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Le progrès technique ne pose-t-il de problèmes qu'au technicien ?

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« La technique désigne un ensemble de procédés qui permet de réaliser un but défini par l'homme.

Le développement fulgurant des techniques pose aujourd'hui des problèmes à la civilisation : ne prenons comme exemple que le clonage.

La brebis Dolly ne pose-t-elle de problèmes qu'au technicien ? Lorsque le progrès technique soulève une interrogation, n'y a-t-il que le technicien pour fournir une réponse valable ? Bref, le progrès technique ne pose-t-il que des problèmes techniques ? [I - Le progrès technique pose des questions techniques auxquelles le technicien peut répondre] "Si chaque instrument était capable, sur une simple injonction, ou même pressentant ce qu'on va lui demander, d'accomplir le travail qui lui est propre, (...) alors, ni les chefs d'artisans n'auraient besoin d'ouvriers, ni les maîtres d'esclaves." Aristote, La Politique, 384-322 av.

J.-C. Aristote envisage un état de la technique où le travail pourrait être fait par des machines.

N'est-ce pas en partie le cas du monde moderne ? Mais à la différence des citoyens libres d'Athènes, les hommes d'aujourd'hui ont une conception de la vie où le travail occupe une place essentielle.

Si les Grecs de l'Antiquité avaient disposé de moyens techniques suffisants, il est fort probable qu'ils auraient conçu une société où les machines auraient remplacé les esclaves (les outils).

La finalité du travail aurait eu dès lors un tout autre sens. "Celui qui par nature ne s'appartient pas mais qui est l'homme d'un autre, celui-là est esclave par nature ; et est l'homme d'un autre celui qui, tout en étant un homme, est un bien acquis, et un bien acquis c'est un instrument en vue de l'action et séparé de celui qui s'en sert. Il faut examiner s'il existe ou non quelqu'un qui soit ainsi par nature, s'il est meilleur et juste pour quelqu'un d'être esclave, ou si cela ne l'est pas, tout esclavage étant contre nature.

Or (le problème) n'est pas difficile, la raison le montre aussi bien que les faits l'enseignent.

Car commander et être commandé font partie non seulement des choses indispensables, mais aussi des choses avantageuses.

Et c'est dès leur naissance qu'une distinction a été opérée chez certains, les uns devant être commandés, les autres commandant. (...) La nature veut marquer dans les corps la différence entre hommes libres et esclaves : ceux des seconds sont robustes, aptes aux travaux indispensables, ceux des premiers sont droits et inaptes à de telles besognes, mais adaptés à la vie politique (laquelle se trouve partagée entre les tâches de la guerre et les tâches de la paix).

Pourtant le contraire, aussi, se rencontre fréquemment : tels ont des corps d'hommes libres, tels en ont l'âme.

Il est, en effet, manifeste que si les hommes libres se distinguaient par le corps seul autant que les images des dieux, tout le monde conviendrait que les autres mériteraient de les servir comme esclaves.

Et si cela est vrai du corps, une telle distinction est encore plus juste appliquée à l'âme.

Mais il n'est pas aussi facile d'apercevoir la beauté de l'âme que celle du corps." ARISTOTE. La société grecque, dans laquelle vit Aristote, est esclavagiste.

Pour lui comme pour la plupart de ses contemporains, l'esclavage va de soi.

Il explique ici que la différence de statut entre les hommes libres et les esclaves tient à une différence de nature entre les hommes. L'esclave est défini par Aristote d'une part comme celui qui appartient à un autre (un « bien acquis »), d'autre part comme celui qui est « un instrument en vue de l'action », la différence entre l'esclave et l'outil étant alors que le premier est un instrument animé. La question posée est de savoir si l'esclavage est « par nature » ou « contre nature ».

Aristote répond que l'esclavage est naturel, en ce sens qu'il est raisonnable (« la raison le montre...

») et juste — la justice se définissant pour Aristote non comme le respect de droits individuels, mais comme une juste répartition des fonctions à l'intérieur d'une société. Il est en effet socialement avantageux qu'il y ait des gens qui commandent. »

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