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Le libertinage peut-il être moral ?

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« [Un libertin est d'abord un libre penseur, c'est-à-dire un philosophe qui remet en question les doctrines de l'Église au nom du libre examen et de la raison.

En matière de connaissance, le libre examen est un devoir.] Le libertin est un libre penseur A l'origine, le mot libertinage désignait la libre pensée.

Au début du XVIIe siècle, en effet, on appelle libertins ceux qui professent des opinions non conformes à la religion, qui osent remettre en question les vérités révélées.

Or, les libertins sont à l'origine du mouvement de pensée qui aboutira au siècle des Lumières. Penser librement est une exigence de la raison Descartes lui-même est influencé par les libertins puisqu'il préconise de soumettre toutes les idées reçues au doute méthodique et de refonder la vérité sur la seule raison.

Certains libertins sont simplement des scientifiques sceptiques qui défendent la liberté d'examen, d'autres, comme Pierre Gassendi, professent un matérialisme audacieux.

Libertin est devenu par la suite synonyme d'athée, et donc d'être immoral. La libre pensée peut être morale Il va de soi que l'on ne peut taxer quelqu'un d'immoralité simplement parce qu'il rejette les idées religieuses.

Il est bien plus immoral d'accepter passivement des dogmes qui nous sont imposés par autorité que de les remettre en question au nom de la raison.

Pour celui qui recherche la vérité, soumettre les idées reçues au libre examen est un devoir moral. [La libre pensée implique souvent la licence du comportement Celui qui rejette les préceptes de l'Église peut être amené à rejeter la morale.

Le libertinage sexuel est toujours immoral.] Le libertin rejette la morale Le sens du mot libertinage a évolué peu à peu pour désigner, non plus la libre pensée, mais le libertinage sexuel.

C'est qu'il y a un lien étroit entre les deux.

En effet, celui qui rejette les préceptes de la religion rejette aussi implicitement la morale qui en fait partie.

Il est donc amené à se comporter de manière immorale.

De fait, les libertins menaient souvent une vie licencieuse et déréglée. Le libertinage nie la liberté humaine Le libertinage sexuel est immoral, non parce que la religion le réprouve, mais parce qu'il est irrespectueux de l'être humain.

Le libertin considère l'homme (ou la femme) comme un simple objet de jouissance.

Il le réduit à son corps, en lui déniant toute dignité humaine.

Il viole ainsi le précepte de Kant selon lequel il faut considérer l'humanité non comme un moyen, mais comme une fin. Le libertin prend plaisir à faire le mal Les grands libertins, réels ou littéraires, comme don Juan, le marquis de Valmont ou le marquis de Sade, sont immoraux parce qu'ils prennent plaisir à faire du mal à autrui.

Dom Juan multiplie les conquêtes puis les abandonne.

Son plaisir se réduit à tromper les femmes.

Or, il n'est pire immoralité que la trahison.

Valmont veut ruiner une femme vertueuse par plaisir de l'abaisser.

Quant à Sade, il fait de la souffrance physique des autres l'objet même de son plaisir. [] Selon l'extension que l'on donne au terme libertinage, celui-ci peut être moral ou immoral.

Il peut être moral s'il désigne la libre pensée.

Mais il faut encore que celle-ci ne conduise pas à l'affirmation de n'importe quelle philosophie.

La libre pensée n'est légitime que si elle est mise au service de la recherche de la vérité, si elle remplace les opinions admises par des idéaux encore meilleurs.

Sinon, elle risque d'aboutir au simple cynisme et à l'immoralité.

Quant au libertinage érotique, on peut affirmer qu'il est immoral dans la mesure où il considère l'être humain comme un simple objet.

Certes, la quête du plaisir sensuel, en soi, n'est pas immorale.

Mais dans la pratique, elle implique presque toujours la négation des sentiments et de la dignité. »

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