Le langage est-il un obstacle à la connaissance ?
Extrait du document
«
Termes du sujet:
LANGAGE : 1) Faculté de parler ou d'utiliser une langue.
2) Tout système de signes, tout système signifiant,
toute communication par signes (verbaux ou non verbaux).
Le langage désigne aussi la totalité des langues
humaines.
OBSTACLE: Ce qui empêche ou retarde une action, une progression ; difficulté, empêchement.
CONNAÎTRE / CONNAISSANCE: 1.
— Être familier de quelqu'un ou quelque chose.
2.
— Discerner, distinguer
quelque chose : « Le premier et le moindre degré de connaissance, c'est d'apercevoir » (CONDILLAC) 3.
— Posséder
une représentation de quelque chose, en part.
une représentation exacte.
4.
— Connaissance: a) Acte par lequel un
sujet s'efforce de saisir de saisir et de se représenter les objets qui se présentent à lui.
b) Résultat de cet acte.
Introduction
Nous échouons souvent piteusement avec les mots, et nous aimons alors à nous abriter derrière les imperfections et
les limites du langage.
Est-ce à croire que le langage puisse être un obstacle à la connaissance ? Si nous dénonçons
le langage comme un moyen impropre à atteindre une fin (informer, délivrer un savoir), c'est qu'implicitement nous
assignons au langage cette finalité-là.
Pourtant, on peut aussi faire autre chose, avec le langage, que connaître : le
langage sert-il à informer ou à communiquer ?
I — Langage et Être
a) Le Logos tel que les Grecs l'entendent est bien plus qu'un moyen ; il est le lieu de l'être : pas question
évidemment qu'il puisse faire obstacle à la connaissance.
Si Socrate « accouche les esprits » par le discours, si
finalement l'activité philosophique n'est qu'une activité de langage, c'est que celui-ci est porteur de l'être.
C'est le
sens de l'adjectif « apophantique », qui renvoie aux affirmations et aux négations, c'est-à-dire aux deux sortes de
d'assertion.
Le langage déclare, il dit ce qui est.
Pourtant cette première thèse sera vite confrontée aux Sophistes,
car, comme dans le Gulliver de Swift, seul le langage permet de faire être ce qui n'est pas.
b) Platon faisait du langage le lieu d'un accès à l'être lui-même, et notamment à ce monde intelligible porteur de la
vraie réalité : et c'est justement au nom de cette faculté à porter du général, des classes d'objets plutôt que des
objets (bref : des concepts) que Bergson fera, lui, du langage un obstacle.
Sédimenté par les habitudes utiles à la
vie, le langage dégénère en
scientisme et nous détourne de la vie, qui est singularité, mouvement et durée : c'est alors dans la mesure même où
le langage est utile à la connaissance qu'il manque l'essentiel, la vie.
Il faut alors s'entendre sur ce que le mot «
connaissance » recouvre : le langage permet une connaissance théorique (chacun voit ce que je veux dire, sans
avoir besoin de le voir, quand je dis le mot « fille »), mais manque en même temps l'appréhension du réel concret (à
quelle fille puis-je bien penser en disant le mot « fille » ?)
II - Le piège du langage
a) Ainsi peut-on dénoncer, dans le prolongement de l'optique bergsonienne, le langage comme porteur d'une vision
du monde et de conditions de connaissance qui doivent être rejetées.
C'est bien le sentiment de Nietzsche, qui
dénonce dans le langage l'incarnation d'une vaine croyance en un arrière-monde.
Le langage est pour lui à ce point
l'héritier d'une conception platonisante du réel qu'il en vient à se méfier de ses rets : le philosophe est « pris dans
les filets du langage » (§ 118 du Livre du philosophe).
Dans cette première direction, le langage se présente bel et
bien comme un obstacle.
b) On peut aussi penser le danger du langage dans une autre direction, qui est celle de l'usage.
Dans sa Seconde.
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