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l'animal s'adapte à la nature, l'homme adapte la nature

Extrait du document

« Introduction.

— La matière brute est régie par un mécanisme rigoureux qui ne lui laisse aucune faculté de choix. Avec la vie, au contraire, apparaît une certaine souplesse, une frappante possibilité d'adaptation.

Mais ce pouvoir de s'adapter n'est pas le même chez tous les vivants : « L'animal s'adapte à la nature, a-t-on dit, l'homme adapte la nature ». Que faut-il penser de cette affirmation ? I.

— L'ANIMAL A.

La faculté que possède l'animal de s'adapter à la nature est incontestable.

La pierre va droit devant elle, entraînée par la pesanteur, jusqu'à ce qu'un accident de terrain la fasse dévier ou l'arrête.

Le chien, au contraire, contourne les obstacles ou les franchit d'un puissant coup de jarret, et lorsqu'un chemin ne le conduit pas au but visé, il en cherche un autre.

A l'approche de l'hiver, dans nos régions, on voit les hirondelles émigrer vers des cieux plus cléments pour revenir aux beaux jours... Les végétaux, eux aussi, manifestent bien une certaine adaptation au milieu naturel dans lequel ils se trouvent: ainsi les racines s'étendent du côté des substances assimilables, les tiges se tournent vers la lumière...

Mais, tandis que les animaux se meuvent, les plantes restent fixées au sol.

Ensuite et surtout les tropismes observés en elles sont mécaniques et ne supposent aucune conscience: l'animal, au contraire, sent, voit désire et, à sa manière, calcule les moyens de réaliser ses désirs.

Il s'effectue en lui tout un travail analogue à celui de l'artisan qui adapte son savoir-faire et ses gestes. B.

Mais il s'en faut que cette adaptation rende compte de tous les comportements des animaux.

D'abord, pour nombre d'entre eux, l'an mal se trouve adapté et certains de ses comportements se rapprochent des tropismes des végétaux plus que de l'adaptation réfléchie de l'homme : c'est le cas des réflexes, comme celui du petit poussin qui, d'un coup de bec, brise sa coquille, ou du mammifère qui naît sachant téter ; au-dessus, moins loin de l'adaptation intelligente, les comportements instinctifs, si remarquables chez les insectes, qui constituent des préadaptations innées, assez souples toutefois pour se combiner avec des adaptations ultérieures aux circonstances particulières. Ensuite, certains animaux adaptent la nature à leurs besoins : les oiseaux construisent des nids, les lapins et les renards creusent des terriers, les araignées tissent les pièges à mouches que sont leurs toiles, les abeilles et les fourmis accumulent des réserves pour l'hiver... Toutefois, en dehors des mystérieux savoir-faire instinctifs des insectes, la faculté d'adaptation de la nature est bien réduite chez l'animal et ne saurait être comparée à celle de l'homme. II.

— L'HOMME A.

C'est bien une de ses caractéristiques essentielles : l'homme adapte la nature : d'abord à l'assouvissement de ses besoins organiques, ensuite, à mesure qu'il se civilise, à la satisfaction de désirs d'un ordre plus élevé, esthétiques, spirituels, altruistes, etc. Le comportement des primitifs différait assez peu de celui des animaux : ils utilisaient les choses de la nature sans grande modification.

Ils vivaient de cueillette et de chasse, s'abritaient dans les cavernes. L'adaptation de la nature débuta par la découverte et la fabrication d'outils aussi simples qu'une pierre emmanchée pour servir de massue ou mieux taillée en forme de grattoir, de hache ou de flèche.

Cet outillage fut grandement perfectionné lorsque à la pierre fut substitué le métal, grâce auquel purent être fabriqués des instruments beaucoup plus pratiques et beaucoup plus complexes.

Le fer, par exemple, fut adapté aux divers travaux agricoles, industriels et autres : ici faux, bêche ou charrue ; là scie, tarière ou varlope ; chez le forgeron, matière première de toutes les fabrications. Munie de tout un arsenal d'instruments, l'humanité adapta la planète à ses besoins.

Elle défricha le sol pour lui faire produire les denrées dont elle avait besoin, sélectionna les espèces animales et végétales pour obtenir un meilleur rendement.

Après s'être revêtu de peaux de bêtes, l'homme adapta le poil des animaux et les fibres végétales à la fabrication de tissus dont il fait des habits.

La caverne des troglodytes fut remplacée par des huttes puis par des maisons en pierre groupées en villages, afin de pouvoir mieux se défendre contre une attaque éventuelle et aussi en vue des relations sociales sans lesquelles il ne saurait y avoir d'existence vraiment humaine. Toutefois cette œuvre d'adaptation fut, durant des millénaires, d'une lenteur extrême.

Elle ne s'accéléra que lorsque des forces naturelles, domestiquées par l'homme, commencèrent à actionner des machines : force du vent, des rivières et des marées, jusque là inutiles ou même destructrices, que la technique humaine adapta à l'entraînement des meules de moulins et des métiers ; houille, pétrole qui dormaient, inertes, dans le sol, et dont la combustion aboutit à la création d'une immensité de force vive et d'énergie électrique, la plus adaptable des énergies. Mais l'homme civilisé conserve une certaine nostalgie de la nature vierge, telle qu'elle était avant qu'il l'adapte à ses besoins.

Il trouve que trop souvent ses ouvrages d'art l'ont enlaidie.

Pour satisfaire ce nouveau besoin, il prend des mesures de préservation de certains sites naturels, interdit le déboisement, ménage dans le voisinage des habitations des îlots de verdure ou même en crée artificiellement.

Dira-t-on qu'il freine l'adaptation de la nature ? Il serait plus juste de voir dans ces mesures la correction d'une adaptation imparfaite. B.

Toutefois l'adaptabilité humaine ne se borne pas au pouvoir de transformer le monde extérieur pour satisfaire ses besoins.

L'homme sait également s'adapter à la nature comme l'animal et même mieux que lui. Comme l'animal, en effet, l'homme s'adapte à la nature.

Avant de la transformer, il tâche de l'utiliser pour le mieux : il s'abrite dans les cavernes, se fait nomade quand l'alimentation de ses troupeaux le demande, se fixe quand !a. »

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