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L'art peut-il transfigurer le banal ?

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« Analyse du sujet : Art: en latin, le terme ars traduit le mot grec technê.

L'art est avant tout une aptitude à faire quelque chose.

Il désigne aussi bien la technique, le savoir-faire que la création artistique.

Ainsi, il désigne autant l'œuvre de l'artisan qui maîtrise un art, que l'œuvre de l'artiste dont le talent lui permet de créer.

Dans son sens esthétique, l'art est l'expression créatrice et désintéressée du beau.

La création artistique s'affranchit de l'utile et n'a pas de finalité déterminée à l'avance. Pouvoir : marque la capacité ou son absence.

En l'absence de négation, le verbe pouvoir évoque la possibilité d'accomplir quelque chose. Transfigurer : du latin transfigurare, transformer.

Changer l'aspect, la nature de quelque chose en lui donnant un caractère éclatant, magnifique. Banal : Est banal ce qui est commun, ordinaire, sans originalité. Problématique : Ce sujet met en avant le rapport de l'art avec un aspect particulier de la réalité : le banal, c'est-à-dire l'aspect ordinaire et sans éclat du monde, ce qui passe inaperçu, qu'on ne remarque pas ou plus parce qu'il ne possède pas les qualités suffisantes pour étonner, pour retenir l'attention, pour être mis en avant.

Ainsi, cette question, qui interroge sur les capacités et la fonction de l'art, oppose les deux termes par l'intermédiaire du verbe d'action « transfigurer ».

L'art est supérieur au banal car l'art est digne d'être regardé, il suscite un intérêt, il est remarquable et s'expose aux sens en s'imposant à eux.

On s'interroge donc ici sur le pouvoir de l'art, sur son action éventuelle sur la banalité qui représente notre rapport quotidien au monde.

L'art a t-il la faculté d'agir, de transformer la réalité, de la rendre autre que ce qu'elle est ? L'art a t-il le pouvoir de rendre le banal extraordinaire et digne d'attention, autrement dit de faire perdre au banal l'essence même de sa banalité, de ce qui le constitue ? On peut enfin se demander si l'art peut agir sur le banal en soi en le transformant ou si c'est le regard que l'on porte sur le monde qu'il modifie.

Autrement dit, l'art a t-il la capacité de rendre le banal différent et autre que lui-même ou peut-il seulement agir sur l'homme et sur son rapport à la réalité et au quotidien ? Proposition de plan : 1- l'art n'a pas le pouvoir de transfigurer le banal · Dans la conception classique, héritée de la culture de la Grèce antique, l'art est une simple reproduction, imitation de la vie réelle qui de ce fait ne correspond pas à la création d'un autre monde mais à la répétition d'un modèle. · Les créations artistiques nous renvoient à la « vraie vie », à la « réalité » concrète de notre existence : au lieu de créer quelque chose de nouveau, l'art nous confine à l'intérieur de ces mêmes limites. · Platon : critique de l'art d'imitation (mimésis) dans La République.

L'art illusionne, il ne révèle rien mais imite le réel de façon trompeuse. · Si l'art n'est qu'une imitation alors il ne peut pas être capable de transformer le banal.

Au contraire, il est plutôt chargé de le représenter comme tel. · Aristote, La Poétique : l'art imite la nature tout d'abord dans un désir de connaissance puis par plaisir de contempler des imitations. · L'idéal du réalisme : Stendhal : « un roman : c'est un miroir que l'on promène le long du chemin », c'est-à-dire une fidèle reproduction de la réalité qui rend compte du monde dans lequel on vit. · Ainsi, l'art est une copie, un moyen de connaître le réel et sa vérité.

Cependant, peut-on vraiment en rester à ce stade réducteur de l'art comme simple imitation, duplicata de la réalité ? 2- De la figuration à la transfiguration : · Hegel, L'Esthétique : l'art « idéalise la nature », la beauté artistique est supérieure à la beauté naturelle parce qu'elle est l'incarnation de l'esprit humain et de la liberté. · En effet, grâce au travail de l'artiste, la réalité est élevée au niveau de l'idée.

Ainsi, l'art donne du sens à ce qui est insignifiant. Il met l'idée dans le sensible. Évolution de la peinture : passage d'un idéal figuratif à un idéal abstrait. L'art moderne : L'art moderne transfigure le banal : des objets ordinaires et quotidiens sont mis en scène de façon à ce devenir dignes d'intérêt.

Le banal comme tel est mis en avant. La photographie et le cinéma représentent le réel et le banal mais ils ont le pouvoir de les transfigurer car ils dévoilent un monde unique et original. 3- L'art parvient à transfigurer le banal par le biais de notre regard : L'art peut transfigurer le banal parce qu'il nous apprend à voir.

Bergson : « Nous avions aperçu sans apercevoir », l'art nous permet donc de réapprendre à voir le monde et l'artiste qui voit mieux que les autres nous fait voir ce que nous ne voyons pas seul. Notre perception du monde est transformée et de ce fait c'est le banal qui est transfiguré. En effet, en représentant le banal, l'art d'une certaine manière le met en avant.

En conséquence, le banal devient l'objet de l'attention et de la contemplation, il est exposé aux regards, on le remarque pour ce qu'il est.

Ainsi, il perd son caractère banal : il est transfiguré par l'art non pas au sens où il est forcément rendu plus beau et plus merveilleux mais simplement parce que l'artiste l'a approché d'une manière particulière et éveille notre regard. Ainsi, l'artiste nous présente une réalité nouvelle et fait sortir notre regard de son cadre habituel et de son approche accoutumée.

Il réveille notre attention sur des choses quotidiennes que nous ne voyons même plus, que nous ne prenons plus le temps d'observer. L'art nous sort de la préoccupation utilitaire du quotidien.

Notre regard sur le monde est neuf, il est transformé et de ce fait c'est un autre monde qui s'ouvre à nous : un monde transfiguré. Conclusion : Ainsi, l'art a t-il le pouvoir de transfigurer le banal.

Transfigurer le banal ne signifie pas forcément le rendre beau et merveilleux.

D'une part, l'art transfigure le banal parce que la représentation que l'artiste propose du monde ne s'arrête pas au stade de l'imitation.

Elle incarne son regard, sa perception et son originalité.

D'autre part, en nous confrontant au banal, comme dans le cas de l'art moderne, l'artiste éduque notre regard, il transfigure le banal en le faisant apparaître comme tel et par là même en le rendant digne d'attention. C'est donc à la fois par le regard que l'artiste porte sur le monde et par le biais de la relation qui existe entre l'œuvre et le spectateur que l'art peut transfigurer le banal.. »

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