produits machiniques n'a pas d'effet sur l'esprit humain, à condition que les hommes usent de leur temps libre pour épanouir leur originalité profonde. La technique transforme la vie de l'homme pour mieux le libérer Pour Marx, la machine est un instrument du progrès qui permet de libérer le travailleur de certaines tâches et, à terme, de lui offrir des loisirs.

La machine travaille vite, produit plus, l'ordinateur me libère de tâches fastidieuses, la voiture me dispense d'effectuer des trajets qui, au siècle dernier encore, auraient pris des jours.

Le temps gagné est autant de temps que je peux consacrer à ma liberté. «Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l'homme et la nature.

L'homme y joue lui-même vis-à-vis de la nature le rôle d'une puissance naturelle.

Les forces dont son corps est doué, bras et jambes, tête et mains, il les met en mouvement, afin de s'assimiler des matières en leur donnant une forme utile à sa vie.

En même temps qu'il agit par ce mouvement sur la nature extérieure et la modifie, il modifie sa propre nature, et développe les facultés qui y sommeillent.

Nous ne nous arrêterons pas à cet état primordial du travail, où il n'a pas encore dépouillé son mode purement instinctif.

Notre point de départ c'est le travail sous une forme qui appartient exclusivement à l'homme.

Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l'abeille confond par la structure de ses cellules de cire l'habileté de plus d'un architecte.

Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans sa ruche.

Le résultat auquel le travail aboutit, préexiste idéalement dans l'imagination du travailleur.

Ce n'est pas qu'il opère seulement un changement de forme dans les matières naturelles ; il y réalise du même coup son propre but dont il a conscience, qui détermine comme loi son mode d'action, et auquel il doit subordonner sa volonté.

Et cette subordination n'est pas momentanée.

L'oeuvre exige pendant toute sa durée, outre l'effort des organes qui agissent, une attention soutenue, laquelle ne peut elle-même résulter que d'une tension constante de la volonté.

Elle l'exige d'autant plus que, par son objet et son mode d'exécution, le travail entraîne moins le travailleur, qu'il se fait moins sentir à lui, comme le libre jeu de ses forces corporelles et intellectuelles ; en un mot qu'il est moins attrayant.

» Marx, « Le Capital »,I,3 ième section, chapitre 7. Commentaire. Les premières lignes du texte soulignent le caractère formateur du travail pour l'humanité.

En produisant ses conditions de vie, l'homme se produit lui-même., il devient véritablement humain. Marx définit ensuite le travail, en le comparant à l'activité animale.

Si le travail humain s'en distingue, ce n'est pas par la qualité du produit (les cellule de l'abeille sont parfaites), mais par la nature de l'activité elle-même. Le travail est une transformation consciente de la nature.

Autrement dit travailler suppose l'existence préalable d'un projet à réaliser.

Il en résulte premièrement que le produit du travail est l'extériorisation ou objectivation d'une intention humaine ; deuxièmement que c'est cette intention qui impose au travailleur les gestes à accomplir et les techniques à utiliser. L'existence d'un projet contraint le travailleur.

Il n'agit pas au hasard mais pour réaliser ce qu'il a en tête.

Ses forces intellectuelles et corporelles ne sont pas mises en oeuvre librement, mais dans un but déterminé.

C'est en ce. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles