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Le langage est-il un calque de la réalité ?

Extrait du document

« Si le langage imite la réalité, alors il en est la copie fidèle.

Or, si les mots désignent toujours quelque chose (si on entend par chose une réalité objective capable d'être observée), cela ne peut se faire sur la base d'une imitation naturelle, car le langage n'est pas une peinture des choses.

En ce sens, demandez-vous alors en quel sens on peut dire que le langage exprime le réel.

Remarquez en particulier le paradoxe qu"il peut y avoir à prétendre exprimer des choses avec des mots c'est-à-dire des lettres accolées les unes aux autres.

En effet, les mots sont des conventions, voilà pourquoi ils changent d'une langue à l'autre.

Qui plus est, demandez-vous si le réel dans sa richesse et sa complexité ne risque pas toujours d'être au-delà des mots qui prétendent l'exprimer (pensez par exemple aux difficultés que nous avons à exprimer la beauté).

Finalement, il faudrait comprendre la désignation non comme une reproduction de quelque chose (l 'évocation d'un serpent n'est pas elle-même un serpent).

Par conséquent, la désignation est avant tout le fait pour le langage de renvoyer à un concept abstrait de la réalité, la désignation étant alors la signification.

Par ailleurs, n'est-il pas réducteur de limiter le rôle du langage à cette seule fonction expressive : le langage est d'abord assurément aussi un moyen de communication, mais demandez- vous surtout si le langage ne pourrait pas être autre chose qu'un moyen (songez à la poésie). [Le langage rend compte de la réalité telle qu'elle est car les mots sont une représentation fidèle des choses. Le langage est l'expression adéquate de toute expérience. Ses origines sont ancrées dans la réalité. Il n'y a pas de rapport nécessaire entre le mot et la chose.] Les mots sont une image des choses Cratyle estime que les mots sont conformes aux choses auxquelles ils correspondent.

Le mot «nuage», par exemple, reflète, par sa forme et sa sonorité, le contour vague ou la consistance cotonneuse de la chose correspondante.

Pratiquer l'étymologie (du grec etumos, «vrai»), ce sera toujours trouver la vérité des mots, c'est-à-dire leur conformité aux choses qu'ils nomment. Parler, c'est mimer ce que l'on veut dire Le nom est une façon d'imiter par la voix et la langue ce que l'on nomme.

Cratyle le dit, ainsi que Leibniz, lequel estime qu'il y a une liaison naturelle entre les mouvements des organes de la parole, les sons et les choses exprimées.

Il y a un «instinct naturel» qui explique la correspondance entre caractères verbaux et caractères des choses (Nouveaux Essais sur l'entendement humain). Tous les noms sont justes Si le nom d'une chose n'est pas constitué de façon juste, ce n'est qu'un son et non le nom de cette chose. Les noms doivent se composer de lettres qui conviennent, c'est-à-dire qui correspondent ou ressemblent aux objets (le R est le moyen ou l'instrument du mouvement par son caractère roulant alors que le T signifie l'arrêt, etc.) Ainsi, lorsqu'on sait les noms, on sait les choses. [Le lien signifiant-signifié est purement conventionnel et les mots peuvent très bien ne pas dire les choses. Un énoncé est un point de vue particulier sur le réel.]. »

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