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Le doute est il une faiblesse?

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« Introduction Si je me perds dans une forêt et n'ai aucune connaissance des lieux, j'aurai du mal à choisir un chemin plutôt qu'un autre.

Le doute (ici sur le chemin à prendre) renvoie donc à un état d'indécision, à l'incapacité à formuler un jugement, affirmatif ou négatif, sur une situation donnée (ce chemin est le bon, celui-ci est mauvais).

Comme suspension du jugement, il révèle une ignorance et interdit l'action.

Il est la marque de mon impuissance. Toutefois, le doute n'est pas nécessairement subi: il m'arrive de le susciter volontairement, comme lorsque je doute de la légitimité d'une opinion, d'une conviction fragile ou mal fondée; lorsque je refuse d'y adhérer.

En ce sens, le doute est au contraire l'instrument privilégié de la réflexion, une attitude d'esprit par laquelle je m'arrache à l'inertie et au confort intellectuel que représentent les préjugés.

D'où le problème: le doute est-il une faiblesse intellectuelle et morale, le signe de mon ignorance et de mon impuissance, ou bien au contraire réside-t-il essentiellement dans le pouvoir de réformer ses pensées? Est-il une force de résistance à l'égard de l'erreur dont il préserve la manifestation de la liberté de l'esprit? 1.

Le doute est une faiblesse.

Il provient de l'ignorance ou de l'impossibilité des hommes à atteindre la vérité. A.

Il est le produit de l'ignorance. Le doute s'immisce lorsque j'ai oublié le nom d'un lieu, n'ai pas pris la peine de m'informer sur un point donné de l'actualité ou ne maîtrise pas assez une langue pour la parler sans hésiter. Le doute est, comme tel, le produit de l'ignorance et de l'oubli.

Il est révélateur d'un défaut et d'une imperfection. La connaissance et l'affirmation de la vérité nous libèrent au contraire du doute: en effet, le doute témoigne d'une faiblesse intellectuelle ou culturelle, voire d'une faiblesse constitutive.

Ainsi ignore-t-on ce que l'on devrait savoir ou ce qu'en tant qu'être imparfait, susceptible d'erreurs, on ne saura jamais. B.

Le scepticisme absolu des pyrrhoniens et de leurs disciples n'est pas un point de départ mais une conclusion –la conclusion d'échec- au terme de l'aventure du savoir. Enésidème avait groupé les arguments sous dix titres ou « tropes que Sexus Empiricus réduisit à cinq.

Il faut connaître ces arguments qu'on retrouve chez Montaigne, chez Pascal et chez Anatole France. (a) La contradiction des opinions. Les sophistes grecs frappés par la contradiction des opinions des philosophes (par exemple : Héraclite disait que le réel n'est que changement, alors que Parménide niait le changement) aboutissent à la conclusion pessimiste que la vérité (qui devrait être universelle) est inaccessible.

Les sceptiques ont été parfois de grands voyageurs qui, à force d'avoir vu les gens les plus divers professer des opinions contradictoires, adopter des valeurs différentes, ne croient plus à rien.

Pyrrhon avait par exemple accompagné le conquérant Alexandre dans un grand nombre de ses expéditions.

Montaigne avait visité l'Allemagne, l'Italie, mais avait surtout dans sa « librairie » voyagé parmi des systèmes philosophiques innombrables et tous différents.

Pascal reprend les thèmes de Pyrrhon et de Montaigne : « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà.

» (b) La régression à l'infini. Une vérité ne peut pas être acceptée sans preuves comme telle car il n'existe pas un signe du vrai « comparable à la marque imprimée sur le corps des esclaves et qui permet de les reconnaître quand ils sont en fuite.

» Mais si je propose une preuve pour une affirmation, le sceptique me dira « Prouve ta preuve ».

ainsi la preuve qu'on apporte pour garantir l'affirmation a besoin d'une autre preuve et celle-ci d'une autre à l'infini. Pour connaître la moindre chose je suis d'autre part contraint de remonter à l'infini, c'est-à-dire de mettre ce donné en rapport avec une infinité d'autres faits.

Car chaque chose est relative à toutes les autres et pour connaître le moindre objet il faudrait connaître son rapport avec tout l'univers.

Nous ne connaissons le tout de rien, ce qui revient à ne connaître rien du tout. (c) La nécessité d'accepter des postulats invérifiables. Ne pouvant remonter de preuve en preuve à l'infini, l'esprit accepte toujours sans démonstration un point de départ qui est une simple supposition et dont la vérité n'est pas garantie. (d) Le diallèle (les uns par les autres). Il n'est pas possible de raisonner en évitant les « cercles vicieux ».

Ainsi, je démontre que a est vrai en supposant b est vrai et je démontre que b est vrai en supposant que a est vrai.

Je commets un cercle vicieux en démontrant les unes par les autres des propositions dont aucune n'est fondée a priori.

Le cercle vicieux par excellence est celle-ci : pour prouver la valeur de ma raison, il faut que je raisonne, donc précisément que je me serve de cette raison dont la valeur est en question ! Nous voilà, comme dit Montaigne, « au rouet ».. »

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