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Le présent existe-t-il ?

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« Introduction : Le présent est le premier terme qui peut surprendre dans ce sujet.

Si nous avions à le définir, nous le considérerions d'abord comme une partie du temps.

Généralement, le temps étant défini en trois parties (passé, présent, avenir) le présent serait un moment déterminé du temps.

A partir de là, la question semble d'avance résolue : le présent existerait comme le passé et le futur existent également.

Or, rapidement, nous pouvons nous rendre compte que le passé, comme son nom l'indique, n'existe plus.

Tout au plus se retrouve -t-il par bribes à travers la mémoire.

Il reste néanmoins impossible à revivre.

De la même façon, l'avenir lui, n'existe pas non plus, puisqu'il n'a pas encore eu lieu.

Or, si, ni passé, ni avenir n'existent véritablement, en quoi le présent lui, pourrait-il exister ? Nous pourrions bien dire que lui aussi tend toujours à nous échapper et que donc nous ne pouvons pas non plus lui conférer une primauté quelconque.

Il ressemble plutôt à un mouvement qu'à quelque chose de bien déterminé que nous pourrions cerner et définir.

Cependant, la notion d'existence, qui est aussi présente dans ce sujet, peut à son tour cacher une ambiguïté.

Si nous pouvons dire de quelque chose que cela existe au sens où cela est (il existe tel concours, telle situation possible…), nous pouvons également opposer essence et existence. L'essence serait ce qui pourrait être cerné et défini, alors que l'existence serait justement ce qui s'accomplit à travers des possibles, ce qui se construit à chaque instant.

Or, le présent n'est-il définissable autrement que par la saisie que nous en avons ? I/ Seul le présent existe "Qu'est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais ; mais si on me le demande et que je veuille l'expliquer, je ne le sais plus." Nous savons que le temps existe par l'expérience du passage.

C'est parce que tout ce qui est, passe, qu'il y a du passé.

C'est parce que tout arrive, que nous savons qu'il y a du futur.

Et c'est parce que les choses sont, qu'il y a un moment présent.

Le temps est ainsi composé de trois moments : passé, présent, futur.

Et pourtant, ni le passé ni le futur ne "sont" : le passé n'est plus et l'avenir n'est pas encore.

Il n'y aurait donc de réel dans le temps que le seul moment présent.

Mais si le présent restait toujours du présent, s'il n'allait pas rejoindre le passé, ce ne serait plus du temps, mais de l'éternité.

Le présent lui-même a une existence paradoxale.

Pour être du temps, il doit rejoindre le passé, et il n'est donc qu'à la condition de cesser d'être : "Si bien que ce qui nous autorise à affirmer que le temps est, c'est qu'il tend à n'être plus." Il nous est pourtant possible d'anticiper parfois ce qui adviendra à l'avenir.

Cette anticipation prouve que le futur n'est pas un pur non-être.

De même, si l'on est toujours capable de se souvenir de ce qui a été, c'est que le passé ne sombre pas dans le néant, et qu'il continue en quelque manière d'exister.

Tant qu'il nous reste présent à l'esprit, le passé existe encore.

S'il est impossible de localiser le passé et le futur - on sait simplement qu'ils ne sont pas là, puisqu'ils ne sont pas présents - on peut dire néanmoins qu'ils participent d'une certaine manière au présent.

Quand on raconte le passé, la mémoire ne produit pas les choses mêmes, mais les mots attachés à leurs images, celles-ci s'imprimant dans notre sensibilité au moment où a lieu l'événement.

Ce sont les images que l'on conserve qui sont représentées, et non les choses passées.

Le futur existe lui aussi en quelque manière par la préméditation de nos actes, que nous pouvons réaliser si nous le voulons.

Nous ne voyons pas l'avenir parce qu'il n'est pas encore, mais nous en détenons au moment présent ses signes avant-coureurs. Le présent semble nous échapper constamment lorsque nous cherchons à le définir.

Nous ne parvenons pas à le déterminer suffisamment pour pouvoir l'identifier comme quelque chose de durable et de précis.

Prenons le passé par exemple : nous pouvons le définir comme « ce qui est fini et irréversible ».

L'avenir, quant à lui, est ce qui n'a pas encore eu lieu, ce qui n'est pas encore.

Autrement dit, l'être du passé comme de l'avenir est bien de …ne pas être.

Comment dès lors caractériser ce qui est, ce qui a lieu, ce qui se passe, si ce n'est par le présent ? Nous devons accorder une primauté ontologique au présent : seul temps qui soit véritablement.

Seulement, notre saisie du présent n'est jamais définitive dans la mesure où à peine avons-nous prononcé que « ceci est le présent » qu'il est déjà passé.

Il échappe à toute saisie conceptuelle de son essence.

Nous pouvons ici nous rapprocher des célèbres analyses à ce sujet que nous donne St Augustin dans ses Confessions.

« Je sais que si rien ne se passait, il n'y aurait pas de temps passé, et si rien n'advenait, il n'y aurait pas d'avenir, et si rien n'existait, il n'y aurait pas de présent.

» L'existence n'est donc pas qu'un simple attribut du présent.

C'est justement parce qu'il existe quelque chose plutôt que rien que nous nommons cela le présent.

Quel est cependant le mode bien singulier d'existence du présent ? « S'il était toujours présent sans passer au passé, il ne serait plus le temps mais l'éternité.

Si donc le présent, pour être du temps, ne devient tel qu'en passant au passé, quel mode d'être lui reconnaître ? » Le présent est donc toujours ce qui se présente comme n'étant rien (l'avenir) et qui tend à n'être plus rien(le passé).

Il est caractérisé par un moment d'existence bien précis à partir duquel nous pouvons concevoir le passé et l'avenir, même si sa conception nous échappe.

En effet, nous ne nous remémorons le passé ou nous n'essayons d'anticiper l'avenir que dans le moment présent qui nous est donné.

Le présent représente donc à lui seul l'existence du temps. II/ Le présent n'est qu'un passage En divisant le temps en trois parties distinctes (présent, passé, futur), nous venons donc d'accorder une supériorité au présent, seul temps existant, à partir duquel il est possible de penser le passé ou l'avenir.

Or, cette division que nous postulions entre ces trois temps est-elle véritablement valable ? Nous pouvons généralement retrouver son illustration dans les frises chronologiques ou dans la représentation géométrique, où le présent est représenté par un point ou un trait, avec le passé et l'avenir se trouvant respectivement à la gauche et à la droite de ce trait.

Le problème est que cette représentation est une représentation spatiale du temps.

Nous imaginons ici, ou nous essayons de concevoir le temps, dans ce qui n'est pas le temps lui-même, c'est à dire l'espace.

Essayer de définir le temps ainsi déforme alors ce qu'il est véritablement et il n'est plus certain que l'existence de ce présent. »

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