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La violence a-t-elle droit de cité ?

Extrait du document

« Définition des termes du sujet: Violence: Mal physique ou moral infligé délibérément à autrui.

Violent: Qui s'impose à un être contrairement à sa nature.

Qui s'exerce avec une grande force (une passion violente). DROIT: a° Un droit: liberté d'accomplir une action (droit de vote); possibilité d'y prétendre ou de l'exiger (droit au travail, droit de grève). b° Le droit: ce qui est légitime ou légal, ce qui devrait être, opposé au fait, ce qui est. c° Ce qui est permis par des règles non écrites (droit naturel) ou par des règles dûment codifiées (droit positif). Le droit positif est l'ensemble des règles qui régissent les rapports entre les hommes dans une société donnée.

Le droit naturel est l'ensemble des prérogatives que tout homme est en droit de revendiquer, du fait même de son appartenance à l'espèce humaine (droit au respect). APPROCHE: Le sujet porte sur les relations contradictoires entre violence et cité.

Qu'est-ce que le terme " droit " impose dans les relations entre les deux : la violence peut-elle être légitimée dans la cité ? Mais aussi : doit-elle exister dans la cité ? La nuance est différente, entre la possibilité et l'exigence (morale, légale).

L'État n'a-t-il pas pour rôle de limiter la violence ? En ce sens, la violence n'aurait pas droit de cité : la cité existe pour lutter contre la violence.

Pourtant, celle- ci peut être légitimée par le pouvoir lui-même (dictature, tyrannie), mais aussi exister en réponse à la violence (peut-on accepter la contre-violence).

Se pose la question de la violence de la justice, de la police, de la peine de mort, et de la violence exercée par exemple dans le cas de guerres (pour se défendre ou aider un autre pays, ou pour lutter contre un autre).

La violence aurait alors droit de cité.

Elle peut être légitimée par la justice (légitime défense).

La violence doit-elle exister, et comment doit-elle être maîtrisée ? Faut-il combattre la violence par la violence, ou faire comme si elle n'existait pas, et se laisser détruire par une violence latente ? La violence est une manifestation de puissance.

N'est-elle jugeable qu'à travers un contexte, des intentions plutôt que dans l'absolu ? Pourquoi condamner idéalement la violence alors que par nature elle peut être utile (dans le sens de lutte, de combat) ? Et dans le sens contraire, une cité sans violence, où toute violence serait anéantie, est-elle encore une cité (où personne ne pourrait plus se décharger de ses sentiments hostiles) ? N'est-ce pas là au contraire une tyrannie encore plus forte ? La violence est-elle démesure suicidaire ou facteur de progrès par lutte contre l'oppression ? Introduction La philosophie classique voit dans la violence une expression du triomphe des passions: «En tant que les hommes sont dominés par des sentiments qui sont des passions, observait Spinoza, ils peuvent s'opposer les uns les autres.» En tant donc qu'elle relève des passions, la violence s'oppose à la raison, la passion étant précisément une inclination que la raison ne peut maîtriser.

La raison, elle, serait par nature non violente dans la mesure où elle est universelle.

En effet, celui qui se conforme à la raison se conforme à un point de vue universel: en désirant ce que la raison lui dit être bon et utile pour lui, il désirera nécessairement ce qui est bon et utile pour la nature humaine en général, et par conséquent pour chaque homme en particulier.

Il s'ensuit que «dans la mesure où les hommes vivent sous la conduite de la Raison, ils s'accordent toujours nécessairement par nature» (Spinoza). Dans ces conditions il semble à première vue contradictoire d'avancer que la violence, issue de la passion, puisse avoir raison.

Car si la violence avait raison, elle se dissoudrait aussitôt, puisqu'elle ne serait plus une passion et que les hommes, s'accordant sur sa finalité, l'accepteraient de plein gré.

Or une violence acceptée n'est plus violence.

A moins alors que nous n'admettions que la violence ne relève pas seulement de la passion, mais aussi de la raison. La violence de la raison Il apparaît en effet que la raison est violente dans son rapport même aux passions : le propre des passions étant de ne pouvoir être raisonnées, persuadées, la raison ne peut les maîtriser qu'en les réprimant, c'est-à-dire en leur faisant violence. D'une manière générale, la raison est une faculté d'ordre ; mais l'instauration de son ordre se fait toujours contre un autre ordre: – En tant qu'elle est faculté de bien juger, la raison s'érige en tribunal et porte condamnation.

Du fait même que Socrate raisonne sur la Cité, il s'oppose à l'ordre politique établi, il lui fait violence, au point que cet ordre lui retourne sa violence en le condamnant à mort. – En tant qu'elle est faculté de connaître, la raison ne progresse également que sur la ruine des systèmes précédents.

En détruisant ces systèmes, la connaissance rationnelle peut d'une certaine manière faire violence à l'homme lui-même : on songe, pour reprendre l'analyse de Freud, aux « trois blessures narcissiques » infligées à l'homme par la science : celles du géocentrisme avec Copernic, de l'évolutionnisme avec Darwin et de la découverte de l'inconscient avec la psychanalyse. La raison enfin est violente en tant qu'elle est unificatrice, qu'elle réduit le divers à l'identique en posant « la supériorité du Même sur l'Autre ».

Ainsi Platon décrivant la création du monde, explique-t-il que «La nature de l'Autre était rebelle au mélange, polir l'unir harmonieusement au Même, le Démiurge usa de contrainte.» (Timée, 35 a.) La raison rejette la différence absolue, l'inintégrable, l'anormal.

Ainsi, de totalisante la raison peut devenir totalitaire. La raison violente a-t-elle raison ?. »

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