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Le monde est-il le fruit du hasard ?

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« Analyse du sujet : - Le « monde » désigne l'ensemble de ce qui existe dans l'univers.

Il semble se caractériser par le fait qu'il répond à certaines lois physiques immuables. Le « hasard », de son côté, renvoie souvent à l'idée de chaos.

Un événement hasardeux est un événement dont on dit qu'il aurait pu aussi bien se produire que ne pas se produire. Suivant ces définitions, il semble bien que le monde ne puisse être le fruit du hasard, puisque le monde est organisé, alors que le hasard est chaotique. Mais si le monde n'est pas le fruit du hasard, on est tenté de penser qu'il est l'œuvre de quelqu'un ou de quelque chose. Affirmer que le monde n'est pas le fruit du hasard semble donc nous pousser à poser une hypothèse lourde de conséquences, à savoir l'hypothèse de Dieu. Toutefois, ne faut-il pas se méfier de cette hypothèse théologique qui nous pousse à quitter les rivages de la raison, alors que nous l'invoquions justement pour conjurer l'irrationnel engendré par l'hypothèse du hasard ? Problématisation : Si le monde était le fruit du hasard, alors il nous faudrait parvenir à rendre compte du fait que ce « hasard fait bien les choses ».

En effet, si le hasard gouvernait le monde, comment se pourrait-il que la plupart des enfants d'hommes naissent avec deux bras et deux jambes ? Livré au hasard, les mystères de la procréation devraient nous faire accoucher, tantôt d'un petit humain, tantôt d'un lapereau ou d'un petit pingouin.

Toutefois, si le monde devait appartenir à un autre ordre que celui du hasard, il faudrait encore trouver lequel.

L'hypothèse la moins incongrue serait alors sans doute celle de Dieu, mais à bien y regarder, est-elle véritablement moins farfelue ? Ne pose-t-elle pas plus de problèmes qu'elle n'en résout ? Proposition de plan : 1.

L'hypothèse théiste. a) « La nature ne fait rien en vain » écrit Aristote (Politiques, I, 2, 1253a).

En effet, il semble que le monde est organisé.

Lorsque nous respirons, tout un système complexe se met en marche et le bon fonctionnement des poumons apparaît comme le résultat d'une organisation intelligente.

Suivant cette approche, il apparaît donc que le monde ne peut résulter du hasard. b) On a alors tendance à considérer que le monde résulte d'une intelligence ordonnatrice.

Ainsi que l'écrivait Voltaire : « L'univers m'embarrasse, et je ne puis songer / Que cette horloge existe et n'ait point d'horloger.

» (Les Cabales) On est intuitivement porté à postuler que, si le monde est organisé de manière intelligente, c'est parce qu'une intelligence supérieure l'a organisé, car on postule que les choses ne peuvent pas s'organiser d'elles-mêmes si elles sont dépourvues de volonté. c) On est alors contraint de s'en remettre à l'hypothèse théiste, c'est-à-dire la théorie d'après laquelle le monde serait la création d'un ou de plusieurs dieux.

En effet, dire qu'une intelligence supérieure a organisé le monde selon ses vues, cela revient à affirmer que le monde est la création d'une instance divine. Transition : Cependant, n'est-il pas problématique de postuler une volonté divine alors qu'il n'existe aucune preuve empirique de cette volonté divine ? 2.

Les problèmes que soulève cette hypothèse. a) L'hypothèse théiste pose bien des problèmes.

En premier lieu, elle repose sur un préjugé, celui du finalisme : le finalisme est la doctrine qui permet de poser que « la nature ne fait rien en vain » en partant du postulat que tout ce qui existe dans la nature est orienté en vue d'un certain but, d'une certaine fin.

Spinoza montre qu'il s'agit là d'un préjugé qui repose sur le fait que « les hommes agissent toujours en vue d'une fin (…) ; d'où il résulte qu'ils ne cherchent jamais à savoir que les causes finales des choses une fois achevées.

» (Ethique, I, appendice) Les hommes ont donc tendance à projeter sur la nature cette conception finaliste des choses qui ne correspond en réalité qu'à la psychologie humaine.

Spinoza ajoute que les hommes « trouvent en eux-mêmes et hors d'eux-mêmes un grand nombre de moyens qui leur servent excellemment à se procurer ce qui leur est utile, comme, par exemple, les yeux pour voir, les dents pour mâcher, les herbes et les animaux pour s'alimenter, le soleil pour éclairer, la mer pour nourrir les poissons, etc., ils finissent donc par considérer toutes les choses naturelles comme des moyens pour leur utilité propre.

Et comme ils savent que ces moyens, ils les ont trouvés, mais ne les ont pas agencés euxmêmes, ils y ont vu une raison de croire qu'il y a quelqu'un d'autre qui a agencé ces moyens à leur usage.

» (Ethique, I, appendice) Ainsi les hommes projettent-ils dans la nature une idée de finalité qu'ils lient à celle d'une volonté créatrice du monde, mais ils ne font là que souscrire à l'exigence de leur psychologie primitive qui veut voir une volonté orientée en vue d'une fin à travers tout ce qui existe dans la nature. b) Par ailleurs, comme l'avait déjà montré Straton de Lampsaque, la théorie théiste ne respecte pas la loi logique dite du « rasoir d'Occam ».

Cette loi s'énonce ainsi : « Les entités ne doivent pas être multipliées par delà ce qui est nécessaire » et elle expose qu'un discours est rationnel pour autant qu'il ne multiplie pas les postulats inutiles. Comme en mathématique, c'est la démonstration la plus simple et qui respecte le plus le principe d'économie dans la démonstration qui sera jugée la plus vérace.

On considère alors souvent que les théistes ajoutent un être qui. »

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