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L'abus de pouvoir est-il inévitable ?

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« Termes du sujet: POUVOIR: Du latin populaire potere, réfection du latin classique posse, «être capable de ». 1° Verbe : avoir la possibilité, la faculté de.

2° Avoir le droit, l'autorisation de.

3° Nom : puissance, aptitude à agir.

4° En politique, ressource qui permet à quelqu'un d'imposer sa volonté à un autre, autorité.

5° Employé seul (le pouvoir), les institutions exerçant l'autorité politique, le gouvernement de l'État. Introduction Lorsqu'un individu investi d'un pouvoir en abuse, soit en dépassant les limites légitimes, soit en le détournant de sa vocation initiale, on hésite souvent entre protestation et fatalisme : l'abus de pouvoir n'est-il pas inévitable, l'homme le plus sage et le plus vertueux, une fois détenteur d'un pouvoir quelconque, ne cède-t-il pas nécessairement à la tentation d'en abuser ? Nous étudierons tout d'abord cette hésitation entre protestation et fatalisme en montrant à quelles conditions l'abus peut être reconnu et dénoncé comme tel.

Nous réfléchirons ensuite aux raisons pour lesquelles on peut affirmer que l'abus est inévitable, puis nous envisagerons les moyens possibles pour éviter ou en tout cas limiter ce phénomène. I.

Protestation et fatalisme. Face aux abus de pouvoir, la protestation spontanée cède vite le pas au fatalisme, surtout lorsqu'on voit tomber dans ce travers des individus que l'on croyait vertueux.

Mais analysons d'abord les conditions qui rendent possible une interrogation sur l'abus de pouvoir. Les conditions de la protestation. Il faut avant tout noter que la question du caractère fatal ou non de l'abus de pouvoir est seconde par rapport au repérage et à la dénonciation de l'abus lui-même.

Pour pouvoir protester contre l'abus, il faut donc supposer que tout pouvoir n'est pas censé devenir absolu, qu'un pouvoir n'est légitime que pourvu d'une limite.

Des esclaves ont-ils un degré de conscience suffisant pour penser la notion d'abus de pouvoir ? Marx et Lénine avaient vu que le premier pas vers la révolution, et peut-être le plus difficile, consiste à permettre aux prolétaires de prendre conscience de leur condition.

Pour penser l'abus de pouvoir, il faut déjà être en mesure de protester. Les modalités de l'abus. Un pouvoir, c'est un ensemble de moyens confiés à un individu en vue d'une fin déterminée.

En abuser, c'est soit en étendre l'application au-delà du cadre initialement prévu, soit la détourner voire la retourner contre la finalité initiale : c'est ainsi qu'un responsable politique peut se servir de son pouvoir pour ses intérêts privés, qu'un supérieur hiérarchique peut utiliser son autorité pour humilier ses subordonnés, etc..

On abuse du pouvoir lorsque l'on détache les moyens de leur destination initiale pour les considérer comme une pure puissance mise à disposition de notre arbitraire, lorsque l'on passe d'un rôle, d'une responsabilité, d'une fonction déterminés à l'action arbitraire. La tentation du fatalisme. Mais ce mouvement de dépassement n'est-il pas indissociable du fait même du pouvoir ? S'il est inévitable, à quoi doit-on ce caractère fatal ? Et la protestation garde-t-elle alors encore une valeur quelconque ? Peut-on à la fois dire que c'est inévitable et parler encore en termes d'abus ? II.

Les spirales du pouvoir. Examinons donc les raisons qui permettent d'expliquer la fatalité ou au moins la fréquence de l'abus de pouvoir. La nature humaine. La condamnation de l'abus de pouvoir est souvent porteuse d'un jugement moral : l'individu que l'on dote d'un pouvoir a le devoir moral de ne pas en abuser, de s'en montrer digne.

Autrement dit, le pouvoir crée une responsabilité.

On attribuera alors l'abus de pouvoir, à l'orgueil ou à l'égoïsme, au désir de domination.

Avoir un pouvoir, c'est se distinguer de ceux qui ne l'ont pas, ce qui induit immédiatement la tentation de profiter de cette position pour accroître la domination. La dynamique du pouvoir. Mais il n'est peut-être pas nécessaire de supposer une intention moralement répréhensible : le pouvoir ne génère-t-il pas son propre dépassement ? Hobbes montre que tout pouvoir donne une certaine sécurité à nos désirs, et crée par là même les conditions de possibilité pour de nouveaux désirs.

En l'absence de perspective d'un nouveau pouvoir officiel, le premier mouvement doit être celui d'une extension du pouvoir au-delà de sa destination première. Talent humain ou institutions ? Face à ces deux puissantes causes de l'abus de pouvoir, quelle réponse peut-on envisager ? Dans le domaine politique, on a souvent tendance à attendre « le grand homme», le sage, le personnage incorruptible et vertueux qui saura maintenir une éthique du pouvoir.

Mais ne faudrait-il pas plutôt miser sur une structure institutionnelle ?. »

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