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L'art peut-il ne viser que l'éphémère ?

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« Voilà un sujet chausse-trappe et difficile, qu'il vaut peut-être mieux éviter à l'examen.

En effet, il acquiert plusieurs significations possibles, selon la façon d'aborder et de traiter les définitions des mots.

Il est clair que l'art, créateur de choses belles, cherche à fixer dans la durée, en s'inspirant de l'événementiel, des réalités, des objets, des idées, qui sont, par essence, passagers, provisoires, fugaces.

La question posée est alors la suivante : l'art peut-il rester borné à un objectif limité ou doit-il et peut-il s'en éloigner? Mais vous pouvez aussi déduire de vos définitions que l'art, si l'on s'en tient à la question posée, a pour objectif d'être lui-même passager, fugace, provisoire, ce qui semble absurde. Quel est donc le sens acceptable du sujet? Est-il possible et légitime que l'art, c'est-à-dire la création de choses belles, destinées à fixer, en s'en inspirant, ce qui est fugace, passager, provisoire, reste borné à cet objectif? Questions soulevées par l'intitulé : Si l'art prend comme objet de sa visée l'éphémère, ne se borne-t-il pas uniquement à exprimer les réalités naturelles et immédiates? Mais l'artiste ne tend-il pas, en réalité, à se servir de ces apparences pour exprimer une vérité inexprimable autrement? Ne cherche-t-il pas, à travers sa création, à exprimer le spirituel, la vie de l'esprit? Dès lors, l'art ne tend-il pas à échapper spontanément au fugace, au provisoire? Est-il légitime, en particulier, que la création de choses belles ne se dépasse pas vers l'infini? L'art ne se situe-t-il pas toujours entre l'instantané et l'éternel ? Peut-il participer à l'un sans se relier à l'autre, d'un seul et même mouvement? Ces questions sont importantes, et même décisives, mais leur enjeu est si vaste et si mal délimité qu'il semble difficile d'en faire un problème philosophique à proprement parler. Problème : Il est une question beaucoup plus précise et porteuse d'enjeux artistiques décisifs : si l'art ne vise que l'éphémère, ne perd-il pas alors tout terme de référence et ne sombre-t-il pas dans le relativisme absolu? Cette dernière question est grosse, notons-le, d'enjeux quasi existentiels : si l'art ne vise que l'éphémère, pourquoi les Passions de Bach nous bouleversent-elles à ce point? Faut-il penser qu'elles mettent en cause un état physique du corps, un simple aspect de la sensibilité? N'est-ce pas tomber dans le relativisme le plus plat? De même pour le Don Giovanni de Mozart : dans les grands accords solennels de l' Ouverture, n'est-ce point le Sacré et la Mort qui sont saisis ? Si l'oeuvre de Mozart nous subjugue, c'est qu'elle est grosse de transcendances. Le problème est donc porteur d'une interrogation fondamentale et d'enjeux existentiels cruciaux.

L'intérêt pratique ou théorique conduit à la définition du problème. Si l'art prend comme objet de sa visée l'éphémère, ne se borne-t-il pas uniquement à exprimer les réalités naturelles et immédiates ? Mais l'artiste ne tend-il pas, en réalité, à se servir de ces apparences pour exprimer une vérité inexprimable autrement ? Ne cherche-t-il pas, à travers sa création, à exprimer le spirituel, la vie de l'esprit ? Dès lors, l'art ne tend-il pas à échapper spontanément au fugace, au provisoire ? Est-il légitime, en particulier, que la création de choses belles ne se dépasse pas vers l'infini ? L'art ne se situe-t-il pas toujours entre l'instantané et l'éternel ? Peut-il participer à l'un sans se relier à l'autre, d'un seul et même mouvement ? Ces questions sont importantes, et même décisives, mais leur enjeu est si vaste et si mal délimité qu'il semble difficile d'en faire un problème philosophique à proprement parler.

La question posée est alors la suivante : l'art peut-il rester borné à un objectif limité ou doit-il et peut-il s'en éloigner ? Est-il possible et légitime que l'art, c'est-à-dire la création de choses belles, destinées à fixer, en s'en inspirant, ce qui est fugace, passager, provisoire, reste borné à cet objectif? Il est une question beaucoup plus précise et porteuse d'enjeux artistiques décisifs : si l'art ne vise que l'éphémère, ne perd-il pas alors tout terme de référence et ne sombre-t-il pas dans le relativisme absolu? 1) L'œuvre d'art contemporaine, œuvre éphémère ? On peut se demander si l'œuvre d'art n'a pas aujourd'hui pour irrévocable destin d'être impossible, démantelée, anéantie dans un pseudo- savoir.

On peut penser néanmoins que le concept d'œuvre peut survivre à ces réflexions, comme la réalité de l'œuvre survit à ces pratiques.

Non qu'il faille faire machine arrière : l'œuvre aujourd'hui n'est plus, ne peut plus être ce qu'elle a été ; les mutations de la pratique artistique évoquées précédemment sont irrécusables, et elles ont produit un changement tout aussi décisif du sens et de la fonction de l'art.

Mais il n'est pas sûr pour autant que la philosophie doive proclamer la mort de l'œuvre : reste l'opération, individuelle ou collective, et souvent le produit de cette opération, attestés par une expérience qu'il faut bien encore spécifier comme esthétique.

L'œuvre n'est pas nécessairement objet, comme la statue ou le monument.

Ne peut-elle aussi être événement ? Au vrai, l'œuvre a toujours été solidaire de l'événement : si elle s'accomplit comme objet esthétique, c'est dans l'événement de l'exécution, de la représentation, de la lecture, du regard ; sa vérité ne vient au jour que dans l'instant ou elle est jouée, où le sensible se recueille dans une conscience.

Et c'est bien pourquoi il faut souhaiter et vouloir que l'art sorte des musées et investisse l'ambiance de la vie quotidienne.

Mais si, dans l'épiphanie de l'œuvre, l'avènement de l'objet esthétique est événement, peut-on dire que l'événement soit. »

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