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Le droit peut-il être naturel ?

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« Termes du sujet: ÊTRE: Du latin esse, « être ». 1) Verbe : exister, se trouver là.

En logique, copule exprimant la relation qui unit le prédicat au sujet (exemple : l'homme est mortel).

2) Nom : ce qui est, l'étant.

3) Le fait d'être (par opposition à ce qui est, l'étant).

4) Ce qu'est une chose, son essence (exemple : l'être de l'homme).

5) Avec une majuscule (l'Être), l'être absolu, l'être parfait, Dieu. DROIT: a° Un droit: liberté d'accomplir une action (droit de vote); possibilité d'y prétendre ou de l'exiger (droit au travail, droit de grève). b° Le droit: ce qui est légitime ou légal, ce qui devrait être, opposé au fait, ce qui est. c° Ce qui est permis par des règles non écrites (droit naturel) ou par des règles dûment codifiées (droit positif). Le droit positif est l'ensemble des règles qui régissent les rapports entre les hommes dans une société donnée.

Le droit naturel est l'ensemble des prérogatives que tout homme est en droit de revendiquer, du fait même de son appartenance à l'espèce humaine (droit au respect). [Introduction] Dans la tragédie de Sophocle, Antigone oppose, aux lois de la cité dont Créon exige le respect, des lois « non écrites, mais intangibles », qui seraient infiniment plus contraignantes que celles mêmes de la cité : la justice conçue par les hommes doit s'effacer devant celle des dieux.

Du droit positif de la cité se distinguerait un droit autrement universel.

Est-ce en se référant à la nature que l'on peut fonder cet espoir d'universalité ? Le droit peut-il être naturel ? [I - Universalité et relativité] [A.

Les lois de la nature] Les lois de la nature, celles que découvre la science, sont par définition universelles : la nature ne fait pas de caprices, appliquant telle loi en Afrique, et telle autre en Europe.

De surcroît, ce déterminisme strict est celui d'un monde qui ne dépend pas de la volonté humaine : les lois naturelles nous sont en quelque sorte « imposées » par l'ordre naturel, en sorte que, selon la formule classique, on ne peut lui commander qu'en lui obéissant d'abord. [B.

Les lois des hommes] À l'inverse, les lois organisant les sociétés humaines, et qui constituent le droit, sont conçues comme dépendant de décisions émanant des hommes eux-mêmes et de leur volonté de régler leurs relations pour vivre harmonieusement. En ce sens, elles sont bien celles « de la cité », comme Antigone leur en fait le reproche, et il est donc possible que leur portée ne soit pas universelle.

Le droit fait évidemment partie de la culture, et l'on peut à ce propos rappeler la distinction soulignée par Claude Lévi-Strauss entre le naturel et le culturel : le premier est synonyme d'universalité, alors que le second formule des règles qui, quelle que soit leur ampleur, restent particulières. [C.

Violence et droit] Cet écart de principe entre la nature et le droit trouve une illustration persuasive dans la critique formulée par Rousseau à l'encontre de ce que l'on nomme ordinairement le « droit du plus fort ».

La force physique est une donnée naturelle qui, comme telle, ne peut fonder aucun droit, aucune légitimité : en effet, dès que l'on admet qu'elle le pourrait, on doit admettre aussi que toute puissance supérieure a la possibilité de remplacer le droit antérieur par le sien, puisque toute force fait loi.

Dès lors, on entre dans un espace de conflits constants, dans une surenchère interminable dans l'exercice de la force.

De l'expression « droit du plus fort » ne résulte ainsi que ce que Rousseau nomme un « galimatias », et il peut très raisonnablement demander que l'on convienne que « force ne fait pas droit ». Le problème à résoudre est le suivant : "le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir".

Existe-t-il réellement un droit du plus fort, et la force est-elle un principe suffisant pour fonder le droit ? S'il est vrai que dans la nature règne la force, il n'est pas vrai que le plus fort reste longtemps le maître : les forces y sont perpétuellement en conflit, et l'issue est incertaine. De plus, la puissance physique engendre une contrainte physique et non point morale.

Il n'est jamais interdit de désobéir à la force sitôt qu'on le peut.

Le droit du plus fort n'engendre pas le devoir d'obéissance.

"Sitôt que c'est la force qui fait le droit, l'effet change avec la cause; toute force qui surmonte la première succède à son droit." Il suffit d'échapper à la force pour en avoir le droit, puisque, selon ce principe, le plus fort a toujours raison.

Un droit qui disparaît sitôt que s'éclipse la force n'est pas un droit, c'est un fait.

Il s'ensuit qu'aucune justice, aucune loi, aucune légitimité ne peuvent être fondées sur la force.. »

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