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Le Droit peut-il ne pas être juste ?

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« Termes du sujet: ÊTRE: Du latin esse, « être ». 1) Verbe : exister, se trouver là.

En logique, copule exprimant la relation qui unit le prédicat au sujet (exemple : l'homme est mortel).

2) Nom : ce qui est, l'étant.

3) Le fait d'être (par opposition à ce qui est, l'étant).

4) Ce qu'est une chose, son essence (exemple : l'être de l'homme).

5) Avec une majuscule (l'Être), l'être absolu, l'être parfait, Dieu. JUSTE : qui est conforme au droit et à l'égalité des personnes. DROIT: a° Un droit: liberté d'accomplir une action (droit de vote); possibilité d'y prétendre ou de l'exiger (droit au travail, droit de grève). b° Le droit: ce qui est légitime ou légal, ce qui devrait être, opposé au fait, ce qui est. c° Ce qui est permis par des règles non écrites (droit naturel) ou par des règles dûment codifiées (droit positif). Le droit positif est l'ensemble des règles qui régissent les rapports entre les hommes dans une société donnée.

Le droit naturel est l'ensemble des prérogatives que tout homme est en droit de revendiquer, du fait même de son appartenance à l'espèce humaine (droit au respect). La confrontation du juste et du juridique... Les sophistes rappellent que tout ce qui est humain est artificiel.

Le droit est une création des hommes, c'est par conséquent un artifice et une convention.

C'est pourquoi il est variable.

Or la notion du juste renvoie à l'idée de conformité invariable par rapport à la norme, pour les Grecs, la Nature.

Les sophistes expliquent donc que le droit est contre nature : « La loi, tyran des hommes, dit Hippias dans Protagoras de Platon, oppose sa contrainte à la nature.

» La loi qui égalise dans la Cité les hommes entre eux, développe Calliclès dans Gorgias, est même injuste, le seul Droit conforme à la Nature étant le droit du plus fort ! En règle générale, la loi et la nature se contredisent.

D'un point de vue naturel, le plus grand des maux est de subir l'injustice et non pas de la commettre.

Pour la loi, il ne faut pas commettre l'injustice.

Les lois sont ainsi établies par les faibles - et pour eux - en vue de se protéger des débordements de force des plus puissants.

C'est du point de vue des faibles que la loi décrète ce qui est digne d'éloge ou au contraire blâmable.

La notion d'égalité dans la justice obéit au même principe : la même loi pour tous, en établissant une égalité par le bas.

Quiconque n'agit pas comme le fait et le veut la multitude est puni par la loi.

Au contraire, la nature montre qu'il est juste que le supérieur l'emporte sur l'inférieur, et le plus capable sur le moins capable.

La nature est le siège d'une lutte de forces, où la plus puissante est destinée à l'emporter et à dominer.

Les bâtisseurs d'Empires n'ont pas autrement agi, en pillant, massacrant, pour s'approprier et dominer.

La soumission à la justice égalitaire est donc le fait des faibles, qui craignent les puissants et sont incapables de dominer. La réponse d'Aristote aux sophistes s'articule en deux points.

D'une part, il s'agit de rappeler que l'artifice n'est pas contre nature, puisqu'il est dans la nature de l'homme d'en produire.

La cité étant, en outre, le lieu naturel de l'humanité, on imagine mal comment le Droit qui la structure pourrait être pensé hors de tout lien avec la Nature. Ainsi le juste naturel règle naturellement le juste légal. Deuxièmement, la Nature qui apparaît bien comme la source du juste ne ressemble en rien à ce chaos de violence que les sophistes décrivent.

La loi du plus fort n'est pas la loi de la Nature.

Cette dernière se présente au contraire comme un ordre, chacun y trouve son « tèlos », sa finalité, ou s'en approche. Par conséquent, on peut dire que le juste politique cesse d'être juste lorsque précisément le juste naturel cesse de régler le juste légal.

Établir la loi du plus fort dans la Cité, voilà qui est injuste, c'est-à-dire contre nature. ...

Rend-elle vain l'examen de la finalité du droit? L'argumentation d'Aristote s'effondre avec la modernité.

Pour les Modernes, en effet, la Nature n'apparaît plus comme un système finalisé.

Elle semble au contraire dénuée de toute signification, chaotique, trompeuse... Ne pouvant plus se fier à cette Nature, on fait alors de l'Homme la norme, la source normative du Droit.

Mais qu'elle est cette nature humaine grâce à laquelle je saurai ce qui est juste et ce qui est injuste? L'énoncé de ses caractères semble également frappé du sceau du relativisme (voir Droits de l'homme). Les contenus peuvent varier, il y a toutefois quelque chose en l'homme qui se soumet au droit qui ne saurait varier : son aspiration à l'Universel. Par la loi, quel qu'en soit le contenu, je découvre la nécessité d'une règle qui soit commune à tous, universelle, c'est-à-dire qui dépasse les intérêts particuliers et égoïstes.

En se soumettant à la loi, les hommes apprennent à résister aux inclinations sensibles, ils se préparent à la moralité. On peut dire ainsi que le droit ne manque jamais d'être juste, indépendamment de la source attribuée à la justice, parce qu'il donne aux hommes la mesure de la dimension éthique de leur existence.. »

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