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Est-il juste que seul le présent existe ?

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« Termes du sujet: DIRE: signifie ici affirmer en connaissance de cause, mais cela désigne aussi l'opinion qui dit n'importe quoi, qui se contente d'affirmer ce qu'elle affirme, qui transforme son désir en vérité universelle. JUSTE : qui est conforme au droit et à l'égalité des personnes. PRÉSENT: Comme nom, instant de séparation entre le passé qui n'est plus et le futur qui n'est pas encore. Comme adjectif, ce qui trouve hic et nunc, s'oppose à absent. Exister / Existence: * Exister: qualifie le fait d'appartenir à un ordre quelconque de réalité même abstrait.

Être réellement, constituer une partie du monde sensible. * Existence: Par opposition à néant: le fait d'être ou d'exister.

Par opposition à essence: mode d'être de l'homme, en tant qu'il ne se laisse enfermer dans aucune essence ou nature déterminée. Lorsque nous disons qu'une chose existe nous n'entendons pas simplement qu'elle est possible, mais bien qu'elle a une réalité actuelle, effective.

Ainsi si l'on peut dire qu'une idée abstraite, l'idée du triangle par exemple, est en quelque façon, elle n'a pas pour autant une existence.

Dans ce sens là il semble bien que seul le présent existe, puisque contrairement au passé qui n'est plus, ou au futur qui n'est pas encore, seul le présent a une réalité actuelle.

Pourtant lorsque l'on examine le mode d'être du présent, on s'aperçoit qu'il consiste dans le fait de passer, donc de disparaître.

En effet un présent qui ne passerait pas ne serait plus présent mais se confondrait avec l'éternité.

Ainsi si seul le présent existe, son existence consiste à disparaître, donc en un sens à ne pas être.

Pour sortir de l'aporie, il faut cesser d'envisager le présent comme un point qui marquerait la limite entre présent et passé, et l'envisager comme ayant une certaine épaisseur.

La question deviendra alors de savoir ce qui distingue cette épaisseur de temps de celle qui s'étend virtuellement vers l'avenir et de celle qui s'étend vers le passé.

Mais on peut également se demander dans quelle mesure le présent tel que le vit l'être humain ne se distingue pas de celui des choses ou des animaux.

En effet l'homme est un être doué de conscience, qui se représente sa mort, ce qui l'amène à habiter une temporalité finie.

Dès lors le présent, en tant qu'il est envisagé comme un mode de cette temporalité finie, ne peut être envisagé en dehors de sa relation à la mort à venir.

Il se peut donc que le présent ne tire son existence proprement humaine que du rapport de l'homme à l'avenir. I.

Seul le présent de l'âme existe véritablement, car lui seul donne de la consistance au temps. Le présent peut être envisagé comme un instant qui sépare le passé du présent.

Or on ne peut accorder une réalité effective ni au passé, puisqu'il n'est plus, ni à l'avenir, puisqu'il n'est pas encore.

Mais cette limite entre passé et futur qu'est le présent a-t-elle de l'existence ? Soutenir cette thèse paraît difficile, car si le présent ne consistait pas en un écoulement équivalent à une disparition, il se confondrait avec l'éternité.

C'est ce qui fait dire à Saint Augustin dans Les confessions, livre 11, que le présent ne peut pas avoir d'étendue, et qu'il ne peut donc être qu'en tendant à n'être plus.

Cela signifie que le temps ne peut exister véritablement que dans l'âme, qui mesure par la conscience le temps en train de passer.

Or le fait que le temps n'existe pas hors de l'âme ne signifie pas que le temps n'existe pas, mais plutôt qu'il existe fondamentalement au présent de la conscience, qui par son attention donne de l'existence au temps.

Il existe ainsi trois présents : le présent du passé, la mémoire, le présent du futur, l'attente, le présent du présent, l'intuition.

Ces trois dimensions se trouvent dans l'âme où elles peuvent exister et être mesurées.

Pourtant si les trois dimensions du temps existent dans l'âme, c'est tout de même le présent qui est la dimension la plus fondamentale puisqu'il fonde la possibilité des deux autres.

Mais ce présent doit être pensé comme tension de l'âme, intuition, et non comme une chose. II.

Seul le présent existe, mais il doit être pensé comme durée Le problème de la conception augustinienne du temps est qu'elle ne parvient à donner consistance au temps qu'en en faisant une chose subjective (puisque c'est l'âme seule qui lui donne de l'existence).

Or le temps n'est pas seulement ce que mesure notre âme, mais aussi le flux dans lequel nous sommes immergés.

Il faut donc pouvoir penser un temps qui soit à la fois consistant et non subjectif.

C'est ce que tente de faire Bergson dans La pensée et le mouvant.

Bergson remarque que la difficulté qu'il y a à accorder de l'existence au présent provient au fond d'une confusion qui amène à envisager le temps sur le mode de l'espace.

Ainsi on se représente le temps comme une ligne divisible à l'infini, et l'on en arrive ainsi penser le présent comme un point évanescent et donc privé de réalité.

Or il ne s'agit là que d'une reconstruction par abstraction, comme l'opère les mathématiques.

Mais le temps concret est fondamentalement un flux indécomposable, et le présent apparaît alors comme doué d'une certaine épaisseur.

Le présent n'est plus alors un point séparant passé et futur, mais une durée.

Dans cette durée concrète telle qu'elle est vécue, les sensations ne sont pas juxtaposées mais s'ajoutent dynamiquement les unes aux autres.

Dans ce sens là seul le présent existe, car seule la durée concrète existe véritablement.

Mais ce présent n'est pas simplement une mesure que l'âme effectue du temps qui passe, il est un flux dans lequel sont immergés tous les êtres. III.

L'avenir existe autant que le présent, car lui seul permet au présent d'être véritablement humain.. »

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