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Le droit a-t-il pour fin de protéger le faible ?

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« Le droit a avant tout une prétention à l'universalité, il est peut-on dire dépourvu de contenu.

Les droits de l'homme définissent ainsi les libertés inaliénables de tous les individus sans considération de leur origine, de leur sexe ou de leur religion. Le droit semble donc avoir pour fin de garantir les droits de tous les individus indépendamment de la place qu'ils occupent dans la société.

Mais le droit ne se réduit pas à la garantie de nos libertés il est aussi porteur d'une certaine justice.

C omme le rappelle d'ailleurs l'étymologie du mot droit : jus, qui a donné justice, vertu qui exige en retour le respect du droit, être juste c'est respecter le droit.

Le droit et la justice sont donc inextricablement liés, si le droit a pour fin de garantir la justice, parvient-il à cette fin en protégeant le plus faible, c'est-à-dire celui qui dans la société est le plus démuni ? Une société où le faible n'est pas protégé va-t-elle à l'encontre du droit et de la justice ? Le droit comme garantie de la protection de tous les individus Le droit est avant tout une instance universelle, il a pour charge de considérer les individus de façon égale.

Le droit ne peut donc pas être défini en fonction de telle catégorie de personnes sans perdre ce caractère universel.

La fin du droit n'est-elle donc pas de garantir la paix et la sécurité, laissant à chacun la responsabilité de sa condition. Telle est en un sens la position de Hobbes qui considère que les hommes sont égaux entre eux, et cette égalité se manifeste dés l'état de nature. Seulement cette égalité est porteuse selon l'auteur de conflit, car si ils sont égaux ils sont tous et de la même manière animés par le désir de posséder pouvoir après pouvoir.

A insi, écrit Hobbes : « Je mets au premier rang une inclination générale de toute l'humanité, un désir perpétuel et sans répit d'acquérir pouvoir après pouvoir », Léviathan, chapitre 11.

Il en résulte une concurrence entre les individus, qui dans l'état de nature, c'est-à-dire dans l'état où les hommes vivent en l'absence d'un pouvoir coercitif institué, conduit chacun à être l'ennemi de chacun.

L'état de nature est en d'autres termes animé par une « guerre de chacun contre chacun ». Dans cet état de nature les hommes mènent une existence précaire et misérable, comme l'expose d'ailleurs le chapitre 13 du Léviathan.

Le droit mis en place par l'artifice du souverain a pour tâche de rendre leur existence tout simplement viable.

Le souverain assure, en effet, protection et sécurité à tous les individus qui en contrepartie ont délégué au souverain toute la force et la violence dont ils ne peuvent plus faire usage.

En d'autres termes ils n'ont plus le droit de se faire justice eux-mêmes.

Le Léviathan réduit « toutes leurs volontés par pluralité de voix, en une seule volonté », il aura tous les droits et tous les pouvoirs et en contrepartie il assurera l'ordre, la paix et la sécurité. La fin principale que doit se donner le droit selon Hobbes est de permettre que chacun puisse mener son existence sans craindre une mort subite, dans le domaine de la vie sociale et économique chacun est laissé à sa libre ambition. Le droit comme expression de l'idéologie du plus fort Pour autant le droit a-t-il atteint sa finalité c'est-à-dire son ultime et nécessaire raison d'être en assurant à chacun sa sécurité ? Plus encore, la théorie Hobbesienne n'élude t-elle pas les inégalité injustes qui traversent la société et qu'un gouvernement se doit de prendre partie en charge? Telle est la thèse avancée par Rousseau pour qui la société est née d'une usurpation, cette usurpation est celle du droit de propriété.

Rousseau considère ce droit comme une imposture dans la mesure où la terre appartient originellement à tous.

Il explique ainsi au cours Du discours sur l'origine et le fondement des inégalités : « Le premier qui ayant enclos un terrain et s'avisa de dire ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire fût le fondateur de la société civile ».

La propriété et avec elle l'inégalité sociale et économique n'a rien de naturelle.

En effet précise Rousseau : « Telle fut, ou dut être l'origine de la société et des lois qui donnèrent de nouvelles entraves au faible et de nouvelles force au riche, détruisant sans retour la liberté naturelle fixèrent pour jamais la loi de propriété et de l'inégalité, d'une adroite usurpation firent un droit irrévocable et pour le profit de quelques ambitieux assujettirent désormais tout le genre humain au travail, à la servitude et à la misère ». L'inégalité économique n'amène pas uniquement l'inégalité politique et sociale mais cette dernière conforte celle-là., le droit est ici la garantie de l'inégalité. A insi conclut-il : « L'inégalité, étant presque nulle dans l'état de nature, tire sa force et son accroissement du développement de nos facultés et des progrès de l'esprit humain et devient stable et légitime pour l'établissement de la propriété et des lois ». On peut dire que sur ce point Rousseau annonce la philosophie de Marx pour qui les idéalités politiques sont conditionnées par les intérêts matériels, tel est le sens que donne Marx au terme d'idéologie.

Sous la politique même se masque une domination qui donne une forme universelle aux intérêts particuliers. Les droits de l'homme sont aux yeux de Marx une idéologie.

Dans la mesure où en effet ils promulguent une égalité abstraite qui ne fait pas écho à l'inégalité sociale et économique dont est victime le prolétariat.

Le droit ne doit donc pas faire abstraction des réalités sociales, autant dire que l'homme n'est pas un individu solitaire, un élément de l'humanité en général mais un être historique et social défini par son appartenance à un mode de production déterminé. Le véritable droit est celui qui garanti les libertés de chacun en protégeant les plus faibles C omment donc garantir la liberté de chacun et l'égalité sociales et matérielles de tous ? C ar ce n'est que comme le dit Marx : « lorsque l'homme a connu et organisé « ses forces propres comme forces sociales et par là ne sépare pas de lui la force sociale dans la forme de la force politique ce n'est qu'alors que l'émancipation humaine est accomplie », Marx, La question juive.

Le droit ne peut donc ignorer la condition des hommes qui vivent dans la société.

Une société est considérée d'ailleurs comme injuste lorsque des inégalités elles-mêmes injustes la traversent.

C 'est donc que le droit ne peut faire l'économie du concept de justice sociale. La théorie de l'auteur contemporain John Rawls permet justement de concilier liberté individuelle et justice sociale.

P our Rawls chaque homme doit avoir un droit égal au système le plus étendu de libertés de bases égales pour tous qui soit compatible avec le même système pour les autres.

Les libertés de base qui sont les plus importantes sont les libertés politiques droit de vote et d'occuper un poste public), la liberté d'expression, de réunion, la liberté de pensée de conscience ; la liberté de la personne qui comporte la protection à l'égard de l'arrestation et l'emprisonnement arbitraire, tels qu'ils sont définis par le concept de l'autorité et de la loi.

C es libertés doivent êtres égales pour tous. En second lieu les inégalités et économiques et sociales doivent être organisées de façon à ce que, à la fois l'on puisse raisonnablement s'attendre à ce qu'elles soient à l'avantage de chacun et qu'elles soient attachées à des positions et des fonctions ouvertes à tous.

Une inégalité est à cet égard considérée comme juste lorsqu'elle va en faveur des plus démunis et injuste lorsqu'elle détériore leur condition. Conclusion -Le droit en tant qu'il doit avoir une portée universelle ne doit pas être organisé en faveur d'une catégorie sociale ou d'une autre. -Seulement, le risque d'une telle conception du droit n'est-il pas de justifier voire d'asseoir les inégalités sociales et économique ? Si les individus sont guidés par la concurrence universelle comment ne pas risquer que des inégalités s'instaurent et se perpétuent ? -Enfin, la solution est donc de fonder le droit sur la justice sociale et la liberté.

Faire en sorte en somme que la liberté et la condition de chacun ne soient détériorées par les ambitions de l'autre.

Le droit donc prendre en compte le sort de plus faibles et des plus démunis.. »

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