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Le cours de l'histoire est-il prévisible ?

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« Mots et expressions clés • Le cours : désigne la suite, le déroulement, la trame des événements.

De même qu'un fleuve suit un cours et ne peut revenir sur luimême, de même, l'histoire obéit à un ordre, nommé chronologie. • l'histoire peut aussi bien désigner le passé humain que son étude.

Mais dans le sujet proposé, le second sens n'est pas pertinent, puisque le cours renvoie à l'histoire en train de se faire, et non comme elle s'écrit ou se pense. • est-il interroge la nature de ce cours.

Il s'agit de savoir s'il est prévisible en lui-même, à partir de lui-même, et non à partir de ce qu'on pourrait en attendre ou en espérer, de l'extérieur. • prévisible : la prévision désigne une opinion formée par le raisonnement sur les choses futures.

Elle se distingue de la prédiction, qui lit dans les cartes ou le marc de café.

Ainsi, par exemple, le scientifique prévoira la chute de telle météorite tel jour à tel endroit, tandis qu'une voyante prédira un avenir noir ou heureux à une personne venue la consulter. Recherche des idées On pense bien sûr aux philosophies du progrès ou de la dégénérescence, bref, aux théories qui stipulent que tout va graduellement vers le mieux ou vers le pire, jusqu'à un «âge d'or» ou une apocalypse.

Car pour elles, l'avenir est prévisible.

On n'en connaît peutêtre pas toutes les modalités (comment on y arrivera), mais on sait qu'on y arrivera.

Plus généralement, le sujet pose le problème de la place de la liberté humaine dans l'histoire.

Car si le cours des choses est prévisible, cela signifie qu'il est déterminé ou, du moins, déterminable, donc qu'il ne reste plus de place pour l'initiative et l'innovation de la liberté. Problématique Il s'agit donc de savoir si et dans quelle mesure on peut considérer ce qui a été et ce qui est comme la cause de ce qui sera, et si une telle détermination de l'avenir ne nie pas finalement la liberté humaine. On tentera donc de montrer que le passé et le présent permettent à l'homme de donner à l'avenir une certaine configuration (I), mais qu'aucune prévision fiable ne saurait être retenue, essentiellement parce que l'histoire est faite par des êtres libres (II). [Introduction] L'on pense communément que le cours actuel des événements a été conditionné par leur configuration passée, et que le présent, par conséquent, annonce le futur.

Mais le cours de l'histoire est-il réellement prévisible ? Comment concilier un tel déterminisme avec la liberté humaine, toujours susceptible d'infléchir voire d'inverser le cours des choses ? [I.

Le cours de l'histoire peut être envisagé, sinon prédit, à partir du passé et du présent] De même qu'un événement passé ou présent a nécessairement été produit par le concours de causes données (qui peuvent totalement ou partiellement nous échapper), de même, tout événement futur résultera du concours de causes actuelles.

Il nous suffit donc de les connaître ou, plutôt, de savoir les interpréter, afin d'être en mesure de prévoir rationnellement (c'est ce qui distingue la prévision de la simple et contestable prédiction) le cours des choses, à la façon dont un météorologiste sérieux prévoit le temps qu'il fera demain, à partir des conditions météorologiques actuelles, de ses connaissances et de son expérience.

Si A a produit B, alors B produira bien C, le tout étant de savoir précisément ce que sera C. Mais est-il vraiment nécessaire de le savoir précisément pour le prévoir ? Leibniz montre ainsi que le présent est lourd du passé et gros de l'avenir.

Nous ne pouvons pas savoir, à notre petite échelle humaine, de quoi sera fait demain (c'est bien pourquoi nous restons libres).

Mais nous sommes en tout cas certains que Dieu a décidé au départ de tout ce qui sera pour toute l'éternité, et qu'il a fait son choix en fonction du principe du meilleur.

On peut donc en toute certitude et sérénité prévoir que le présent annonce un futur heureux, toujours plus heureux. Mais la conciliation de cette thèse avec la liberté humaine n'est envisageable que dans l'optique de Leibniz, c'est-à-dire la foi.

Car comment soutenir à la fois que tout est écrit, donc prévu, et que l'homme peut agir à sa guise, donc modifier ce plan ? [II.

Aucune prévision fiable ne peut être retenue, car l'histoire est le fait d'être libres] L'on peut en premier lieu faire remarquer l'ambiguïté de la qualification de «prévisible », qui est toujours rétrospective.

Lorsqu'on affirme en effet que « c'était prévisible », on sous-entend que ce qui s'est produit par le passé permet de donner une signification à ce qui se produit maintenant.

Mais pourquoi ne pas l'avoir prévu avant ? Précisément parce que le cours des choses aurait pu être autre. Il était sans doute prévisible, compte tenu de leurs parcours, de leurs goûts...

respectifs, que cet homme tombe amoureux de cette femme.

Mais il aurait aussi bien pu se trouver dans un autre endroit et en rencontrer une autre, le jour où l'on constate, après-coup, qu'il est tombé amoureux de celle-là. Ainsi, il ne faut pas confondre la recherche postérieure des causes éventuelles d'un effet donné, et la capacité prévisionnelle.

Celle-ci n'est possible et pertinente que dans le registre scientifique, qui étudie les lois, c'est-à-dire les relations invariables régissant les phénomènes.

Mais la trame des affaires humaines n'est ni déterminée, ni répétitive.

Toute prévision risque de s'avérer n'être qu'une prédiction, c'est-à-dire une affirmation infondée ou uniquement fondée par la force du désir des hommes (lorsque quelqu'un affirme, par exemple, qu'il avait prévu qu'il gagnerait au loto), ou un fatalisme, qui se borne à constater que ce qui arrive arrive parce qu'il arrive, et que l'homme n'y pouvait rien changer. [Conclusion] Le cours de l'histoire ne saurait donc être prévisible qu'à la condition de nier ce qui fait la spécificité de l'homme, c'est-à-dire, précisément, cette capacité à déroger aux lois coutumières et naturelles et à créer, donner sa petit touche personnelle à une chronologie inéluctablement irréversible.

Mais la prévision peut receler une part d'espoir et donner aux hommes le courage d'entreprendre ce qu'ils n'auraient peut-être pas osé tenter, sans cette semi-certitude que leur action aboutirait.

De ce point de vue, peut-être, elle est légitime.. »

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