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Le châtiment peut-il être le moyen d'une éducation véritable ?

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« VOCABULAIRE: ÉDUCATION (n.

f.) 1.

— Processus consistant en ce qu'une ou plusieurs fonctions se développent graduellement par l'exercice et se perfectionnent. 2.

— Suite des opérations par lesquelles des adultes développent les qualités de l'enfant ( apprentissage, enseignement ; l'éducation a un caractère global). 3.

— Résultat de 1 ou de 2. MOYEN: Ce qui sert à la réalisation d'une fin: "La fin justifie les moyens." [Introduction] « L'homme est la seule créature qui soit susceptible d'éducation », disait Kant.

Tandis que les animaux reçoivent de la nature, sous la forme de l'instinct, tout ce qui leur est nécessaire, l'homme vient au monde dépourvu de tout bagage instinctif.

C'est donc son éducation qui le rend véritablement un homme.

Mais comment convient-il de l'éduquer ? L'éducation doit-elle laisser une place importante à la contrainte et même au châtiment ? Ou bien doitelle s'appuyer sur des moyens moins coercitifs ? C'est ce que nous allons examiner en nous demandant d'abord si une éducation peut véritablement se passer de toute sanction, puis nous rechercherons quelle place celle-ci doit occuper et nous examinerons enfin ce qui peut constituer une éducation véritable. [I.

Une éducation peut-elle se priver de tout recours au châtiment ?] Le châtiment consiste en une répression d'un acte jugé mauvais.

C'est, en termes de justice, la menace à laquelle tout coupable doit s'attendre en réponse à une faute.

En termes d'éducation, on parlera plus volontiers de punition ou de sanction.

Tous ces termes s'opposent à la notion de récompense.

Ainsi l'enfant comme l'élève peut-il redouter de ses parents ou de ses maîtres une sanction s'il ne se conduit pas bien.

Le châtiment ou la sanction punissent la faute comme la récompense ou les félicitations rétribuent la bonne action.

On pourrait rêver d'une éducation qui n'aurait jamais recours à la sanction.

Celle-ci intervient, en effet, toujours lorsque les autres moyens d'éducation ont échoué.

Prenons l'exemple d'un enfant qui, dans la cour de l'école, ne cesse d'importuner l'un de ses camarades plus faible que lui.

Ses parents comme ses maîtres lui ont assurément appris au cours de son éducation qu'aucune vie sociale ne pouvait être possible sans respect mutuel, que jamais la force ne pouvait faire la loi et qu'en conséquence son action était intolérable.

Pourtant en dépit des leçons et des remontrances, l'enfant continue de persécuter son camarade.

Que peuvent faire ses éducateurs sinon recourir à la sanction ? Celle-ci est en quelque sorte la partie négative de l'éducation, celle à laquelle on préférerait ne pas avoir à recourir, mais qui devient nécessaire dès lors que tous les autres moyens ont échoué.

La sanction est une sorte de dernier recours.

Dans une communauté d'hommes parfaits, on n'aurait sans doute pas besoin de recourir au châtiment, mais l'homme est ainsi fait qu'il ne sait pas – surtout dans son jeune âge – toujours bien se servir de sa propre liberté.

« L'homme est fait d'un bois si noueux qu'on ne peut y tailler des planches bien droites », disait Kant.

Ainsi, sanction et punition sontelles souvent inévitables au sein de l'éducation. [II.

L'éducation ne repose-t-elle que sur la sanction ?] Nous venons de voir qu'il était difficile de concevoir une éducation qui éviterait tout recours à la sanction, mais estce à dire que le châtiment doit occuper dans l'éducation une place décisive ? Doit-on suggérer aux parents et aux éducateurs de suivre la recommandation que le roi Henri IV donnait au précepteur de son fils : « Je veux qu'on le fouette bien » ? Souhaite-t-on que les châtiments corporels retrouvent la place qu'ils occupaient jadis à l'école ? Il n'est pas certain que de semblables méthodes soient de nature à éduquer véritablement l'enfant.

Le recours au châtiment s'apparente en effet plus au dressage qu'à l'éducation.

« On peut, disait Kant, ou bien dresser, façonner, instruire l'homme d'une manière toute mécanique, ou bien l'éclairer véritablement.

On dresse des chevaux, des chiens, et l'on peut aussi dresser des hommes.

» Mais, poursuivait-il : « Il ne suffit pas de dresser les enfants, il importe surtout qu'ils apprennent à penser.

» L'éducation par le châtiment est essentiellement fondée sur la crainte.

Or, cette dernière ne peut, à elle seule, être formatrice.

Elle peut tout au plus détourner mécaniquement l'enfant de mal faire, mais non lui apprendre comment bien choisir à l'avenir.

Cette forme de dressage reste la partie négative de l'éducation.

Si elle s'avère parfois nécessaire, elle ne saurait jamais être suffisante.. »

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