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Le problème de la nature humaine ?

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« Par nature, on entend, au sens premier et immédiat du terme, tout ce qui est : les plantes, les animaux... l'univers.

Mais, en un sens plus philosophique, on entend par nature, ce qu'une chose ou un être est fondamentalement, par-delà son apparence particulière.

On parle ainsi de nature humaine.

On désigne par là un ensemble de caractères physiques et moraux qui seraient innés, propres à l'espèce humaine et que l'on retrouveraient chez tous les individus.

Le naturel en l'homme s'opposerait ainsi à ce qui est acquis (par la coutume, la vie, la société, la civilisation). 1.

Le problème de la nature humaine A.

L'essentialisme L'essentialisme est une position qui affirme l'existence d'une nature humaine (nature prise au sens d'essence).

Ainsi, pour le spiritualisme chrétien classique, toute existence présuppose une essence.

La Nature, l'homme ne peuvent se comprendre que lorsqu'on remonte à un être transcendant.

Dieu a pensé l'homme à la manière d'un ébéniste qui conçoit la table avant de la construire et cette pensée divine de l'homme, c'est la nature ou l'essence humaine.

La création, c'est l'existence donnée à cette pensée.

L'essence, chez l'homme, est donc préalable à l'existence.

En Dieu seul, l'existence est inséparable de l'essence.

Il est dans la nature de Dieu d'exister.

Dieu est sa propre cause. Il est celui qui a créé et qui donc explique, fonde et justifie l'homme et le monde. Cette idée que l'essence précède l'existence ou que l'homme avant de naître a une nature ou une essence toute fixée n'est pas l'apanage exclusif des spiritualistes chrétiens.

On la retrouve, dit Jean-Paul Sartre, chez les philosophes athées du XVIII' siècle : «Dans l'athéisme des philosophes, la notion de Dieu est supprimée, mais non pas pour autant l'idée que l'essence précède l'existence.

Cette idée nous la retrouvons un peu partout : chez Diderot, chez Voltaire et même chez Kant.

» Pour les philosophes, dit Sartre, « l'homme est possesseur d'une nature humaine; cette nature humaine, qui est le concept humain, se retrouve chez tous les hommes, ce qui signifie que chaque homme est un exemple particulier du concept universel, l'homme». B.

L'homme n'a pas de nature mais il a, ou plutôt il est une histoire 1.

L'homme est le produit d'une évolution Cette conception d'une essence humaine préalable est intenable devant les progrès de l'anthropologie et des sciences humaines.

Depuis le XIX siècle, les sciences biologiques ont établi de façon définitive et irréversible l'origine animale de l'homme.

En 1859, Darwin publie L'origine des espèces.

Dans cette oeuvre, il retrace l'évolution de la vie depuis l'animal unicellulaire, en passant par les poissons, les amphibies, les mammifères et les hommes primitifs, jusqu'aux « homini sapientes », c'est-à-dire aux hommes tels que nous les connaissons aujourd'hui. Cette théorie de l'évolution remet en cause le dogme de la création en six jours ainsi que celui de la création instantanée de l'âme.

L'homme n'a pas d'essence préalable, il n'est pas tout donné au départ mais il est le produit d'une évolution. 2.

L'homme s'est produit lui-même dans l'histoire à partir de la nature Pendant longtemps a prévalu une conception cérébraliste de l'hominisation.

L'idée était claire : le passage du singe à l'homme s'était effectué par un simple grossissement du cerveau.

Au XXe siècle, l'hypothèse de l'homme-singe prend fin et les progrès des sciences de l'homme nous permettent de comprendre le passage de l'animalité à l'humanité non pas comme un simple processus de cérébralisation mais comme un processus plus complexe dans lequel le travail a joué un rôle fondamental.

On doit à A.

Leroi-Gourhan d'avoir montré dans Le geste et la parole que c'est avant tout l'organisation corporelle de l'homme qui lui a permis d'utiliser des outils.

L'homme ne se différencie pas d'abord de l'animal par la pensée mais par ses caractéristiques physiques.

Le premier critère biologique de l'humanité et le plus important de tous, c'est la station verticale qui a pour conséquence la libération de la main : « La liberté de la main permet une activité technique différente de celle des singes et sa liberté pendant la locomotion alliée à une face courte et sans canines offensives commande l'utilisation des organes officiels que sont les outils.

» On sait que les grands singes utilisent ce qui semble avoir une fonction comparable à l'outil dans leur activité de chasse ou de protection contre les prédateurs.

Par exemple, un chimpanzé est capable de se servir d'une branche d'arbre qu'il aura pris soin d'effeuiller préalablement pour recueillir des termites ou des fourmis au fond de leur trou. De la même manière, un castor est capable de fabriquer ce qui ressemble à nos barrages sur les rivières...

Pour Leroi-Gourhan, il y a une différence de nature et pas seulement de degré entre la capacité humaine à inventer des outils et ce qui s'apparente plutôt chez l'animal à un simple détournement d'objet: " La fabrication et l'usage du biface relèvent d'un mécanisme très différent, puisque les opérations de fabrication préexistent à l'occasion d'usage et puisque l'outil persiste en vue d'actions ultérieures.

" Le biface, c'est la pierre taillée la plus primitive que l'on connaisse en paléontologie.

Mais il révèle déjà une pensée et pas seulement un instinct.

Les opérations de fabrication préexistent à l'usage de l'objet : autrement dit, l'homme fabrique d'abord le biface dans sa tête avant de passer à l'acte avec le silex.

Par ailleurs, il y a conservation de cet outil, ce qui signifie que l'homme sait qu'il va pouvoir s'en servir ultérieurement. Et c'est par le travail — rendu possible par la préhension de l'outil — que l'homme s'est produit lui-même dans l'histoire à partir de la nature.

En transformant la Nature, l'homme s'éloigne de son animalité originelle, il transforme sa propre « nature ».

Ainsi le langage apparaît originellement comme l'un des moyens nécessaires du travail.

Comme l'outil, la parole est un intermédiaire.

Elle opère un décalage entre l'intention et l'action.

Ainsi, par exemple, pour couper un objet l'homme prépare une lame tranchante au lieu de s'attaquer directement à l'objet.

De même, au lieu. »

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