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L'art modifie-t-il notre rapport à la réalité ?

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« VOCABULAIRE: ART: 1) Au sens ancien, tout savoir-faire humain, toute pratique produisant un résultat non naturel (artificiel).

2) Au sens esthétique moderne, production ou création d'oeuvres destinées à plaire (beaux-arts), c'est-à-dire à susciter par leur aspect, une appréciation esthétique positive. Réalité / Réel : Réalité: * Caractère de ce qui a une existence concrète, par opposition aux apparences, aux illusions ou aux fictions de notre imagination. * Ensemble des choses et des faits réels. Réel: * Comme adjectif : qui existe effectivement, et pas seulement à titre d'idée, de représentation ou de mot (exemple : un pouvoir réel). * Comme nom : l'ensemble des choses qui existent, le monde extérieur (synonyme : réalité). [Introduction] Parce que l'art a la réputation d'être inutile, on admet volontiers qu'il n'a pas grand rapport avec la réalité, et propose plutôt une sorte d'univers en marge du réel, qui ne saurait influer sur ce dernier.

On peut également juger que les oeuvres, en nous éloignant précisément de la réalité telle que nous la vivons quotidiennement, nous permettent d'en oublier les problèmes.

Doit-on se contenter de considérer l'art de cette façon ? Peut-on au contraire estimer que son rapport avec le réel n'est pas seulement de marginalité, ou de fuite, et qu'en fait, il nous permet de percevoir autrement ce réel ? [L'art comme illusion positive] Si les philosophes s'obstinent à réfléchir sur l'art et à tenter d'en cerner la nature, c'est peut-être qu'ils y devinent des pratiques susceptibles de rivaliser avec la philosophie elle-même, dans la manière qu'elles ont de nous informer sur ce que nous nommons la réalité.

De plus l'art aurait sur tout discours philosophique l'avantage de l'immédiateté et du sensible. C'est ainsi que Platon dans la "République" dénonce l'art comme illusion et l'artiste comme un illusionniste (développez ce point avec les remarques ci-dessous). Toute illusion, réplique Nietzsche, n'est pas négative ou inutile.

L'esprit se croit-il assez résistant pour supporter la cruauté de la réalité ? L'illusion lui est bien nécessaire, qui rend supportable la dureté de la vie.

La grandeur irremplaçable de la tragédie grecque a précisément consisté à nous montrer à quel point l'esprit apollinien et l'esprit dionysiaque sont liés, combien la conscience individuelle doit aussi s'évanouir périodiquement dans l'ivresse ou la mort: dure vérité, qui correspond sans doute" au "coeur" même du réel et à ce qu'il a de plus profond, mais que seul l'art peut mettre à notre portée, en la voilant quelque peu.

ainsi, c'est en se détournant en apparence de la réalité et du quotidien que l'oeuvre nous entretient à sa façon de ce qui les fonde. Notre rapport au réel peut en effet varier: ordinairement, nous ne nous intéressons qu'à ce qui peut nous être utile. Nous avons sur le "réel" une visée fonctionnelle, qui n'en conserve que certains aspects ou certaines qualités, et en néglige bien d'autres.

Si je ne considère un champ ou un jardin que pour gagner du temps en le traversant, il y a peu de chances pour que je sois attentif à ses couleurs, à ses odeurs.

Ainsi mon rapport quotidien avec le réel est-il incomplet, et l'oeuvre d'art vient précisément m'en révéler des aspects que je ne soupçonnais pas.

Bergson a insisté sur cet aspect, pour faire de l'artiste un "voyant" qui nous autorise à mieux voir le réel à notre tour. La dépréciation Platonicienne de l'art. Platon montre que l'image artistique est doublement inadéquate, à la fois à l'être (à l'Idée) et à l'étant (à la chose représentée).

Que l'on compare, pour reprendre l'exemple du livre x, un lit fait par un menuisier, et un lit peint par un peintre.

L'artisan qui veut fabriquer un lit doit se référer en pensée à l'Idée du lit, se soumettre à ce qu'exige un tel ustensile, obéir à ses conditions d'utilisation.

Le peintre pourra se contenter de quelques traits et ombres qui évoqueront un lit.

Il lui suffira pour produire une vue du lit d'en donner une «apparence» (l'apparence de sa matérialité) sans se préoccuper de sa Forme, de son Idée, où se trouve inclus l'usage possible du lit: qu'on puisse s'y allonger.

Pour produire son image, l'artiste n'a pas à remonter à l'Idée.

Mais, en outre, Platon s'appuie sur le postulat réaliste qui veut qu'un lit dont on peut se servir est supérieur à un lit qu'on peut seulement regarder, et encore toujours sous le même angle.

L'art est ainsi condamné comme inadéquat à l'étant, autant qu'à l'être. Mais l'art n'est-il pas au moins respectable sinon admirable parce qu'il est difficile ? Non, rien de plus simple, dit Socrate, que de produire comme le fait un artiste.

Il suffit pour «produire » de cette façon de prendre un miroir et de le « promener en tous sens ».

Alors naîtront aussitôt des « apparences » (phaïnomena) de toutes choses.

L'art est ainsi déprécié à la faveur d'une affirmation surprenante: l'image artistique n'est qu'un reflet dans un miroir, une illusion sans substance.

Platon feint d'ignorer qu'il existe une technique du dessin, un art de la couleur.

La théorie du miroir évacue toute la matérialité de l'art.

L'artiste est assimilé à un charlatan dépourvu de « toute espèce de métier ».

Ce qu'il « produit », tout le monde peut le produire, et ce n'est pas une opération très difficile.

« Tu pourrais le produire toi-même, dit Socrate à Glaucon, d'une certaine façon et qui n'est pas compliquée,[...] pourvu qu'un miroir à la main tu veuilles le promener dans toutes les directions, tu auras vite fait de produire un soleil, vite de produire une terre, vite de te produire toi-même, tout comme le reste, animaux, objets fabriqués, plantes.

» L'artiste est. »

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