La violence est-elle toujours condamnable ?
Extrait du document
«
Orientation :
La question posée semble appeler une réponse négative, mais avant de se demander en quoi la violence pourrait ne
pas être condamnable, voyons d'abord dans quel cas elle peut être ressentie comme légitime.
Si la violence
n'encourt pas toujours punition cela implique qu'elle est dans certains cas considérée comme légitime.
Mais puisque
le terme même de violence semble avoir une connotation péjorative et renvoie à un acte faisant appel à la force,
comment peut-on concevoir une violence qui serait inscrite en droit ?
Suggestion de plan :
Première partie : La violence comme expression d'une inégalité des forces
(Les remarques suivantes partent de la lecture de Rousseau ) La violence, dans tous les cas, qu'elle soit physique
ou morale, est un acte de la force.
Seulement pour qu'une force A puisse s'exercer sur une autre force B il faut que
cette dernière soit inférieure à la première.
La violence est donc toujours un acte de supériorité de la puissance.
Seulement Rousseau insiste sur le fait que la force ne constitue en aucun cas un droit et que par conséquent la
force d'un individu ne peut pas déterminer sa place au sein d'une société ou d'un groupe.
En suivant cette logique
on s'aperçoit donc que la violence, dans la mesure ou elle est un acte de la force sur un individu inférieur, ne pourra
jamais être considérée comme légitime puisqu'elle n'est pas un droit.
« La force est une puissance physique, je ne
vois pas quelle moralité peut résulter de ses effets, céder à la force est un acte de nécessité, non de volonté ;
c'est tout au plus un acte de prudence.
En quel sens pourra-ce être un devoir ? » Rousseau, Du Contrat social
Le problème à résoudre est le suivant : "le plus fort n'est jamais assez fort
pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit et
l'obéissance en devoir".
Existe-t-il réellement un droit du plus fort, et la force
est t-elle un principe suffisant pour fonder le droit ? S'il est vrai que dans la
nature règne la force, il n'est pas vrai que le plus fort reste longtemps le
maître : les forces y sont perpétuellement en conflit, et l'issue est incertaine.
De plus, la puissance physique engendre une contrainte physique et non point
morale.
Il n'est jamais interdit de désobéir à la force sitôt qu'on le peut.
Le
droit du plus fort n'engendre pas le devoir d'obéissance.
"Sitôt que c'est la
force qui fait le droit, l'effet change avec la cause; toute force qui surmonte
la première succède à son droit." Il suffit d'échapper à la force pour en avoir
le droit, puisque, selon ce principe, le plus fort a toujours raison.
Un droit qui
disparaît sitôt que s'éclipse la force n'est pas un droit, c'est un fait.
Il s'ensuit
qu'aucune justice, aucune loi, aucune légitimité ne peuvent être fondées sur
la force.
Deuxième partie : La violence inacceptable
« La violence est injuste d'où qu'elle vienne » Sartre, Le Diable et le Bon Dieu
C'est ainsi que Spinoza considère l'acte de vengeance comme toujours illégitime, même si l'acte de départ était lui
aussi basé sur la force la personne qui veut s'en venger utilise alors le même procédé et ainsi de suite jusqu'à ce
que le bourreau devienne la victime et la victime le bourreau.
La vengeance ne pourra donc jamais être légitime et
ne pourra pas mettre fin à l'injustice de départ.
« La violence se donne toujours pour une contre-violence, c'est-à-dire pour une riposte à la violence de l'Autre »
Sartre, Critique de la raison dialectique.
Ainsi la violence serait donc une défense et non une attaque comme on pourrait le penser.
Il ne faudrait donc pas
condamner la riposte mais plutôt la première violence qui a rendu possible la rébellion.
Cependant en prenant compte
que toute violence est une réponse à une précédente se construit une chaîne sans fin des effets et des causes qui
contribue à la justification de l'acte enraciné de ce fait dans une histoire qui semble le dépasser.
Le recours à la peur annihile la faculté critique de celui sur qui est imposée la force, en ce sens, elle apparaît comme
un instrument de coercition très discutable.
« C'est un genre de force mais passionnée et qui vise à briser la
résistance par la terreur.
La violence définit le crime, lorsqu'elle s'exerce contre la personne humaine.
» Alain, Les.
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