Aide en Philo

L'art a-t-il une valeur éducative ?

Extrait du document

« Le terme « éduquer » vient du latin educare (ex-ducere) et signifie « prendre soin de », et désigne également l'action de « faire croître », « d'élever ».

La difficulté pour définir ce terme provient de son important degré de généralité : l'éducation correspond à la formation d'un individu, à divers niveaux (on parle ainsi indifféremment d'éducation religieuse, morale, sociale, technique, scientifique…).

En ce sens, il est malaisé de le distinguer d'un terme au signifié voisin : « enseigner », qui désigne un mode de transmission d'éducation précis : celui de la transmission de connaissances à l'aide de signes.

Si l'enseignement est un mode d'éducation particulier, cela signifie que l'éducation est un enseignement, mais qu'elle est aussi plus que cela.

L'éducation est par conséquent à la fois transmission de savoirs, mais elle est également formation du savoir être de l'individu, qui, par le moyen de l'éducation, acquiert la faculté de vivre en société, parmi les autres hommes.

C'est ainsi qu'un homme « bien éduqué » est à la fois un homme qui a une instruction importante, mais aussi une capacité développée à vivre avec ses semblables.

Enfin, nous pouvons dire que l'éducation est également formation du savoir faire de l'individu, c'est-àdire de ses compétences et de ses habiletés pratiques Ainsi, se demander si l'art a une valeur éducative, c'est chercher à déterminer s'il est le moyen approprié pour parvenir à la formation des savoirs, du savoir-être et du savoir faire de l'individu. I.

L'art, moyen approprié de la formation du savoir ? a. L'art n'a pas de valeur éducative, car il ne nous fait pas connaître les réalités qu'il représente Si l'art a une valeur éducative, alors il est non seulement l'activité pratiquée par quelqu'un qui détient un savoir (il faut le posséder soi même pour pouvoir le délivrer aux autres) en même temps qu'il est un moyen d'accroître chez autrui la somme de ses connaissances.

C'est précisément contre ces deux présupposés que s'élève Platon dans la République : non seulement l'artiste ne détient pas le savoir de ce qu'il représente (il peut peindre la production d'un menuisier, sans rien connaître à l'art du menuisier) ; mais les produits de son activité ne délivrent aucune connaissance.

En effet, l'œuvre d'art est éloignée « de trois niveaux de ce qui est réellement » (La République, Livre X, 598b).

Car Platon distingue entre trois niveaux de réalité : ce qui est réellement (la forme intelligible) ; le phénomène existant (celui que nous apercevons de manière sensible) ; et le simulacre (la copie artificielle du phénomène existant).

Pour Platon, l'art n'a pas de valeur éducative, car il ne produit que des faux semblants. La philosophie de l'art commence avec Platon par une condamnation.

Il faut renvoyer les poètes hors des murs de la Cité.

Socrate rejette les discours écrits pour privilégier la parole, et la peinture n'est tenue que pour une imitation dégradée et inférieure d'une réalité par ailleurs déjà imitée des Idées.

Par ailleurs, poésie, peinture et musique ne sont pas sensées exprimer la beauté.

Si l'art est condamnable, c'est qu'il est fondé sur la mimêsis, l'imitation.

Les choses sont, et elles sont ce qu'elles sont par l'Idée qu'elles incarnent, qu'elles matérialisent.

L'Idée est l'essence ou l'être vrai de chaque chose.

L'artisan fabrique des ustensiles en vue d'une Idée, il imite le modèle idéal pour en faire une chose.

Pour tout produire de la sorte, il suffirait de promener un miroir tout autour de nous pour restituer l'image exacte des choses.

La "production" artistique se dit poiein : rendre présent.

Le tableau est un miroir, il ne produit pas les choses dans leur être mais dans leur apparence.

L'artisan quant à lui ne produit pas non plus l'être véritable qui est l'Idée, mais un analogon.

Il y a donc trois degrés à considérer : l'Idée, vraie, naturelle, unique, immuable, parfaite et identique à soi ; les choses ou les objets fabriqués par l'artisan, demiourgos qui incarne l'Idée en de multiples exemplaires ; la peinture des choses qui les reproduit dans leur apparence.

L'artiste est donc plus éloigné de la vérité que l'artisan.

L'art est une imitation du réel, non pas en ce qu'il est, mais en ce qu'il apparaît.

Il n'est capable de produire que des simulacres ou des idoles. Dans la « République » (II), Platon n'est pas loin d'exiler de la Cité idéale les poètes s'ils ne se soumettent pas à la vérité.

Il conteste donc l'autonomie de l'art et la liberté de l'artiste.

Dans le « Phèdre » (248 d-c) Platon établit une hiérarchie des existences humaines en fonction de leur degré de perfection c'est à dire de connaissance.

Il distingue neuf degrés qui vont de la vie philosophique (premier degré) à la vie tyrannique (dernier degré).

L'artiste imitateur occupe la 6e place, l'artisan et le laboureur la 7c, le sophiste la 8e. Pourquoi ? Pourquoi un tel voisinage du sophiste et de l'artiste ? Une telle condamnation de l'art ? 1) Parce que l'artiste comme le sophiste possède un savoir-faire qui est un savoirtromper. a) Poètes et peintres n'enfantent que des fictions.

Les poètes, Homère, Hésiode, ne sont que « faiseurs de contes », en outre contes dangereux car ils véhiculent une fausse image des Dieux et des Héros.

Par exemple, les Dieux sont jaloux, se font la guerre et les pires vilenies.

Or, « la bonté n'appartient-elle pas à ce qui est divinité? » (Rep.379).

D'autre part, représenter les Dieux à l'image de l'homme, ne pas en faire des modèles de vertu, n'est-ce pas encourager le mal? Les peintres et sculpteurs, quant à eux, illustrent les fictions inventées par les premier.

et créditent le mensonge. b) Pour plaire ces fictions doivent avoir l'apparence du vrai.

Le savoir-faire de l'artiste est donc bien semblable à celui du sophiste puisqu'il permet de produire l'illusion du vrai, de présenter comme vrai ce qui ne l'est pas et n'en a. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles