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L'art peut-il défier le temps ?

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« INTRODUCTION Le langage courant évoque volontiers le caractère éternel des oeuvres d'art.

Doit-on y entendre sérieusement la possibilité, pour (ou par) l'art, d'échapper au temps — ou du moins de le défier — alors même que toute action humaine est par définition inscrite dans le temps? I.

CE QUI PEUT DÉFIER LE TEMPS, CE N'EST PAS LA PRATIQUE ARTISTIQUE, C'EST PEUT-ÊTRE SON RÉSULTAT — Comme toute activité, la réalisation des oeuvres d'art s'effectue dans le temps et exige une certaine durée. — Tailler le marbre, rédiger un roman (Flaubert: dix ans pour Salammbô!), composer une symphonie, ne saurait avoir lieu instantanément.

Même lorsque la pratique artistique joue sur le non contrôle, l'absence de plan et la spontanéité (par exemple : le dripping chez Pollock), elle a toujours un début et une fin discernables. — Dans l'invention artistique, le temps peut sans doute être vécu de façon particulièrement intense ou «pleine»: on pourrait ainsi opposer le temps (riche) de l'invention au temps (plus pauvre, moins exaltant) du quotidien.

Qu'en est-il dû côté du «consommateur»? II.

LE TEMPS DE LA CONTEMPLATION EST SPÉCIFIQUE — Il est clair que le contact avec l'art s'inscrit « de biais» par rapport au temps ordinaire.

Si la plupart des oeuvres exige un c o n t a c t prolongé (audition d'une symphonie, lecture d'un roman, spectacle d'un ballet, etc.), elles nous introduisent dans une temporalité qualitativement autre. — D'où l'interprétation fréquente (et insuffisante) de l'oeuvre comme délassement ou «divertissement» (au sens pascalien), favorisant la suspension, l'oubli, la mise entre parenthèses momentanée des soucis et tracas quotidiens. — La contemplation esthétique peut procurer une certaine exaltation, donner le sentiment d'une expérience particulièrement dense, relativement à laquelle la temporalité ordinaire apparaît décevante, en retrait. — L'art nous fournit ainsi l'occasion d'échapper à c e que la temporalité peut avoir de trop régulier: l'expérience esthétique est expérience de la variabilité des repères temporels, le temps y passe plus ou moins vite, il y connaît des condensations ou au contraire des étirements, des dilatations peu communs dans 'le quotidien (en dehors des moments d'émotion intense). III.

L'OEUVRE EST CEPENDANT DANS LE TEMPS, ELLE EN SUBIT LES EFFETS — L'oeuvre elle-même, dans sa matérialité, est pourtant inscrite dans une historicité (des formes, des styles).

Mais elle s'offre à nous à la fois comme présente (au présent) et venant d'une autre époque (et c'est cette confusion qui suscite le jugement ordinaire sur son «éternité », c'est-à-dire de sa façon d'échapper à la définition de son présent initial, aux événements qui en furent contemporains). — Les oeuvres d'art sont de surcroît soumises à un certain nombre de modifications et de dégradations (naturelles ou d'origine culturelle).. »

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