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L'amour du beau s'apprend-il ?

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« L'amour du beau s'apprend-il ? La facilité avec laquelle la beauté peut être reconnue, indépendamment des oeuvres d'art, à des choses ou des personnes spontanément qualifiées de « belles » (un beau paysage) sans même qu'elles présentent forcément un intérêt esthétique (une belle farce) laisse présager de la difficulté rencontrée lorsque la philosophie entreprend de définir le beau de façon normative.

On peut, en effet, soit reconnaître un caractère de beauté aux choses de la nature aussi bien qu'à celles produites par l'homme, soit réserver le concept de beau exclusivement à celles-ci.

De part et d'autre, on peut s'accorder pour admettre que le beau correspond à ce qui suscite chez l'homme une satisfaction spécifique mais dans le deuxième cas, il faut se demander si tous les objets artistiques produits par l'ensemble des cultures humaines à travers leur histoire peuvent répondre à des normes universelles. Il en est de la beauté alors, comme il en est de l'amour : ce sont des mots que nous employons constamment, mais dont le contenu est extrêmement confus.

Nous avons toutes sortes d'opinions sur la beauté.

Le plus souvent, si nous sommes mis au pied du mur pour justifier nos propres opinions, nous nous en tirons par une porte de sortie évasive : de toute façon, la beauté, c'est « subjectif ».

Que l'appréhension de la beauté soit subjective, cela, personne n'en doute ; ce qui fait problème, c'est bien plutôt de savoir ce qui peut bien donner lieu à cette expérience qu'est l'expérience de la beauté.

Y a-t-il des conditions nécessaires, universelles pour que l'expérience de la beauté se manifeste en nous ? La beauté tient-elle à l'objet, ou est-elle seulement dans l'esprit de celui qui contemple ? Après avoir répondu à ces questions nous serons à même de répondre à la question de savoir si l'amour du beau peut s'apprendre. Le relativisme en matière de beauté : Partons de l'opinion et de l'appréhension postmoderne de la beauté.

Nous nous servons assez peu du qualificatif « c'est beau » ; nous préférons souvent des termes plus excessif : « c'est génial !», « c'est nul !», ou plus intellectuels : « c'est intéressant ! ».

De toutes manière, la beauté est un concept qui est relativisé à l'extrême : l'épithète « beau », peut désigner n'importe quoi et sans que l'on sache exactement ce que cela veut dire avec précision.

J'appelle relativisme une doctrine qui dénie une valeur absolue à son objet, pour le ravaler à des conditions relatives.

En matière de beauté, le relativisme prend deux : Le relativisme culturel soutient que la beauté, ce n'est qu'une norme issue de la société, ou d'une culture donnée et qu'il n'y a pas de beauté en dehors de la norme que chacun d'entre nous acquiert dans sa culture.

En bref, la beauté, cela s'apprend, cela s'acquiert.

On apprend dans une culture à trouver beau telle ou telle chose, à trouver laid telle ou telle chose.

L'appréciation de la beauté, ce n'est pas inné, c'est acquis, cela relève de la culture et pas de la nature.

Chaque culture produit ses normes de la beauté et apprends aux hommes à juger en fonction de ces normes.

Le jugement esthétique n'est que l'effet du conditionnement culturel.

Il est le reflet de l'ethnocentrisme le plus ordinaire, le fait que chaque culture s'estime en possession des normes exclusive de bien et du mal, du beau et du laid etc.

Le second aspect du relativisme culturel est son application au phénomène de la mode dans le contexte postmoderne.

En effet le consommateur a été soigneusement conditionné par le matraquage publicitaire à croire que ce qui est à la mode est « beau » et ce qui n'est pas à la mode est « laid ».

Il juge facilement que ce qui est « démodé » est « moche ».

La publicité décrète ce qui est beau et le consommateur obéit à la norme en alignant son jugement sur elle.

Il suffit de changer la norme à chaque saison et on recréer la norme du « beau » et du « laid », et ce qui l'année passée était jugée « laid » devient « beau », par la seule magie d'un conditionnement massif dans l'image publicitaire.

Mais à l'aune de la mode, c'est aussi un concept arbitraire, puisqu'on peut y mettre quasiment n'importe quoi, le consommateur obéissant trouvera toujours que c'est beau, parce que tout le monde en parle, parce qu'on l'a vu à la télé, parce que c'est le dernier gadget à la mode.

Dans ce cas, il est clair que le jugement sur la beauté ne relève pas d'une véritable sensibilité au beau, c'est l'écho du conditionnement collectif. Le relativisme culturel n'a que peu de rapport avec la reconnaissance sensible de la beauté.

A moins de n'être soi-même qu'artifice, à moins de n'avoir de goût que pour ce que la consommation propose, chacun d'entre nous reconnaîtra qu'il est à même de rencontrer la beauté en dehors de toutes les normes culturelles.

Cependant, même en voyant clairement les limites du relativisme culturel, on peut encore tomber dans une autre forme de relativisme.

Le relativisme subjectif en matière de beauté, consiste à dire que la beauté n'est que l'expression de ma sensation individuelle.

« A chacun ses goûts ». « Les goûts et les couleurs, cela ne se discute pas ».

Le concept de beauté est alors une affirmation purement égocentrique. Comme le disait Voltaire, la beauté pour le crapaud, c'est sa crapaude ! C'est relatif à chacun.

Est beau donc, simplement ce qui me fait envie sur le moment, est laid ce qui me dégoûte, me repousse.

Comme je suis en tant que subjectivité, en tant que moi différent d'autrui, je n'ai pas les mêmes goûts que lui.

« A chacun ses goûts ».

Tout ce vaut.

C'est affaire de goût, chacun décrète beau simplement ce qui lui plaît et c'est tout.

Voir, Kant, Critique de la Faculté de Juger, p.959, 967, ed. la Pléida.

Est beau, ce qui m'est agréable, un point c'est tout.

Ce qui veut dire : la beauté, en soi, cela n'existe pas, tout est affaire de désir, d'attirance de répulsion individuelle.

L'idée de beauté varie suivant les individus.

Elle ne peut jamais être universelle, elle est toujours particulière et subjective, comme est particulière et subjective la préférence que défend chaque. »

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