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« Le classicisme est une victoire sur le romantisme intérieur », a dit un critique contemporain. En prenant vos exemples dans le théâtre de Racine, montrez : 1° Comment sa tragédie peint fortement les passions et reste cependant « raisonnable », c'est-à-

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  • Début. — On peut appeler romantisme intérieur la disposition naturelle à s'abandonner aux excès de l'imagination et de la sensibilité. Les classiques y ont échappé par une victoire de la raison.
  • 1. Rôle de la raison dans l'école de 1660 : critique de Boileau, comédie de Molière, tragédie de Racine, fables de La Fontaine. C'est le règne du bon sens, du naturel, de Tordre, de la mesure.
  • 2. La tragédie de Racine est « raisonnable ».

 a) Il veut des intrigues simples, réprouve l'excès d'imagination et l'extravagance de Corneille. (Préface de Britannicus.)  b) Il peint des passions fortes, telles qu'elles sont dans la nature et non des sentiments chimériques. Profondeur de sa psychologie.  c) Il respecte la vérité morale, en' montrant les effets douloureux et funestes des passions coupables.

  • 3. Le Romantisme exalte l'imagination et la passion.

 a) L'imagination ne connaît plus de frein : intrigues invraisemblables, souvent absurdes et choquantes (Hernani, Ruy Blas, Lélia, Jocelyn).  b) La passion est déchaînée et même divinisée.  c) Le théâtre devient spectaculaire : la couleur locale selon Victor Hugo.

  •  4. A la sobriété classique, le Romantisme fait succéder la luxuriance du style.
  • Conclusion. — Cette discipliné intérieure sur les forces tumultueuses de l'âme est bien le secret de la perfection classique.

 

« « Le classicisme est une victoire sur le romantisme intérieur », a dit un critique contemporain.

En prenant vos exemples dans le théâtre de Racine, montrez : 1° Comment sa tragédie peint fortement les passions et reste cependant « raisonnable », c'est-à-dire respecte la vérité psychologique et la vérité morale ; 2° Comment, dans le style, le sens de la mesure s'unit à l'énergie et à la splendeur de l'expression. PLAN Début.

— On peut appeler romantisme intérieur la disposition naturelle à s'abandonner aux excès de l'imagination et de la sensibilité.

Les classiques y ont échappé par une victoire de la raison. 1.

Rôle de la raison dans l'école de 1660 : critique de Boileau, comédie de Molière, tragédie de Racine, fables de La Fontaine.

C'est le règne du bon sens, du naturel, de Tordre, de la mesure. 2.

La tragédie de Racine est « raisonnable ». a) Il veut des intrigues simples, réprouve l'excès d'imagination et l'extravagance de Corneille.

(Préface de Britannicus.) b) Il peint des passions fortes, telles qu'elles sont dans la nature et non des sentiments chimériques.

Profondeur de sa psychologie. c) Il respecte la vérité morale, en' montrant les effets douloureux et funestes des passions coupables. 3.

Le Romantisme exalte l'imagination et la passion. a) L'imagination ne connaît plus de frein : intrigues invraisemblables, souvent absurdes et choquantes (Hernani, Ruy Blas, Lélia, Jocelyn). b) La passion est déchaînée et même divinisée. c) Le théâtre devient spectaculaire : la couleur locale selon Victor Hugo. 4.

A la sobriété classique, le Romantisme fait succéder la luxuriance du style. Conclusion.

— Cette discipliné intérieure sur les forces tumultueuses de l'âme est bien le secret de la perfection classique. DÉVELOPPEMENT On sait que, pour les classiques, la raison, faculté maîtresse de l'homme, doit discipliner notre nature et, chez l'artiste, les facultés poétiques : l'imagination et la sensibilité.

Sans elles, rien ne saurait être fait dans le domaine de l'art.

Boileau l'a déclaré, au seuil de son Art Poétique : pour être poète, il faut d'abord des dons innés : C'est en vain qu'au Parnasse un téméraire auteur Pense de l'art des vers atteindre la hauteur.

Si son astre en naissant ne l'a formé poète... Mais ces puissances d'invention et d'émotion, il faut les gouverner.

D'où l'idée d'ordre, de règle, de proportion, d'harmonie à laquelle se ramènent tous les préceptes de Boileau.

Surmonter les obstacles qui s'opposent à la perfection de l'œuvre d'art, c'est ce qu'un critique contemporain formule d'une façon originale; c'est, selon lui, remporter « une victoire sur le romantisme intérieur », cette espèce de force insurrectionnelle qui veut échapper aux conditions normales de la vie et qui, permanente dans l'homme, a éclaté dans le romantisme historique.

L'école classique, en général, chaque classique, en particulier, a remporté cette victoire-là, en évitant de s'abandonner aux excès de l'imagination et de la sensibilité. Voyez Boileau, le chef de chœur, et sa campagne contre les mauvais auteurs, les précieux et les burlesques.

Cette turbulente génération Louis XIII, qui fut justement si goûtée de nos romantiques, était richement douée pour la poésie, mais ne sut pas endiguer sa verve, épurer son goût, ni dans le comique, ni dans le « tendre », ni dans le sublime (Scarron, Scudéry, Chapelain, Quinault).

Au contraire, Molière, La Fontaine, Racine, Boileau, ne permettent pas à leurs facultés poétiques de s'égarer hors du vrai et du naturel. Racine déclare que la tragédie doit être « raisonnable ».

Qu'est-ce à dire ? Que l'auteur ne doit pas, quelque tentant que ce soit pour son imagination (Corneille s'y est laissé séduire), sortir des limites du vraisemblable; vraisemblance historique, vraisemblance psychologique, qu'il s'agisse du sujet et des circonstances du drame, qu'il s'agisse des caractères.

Dans la Préface de Britannicus (1670), il définit la tragédie : « une action simple, chargée de peu de matière, et qui, s'avançant par degrés vers sa fin, n'est soutenue que par les intérêts, les sentiments et les passions des personnages.

» Loin de chercher des effets de surprise et d'étonnement dans des événements extraordinaires, le poète de Bérénice soutient que « l'invention consiste à faire quelque chose de rien ».

Il évite « de rien mettre sur le théâtre qui ne soit très nécessaire.

Les plus belles scènes sont en danger d'ennuyer, du moment qu'on peut les séparer de l'action et qu'elles l'interrompent au lieu de la conduire vers sa fin.

» (Préface de Mithridate.) D'autre part, la peinture des passions est d'une énergie, d'une profondeur qui n'a jamais été égalée.

L'amour violent, jaloux et criminel : Hermione, Oreste, Roxane, Phèdre ; l'ambition féminine, vaniteuse et tyrannique : Agrippine, Athalie ; l'amour maternel, tendre et dévoué : Andromaque, ou farouche et furieux : Clytemnestre ; la perfidie : Narcisse ; la cruauté sadique : Néron.

Mais, à aucun moment, le poète ne commet la faute de laisser s'obscurcir le jugement moral : il ne pactise pas avec des personnages coupables, nulle connivence entre l'auteur et ses héros; sa peinture strictement objective ne nous incline pas à les absoudre, à les excuser : si certains nous font pitié, d'autres nous font horreur. Avec le romantisme, tout change.

Depuis Rousseau, l'imagination est reine, la passion est sacrée.

Leurs droits sont absolus.

Nulle règle ne saurait contre eux prévaloir.

Saint-Preux, Julie, Atala, René, Hernani ou Ruy Blas, Indiana ou Lélia sont intéressants, poétiques, dans la mesure où ils sont entraînés par la fatalité d'un amour (ou d'une haine) qu'ils subissent avec terreur...

et délice (« Levez-vous, orages désirés...

», dit René : « Je suis une force qui va »,. »

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