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l'amour est-il compatible avec le bonheur ?

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« Analyse du sujet : Une vie sans amour paraît fade et d'une tristesse sans nom.

Ne pas aimer semble être le propre des pierres (ne diton pas avoir un coeur de pierre ?) ou des gens aigris se privant ainsi de tout accès au bonheur.

L'amour se présente alors comme un sentiment de sympathie très fort, un attachement puissant à quelqu'un ou quelque chose. Mais cet attachement est souvent vécu (et comment ne pourrait-il pas l'être) sur le mode de la dépendance. L'amour renvoie donc à la passion dans laquelle je suis entraîné malgré moi (l'expression « tomber amoureux » illustre cette emprise négative car involontaire dans laquelle se trouve l'amoureux).

Le problème est donc évident : l'amour apporte-t-il le bonheur ou bien nous rend-t-il malheureux ? L'amour est-il immanquablement doté d'une double nature nous faisant osciller entre la souffrance et la félicité ou y a-t-il un moyen de se servir de l'amour afin de l'orienter vers un bonheur certain ? Proposition de plan : 1) L'amour se présente comme un désir fusionnel avec autrui (comme le montre Aristophane dans Le Banquet de Platon).

Aimer c'est trouver sa moitié et ne faire plus qu'un.

L'amour est alors partage et sortie de l'isolement et de l'individualisme.

Ce partage rend heureux car il n'y a pas de bonheur totalement coupé des autres.

L'amour réunit deux être singuliers, séparés et rompt l'indifférence source de morosité.

La rencontre amoureuse implique une affinité, des convenances qui agréent les deux êtres ainsi rapprochés.

L'amour parce qu'il suppose une sympathie, une inclination réciproque, une affection mutuelle alors porte au bonheur. De la plénitude perdue Dans Le Banquet, Platon présente le récit fabuleux suivant : à l'origine, l'humanité comprenait un seul genre de créature, ce que nous pourrions appeler l'androgyne, mixte de mâle et de femelle.

Ces êtres étaient ronds de forme, disposaient de quatre jambes, quatre bras, de flancs circulaires, de deux visages opposés l'un à l'autre sur une même tête ronde, et jouissaient dune force extraordinaire ; leur orgueil immense les poussaient à provoquer les dieux auxquels ils en étaient venus à se comparer.

Zeus décida de mettre un terme à leur indiscipline en les affaiblissant.

Pour ce faire, il les coupa en deux dans le sens de la longueur et chargea Apollon de ramener leur peau sur le ventre (le point de suture qui subsiste est le nombril), ainsi que de tourner leurs visages.

Il s'ensuivit que ces êtres séparés mouraient de chagrin et de malheur, se laissant dépérir auprès de leur moitié distincte.

Pour remédier à ce désastre, Zeus ramena leurs parties génitales qu'ils avaient derrière sur le devant, et ceux-ci purent s'accoupler, soit pour créer un nouvel être unique, soit pour s'accorder un plaisir qui leur offrait pour un moment le bonheur de leur union passée, et l'esprit libre, leur permettait ensuite de vaquer à leurs affaires. Le fond de la nature humaine porterait désormais la trace de cette union ou plénitude originaire, dont le désir d'amour serait la nostalgie.

Désirant l'autre, nous visons ce paradis mythique de la fusion, lorsqu'il n'existait ni séparation ni différence, mais seule une toute-puissance qui nous plaçait à l'égal des dieux.

Suivant ce mythe platonicien, l'essence du désir serait un manque d'être, la recherche d'une totalité, à laquelle il nous est impossible d'accéder, suite à une opération des dieux, sinon par l'expérience fugitive d'une union sexuelle. Le mythe des Androgynes Le discours d'Aristophane est doublement placé sous l'égide d'Empédocle : d'abord par sa référence au principe selon lequel le semblable désire le semblable, ensuite par la valorisation ontologique de la sphère.

Il raconte que, à l'origine, les hommes étaient sphériques et possédaient quatre paires de membres.

Ils étaient de trois genres : les uns masculins, les autres féminins, les derniers, enfin, des deux sexes.

Il est donc abusif de parler du mythe des Androgynes, puisque une seule catégorie relève de ce genre.

Leur puissance était telle qu'ils décidèrent d'escalader le ciel pour renverser les dieux.

Zeus les punit en les divisant en deux par peau sur le ventre et fit une couture en lieu et place du nombril, marque toujours située sous nos yeux de la faute des hommes.

Bien qu'ils aient diminué leur puissance, les dieux tenaient à les garder en vie pour qu'ils continuent à les honorer de leurs sacrifices.

Mais voilà qu'ils dépéris¬sent.

Soit que chaque moitié, désespérée de ne pas retrouver sa partie manquante, se laisse mourir, soit que, s'étant retrouvées, les deux moitiés ne veulent plus se détacher l'une de l'autre et, ne prenant aucun soin de leur survie, finissent par mourir.

Une fois encore, le comble du désir est de mourir d'amour.

Mais le trait comique est de plus en plus accentué.

Et Aristophane nous entraîne dans le carnaval le plus strict —puisque le carnaval a toujours été un moment de victoire de la vie à la faveur d'un mélange de la mort et de la sexualité.

Donc : deuxième opération de chirurgie plastique : Apollon ramène sur le devant le sexe de chaque moitié.

Ainsi est rendue possible la possession sexuelle, d'où résultent une satisfaction et un apaisement du désir permettant de vaquer aux occupations nécessaires à la survie.

Ce mythe est, une fois encore, l'occasion de magnifier les amours homosexuelles et masculines.

Les hommes qui désirent d'autres hommes sont issus d'un être sphérique entièrement masculin dont le modèle cosmologique est le soleil ; les femmes qui désirent les femmes, d'un être entièrement féminin dont le modèle est la terre.

Quant à l'amour hétérosexuel, il est le signe d'une imperfection ontologique, puisque le fait d'un être originairement mixte, dont le modèle est la lune. La tradition a donc vu dans ce mythe l'expression la plus parfaite du désir, dont le but serait de ne faire qu'un avec l'être aimé et, finalement, de nier la différence sexuelle qui le fonde.

En témoigne, aux xviiie et xixe siècles, le mythe de l'Ange androgyne présent chez des illuministes, comme Swedenborg, ou dans de nombreux récits fantastiques.

Le succès de ce mythe tient aussi à la glorification de la sphère, qui, du Sphairos d'Empédocle à la figure géométrique du cercle ou à la forme des planètes, a toujours figuré la perfection d'une sorte de jouissance autarcique.

Le désir ne viserait pas un objet ou un autre, mais soi-même dans l'autre.

Il serait donc de nature narcissique, même dans. »

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