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Le langage est-il objet de science ?

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« Termes du sujet: LANGAGE : 1) Faculté de parler ou d'utiliser une langue.

2) Tout système de signes, tout système signifiant, toute communication par signes (verbaux ou non verbaux).

Le langage désigne aussi la totalité des langues humaines. SCIENCE : Ensemble des connaissances portant sur le donné, permettant la prévision et l'action efficace. Corps de connaissances constituées, articulées par déduction logique et susceptibles d'être vérifiées par l'expérience. OBJET (n.

m., étym.

: latin ob-jectum : ce qui est placé devant ; chose).

1.

— Tout ce qui est présenté par la perception, avec un caractère stable et indépendant du sujet (objet externe) ; pour la phénoménologie, l'objet est déterminé par la visée de la conscience (cf.

sens 3).

2.

— Tout ce qui se présente à un sujet, s'offre à la pensée, et qui est distinct de l'acte de représentation ou du sentiment (donc du sujet), c.-à-d. aussi bien le percept, l'image, l'idée, que l'objet externe ou la personne aimée.

3.

— Le but qu'on se propose d'atteindre (cf.

un objectif). Le langage et la pensée Le langage est-il le propre de l'homme ? En caractérisant, dans le livre I de sa Politique, l'homme comme le vivant doué de parole, en grec logos, Aristote paraissait dire que les autres espèces vivantes ne peuvent prétendre ni au langage, ni à la pensée rationnelle.

Pourtant Montaigne dans ses Essais (notamment au livre II, chap.

XII), énumère les diverses passions (colère, joie, peur, désir) que certains animaux domestiques se révèlent capables d'exprimer par divers signes : « Car, qu'est ce autre chose que parler, cette faculté que nous leur voyons de se plaindre, de se resjouyr, de s'entr'appeler au secours, se convier à l'amour, comme ils font par l'usage de leur voix ? » Mais peut-on affirmer qu'un chat affamé qui miaule pour réclamer sa pâtée « parle » à son maître ? Au fond qu'est-ce qui distingue l'expression du chat qui miaule ou du chien qui jappe de celle l'enfant qui dit « j'ai faim » ? En fait, les cris par lesquels des bêtes font état de « passions » (états de l'âme produits par les impressions sensibles) ne peuvent, d'après Descartes, être assimilés au discours articulé, vocal ou gestuel, par lequel tous les hommes, même fous ou muets, sont capables de réagir à tout ce qui se dit en leur présence, en exprimant ou extériorisant un processus de pensée qui a son siège dans l'intériorité de la conscience. Communiquer une émotion n'est pas la même chose qu'exprimer une pensée.

Dans la perspective cartésienne, les bêtes, même dressées à exprimer par des bruits leur faim ou leur joie, ne peuvent pas davantage parler que des automates, parce que tout comme ces machines elles ne pensent pas : elles sont privées de cette forme de conscience réfléchie qui est le propre de l'homme. Du reste, linguistes et philosophes sont nombreux à confirmer que cette faculté qu'est le langage, loin d'être commune à la plupart des espèces animales, est plutôt ce par quoi l'homme se distingue le plus nettement des bêtes ou des machines.

Entre autres différences, on remarquera par exemple, avec le linguiste Benveniste, que le prétendu « langage des abeilles », entièrement prédéterminé par leur programme génétique, se limite à la transmission de deux données (l'existence d'une source de pollen et sa localisation), ne se laisse pas analyser en une série d'éléments distinctifs et n'instaure aucun dialogue.

De ce fait, on pourrait être conduit à dénier aux bêtes la possession du langage (entendu comme faculté), et refuser à leurs codes naturels de signaux le statut de langues. Il semble donc tentant de dénier le langage aux bêtes tout autant et en même temps que la raison.

Ne pourrait-on douter cependant qu'il existe une intrication nécessaire et originelle, dans l'humanité, entre le langage et la raison .

Nous y serions encouragés par Rousseau, pour qui les premières « voix » de l'homme primitif lui auraient été dictées par des passions, comme par exemple, à la rencontre d'un de ses semblables, l'effroi et la surprise.

Toutefois, même si Rousseau veut croire que les premières langues furent « passionnées » et chantantes, c'est en prenant soin de distinguer les passions spécifiquement humaines, qui les auraient inspirées, de purs et simples besoins physiologiques. Est-ce dans les mots que nous pensons ? De même qu'il n'y a langage que lorsqu'il y a pensée, on peut supposer qu'il n'y a de pensée que formulée dans une langue.

Penser, à ce compte, ce serait (se) tenir un discours, même s'il n'est pas effectivement proféré. Sans doute, certains ont pu croire que le langage étant voué à l'expression d'idées, on pouvait distinguer ces dernières de leur expression linguistique, dès lors considérée comme seconde, voire assimilée à une traduction. Au XVIle siècle, les auteurs de la Logique de Port-Royal affirmaient ainsi que nous pourrions, si nous n'étions soucieux de communiquer nos pensées à autrui, « les considérer en elles-mêmes, sans les revêtir d'aucune parole ».

Attribuant au langage une origine purement utilitaire, celle d'un outil adapté à la communication quotidienne, Bergson a même tenté de démontrer l'incapacité du discours à refléter fidèlement la pensée. Mais quel type d'existence reconnaître à une « pensée » située en amont de tout discours ? La pensée n'estelle pas plutôt indissociable du langage qui l'exprime ? C'est ce que semble accorder une longue tradition philosophique, allant de Platon, qui définit la pensée un « dialogue intérieur que l'âme entretient, en silence, avec elle-même » (Le Sophiste, 263 e), à Husserl qui préfère y voir un monologue ayant pour théâtre, là encore, « la vie solitaire de l'âme » (Première Recherche logique, § 8).

De fait, comment une pensée informulée. »

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