Aide en Philo

Le droit peut-il être violent ?

Extrait du document

« Définition des termes du sujet: Violence: Mal physique ou moral infligé délibérément à autrui.

Violent: Qui s'impose à un être contrairement à sa nature.

Qui s'exerce avec une grande force (une passion violente). DROIT: a° Un droit: liberté d'accomplir une action (droit de vote); possibilité d'y prétendre ou de l'exiger (droit au travail, droit de grève). b° Le droit: ce qui est légitime ou légal, ce qui devrait être, opposé au fait, ce qui est. c° Ce qui est permis par des règles non écrites (droit naturel) ou par des règles dûment codifiées (droit positif). Le droit positif est l'ensemble des règles qui régissent les rapports entre les hommes dans une société donnée.

Le droit naturel est l'ensemble des prérogatives que tout homme est en droit de revendiquer, du fait même de son appartenance à l'espèce humaine (droit au respect). A.

La question de la violence • Toute société comporte de la violence.

Sous la forme de la délinquance ou de la criminalité, elle est quotidienne.

Le sociologue Durkheim a montré que la violation du droit est normale : il y a une normalité de la violence dans toute vie collective, pourvu que la criminalité ne dépasse pas un certain niveau.

Dans notre société, par exemple, il n'y a globalement pas plus de criminalité qu'au début du siècle.

Par contre, les criminels sont techniquement mieux équipés (ils peuvent donc être plus dangereux), et une très jeune délinquance est apparue.

Les médias se sont emparés de ce phénomène : informés plus vite, nous ne le sommes pas forcément mieux.

Que l'on songe à notre télévision sarkozyste ! • Qui dit transgression des lois, dit punition.

Mais comment punir ? Cette question est au centre d'un débat permanent qui va de l'éducation à la peine de mort. B.

La question du châtiment • La répression est un des fondements de la justice.

Nous pouvons l'aborder sous trois axes : – le problème moral : punir, c'est répondre à la violence – crime, délinquance – par une autre violence ; – le problème des déterminismes sociaux et affectifs : le milieu social, familial, l'éducation, l'hérédité, sont autant de critères extérieurs à l'individu qui peuvent favoriser la criminalité.

Ils seront comptés comme circonstances atténuantes par un tribunal ; – le problème technique : la violence d'un châtiment– la peine de mort – fait-elle peur au criminel en puissance ? En d'autres termes, y at-il une valeur exemplaire du châtiment ? • On peut répondre que si le châtiment extrême qu'est la peine de mort avait une quelconque valeur d'exemple, la criminalité n'existerait plus.

Or tel n'est pas le cas.

Les États américains qui ont réinstauré la peine de mort, n'ont pas vu baisser le taux de crimes.

La peine de mort ne devrait jamais être inscrite comme un droit : comme l'écrit l'économiste et criminaliste italien Beccaria au XVIIIe siècle, « la peine de mort n'est pas un droit mais une guerre de la nation contre un citoyen qu'elle juge nécessaire ou utile de supprimer ». C.

La violence de l'État • Il ne faut pas oublier qu'un État peut être injuste et nommer droit son instinct de puissance, sa volonté d'ordre à tout prix.

« Mieux vaut une injustice qu'un désordre », disait Goethe.

Cela signifie que la raison d'État prime sur toute autre considération.

Il n'est plus question de morale individuelle mais d'ordre public.

Machiavel admet que les intérêts de l'État justifient le recours à des pratiques immorales.

La politique et la morale sont inconciliables.

Combien de personnes sacrifiées, exécutées au nom de cette raison d'État . On pourra se référer ici aux thèses d'un Bakounine, d'un Engels ou d'un Marx: L'État de la domination d'une classe sociale chez Marx « Au fur et à mesure que le progrès de l'industrie moderne développait, élargissait, intensifiait l'antagonisme de classe entre le capital et le travail, le pouvoir d'État prenait de plus en plus le caractère d'un pouvoir public organisé aux fins d'asservissement social d'un appareil de domination d'une classe. Après chaque révolution, qui marque un progrès de la lutte des classes, le caractère purement répressif du pouvoir d'État apparaît de façon de plus en plus ouverte» [La Guerre civile en France, p.

60-61].

La conception marxiste de l'État est ici résumée dans son principe essentiel : l'État capitaliste est l'appareil de domination de la classe ouvrière par la bourgeoisie, y compris par la violence comme ce fut le cas, par exemple, durant les journées de juin 1848.

Durant celles-ci, la république bourgeoise avait montré le despotisme absolu d'une classe sur les autres classes. Ainsi, l'État n'est pas extérieur ou au-dessus de la société.

« Il est bien plutôt un produit de la société à un stade déterminé de son développement ; il est l'aveu que cette société s'empêtre dans une insoluble contradiction avec elle-même, s'étant scindée en oppositions inconciliables qu'elle est impuissante à conjurer.

Mais pour que les antagonistes, les classes aux intérêts économiques opposés, ne se consument pas — elles et la société — en une lutte stérile, le besoin s'impose d'un pouvoir qui, placé en apparence au-dessus de la société, doit estomper le conflit, le maintenir dans les limites de l'"ordre" ; et ce pouvoir, né de la société, mais qui se place au-dessus d'elle et lui devient de plus en plus étranger, c'est l'État» [L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'État, p.

156]. Si l'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire des luttes des classes, pour les mêmes raisons, l'État ou les différents États qui se sont succédé dans l'histoire ont toujours été ceux de la domination d'une classe sur les autres, dans le but de maintenir — souvent par la violence [Anti-Dühring, p.

208 sq.] — l'ordre social.

D'où l'idée d'une disparition de l'État dans une société sans classe, le communisme, avec quelques difficultés sur les moyens d'y parvenir. • On sait aussi que, de la théorie à la pratique, le chemin est long et la volonté politique parfois molle.

Tout enfant a droit à l'éducation, encore faut-il qu'il en ait matériellement la possibilité.

Tout adulte a droit à un travail : le chômage est une violation des droits de l'homme. • On comprend donc que le juste n'est pas toujours ce qui est légal ou légitimé (En France, jusqu'en 1848, l'esclavage était légal.) Il est légitime de répondre à la violence institutionnalisée par la violence révolutionnaire.

S'opposer à certaines lois devient un devoir.

S'il faut éviter d'entrer dans la spirale de la violence (répondre à la violence par la violence), il faut méditer ce conseil de Gandhi qui a mené un combat non-violent pour libérer l'Inde du joug colonial britannique : «Lorsqu'on a le choix uniquement entre la lâcheté et la violence, je crois que je conseillerai la violence ».

Le droit juste est toujours un droit courageux et respectueux de la personne humaine.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles