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La vérité peut-elle être propre à chacun ?

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« Définition des termes du sujet: VÉRITÉ La vérité concerne l'ordre du discours, et il faut en cela la distinguer de la réalité.

Elle se définit traditionnellement comme l'adéquation entre le réel et le discours. Qualité d'une proposition en accord avec son objet.

La vérité formelle, en logique, en mathématiques c'est l'accord de l'esprit avec ses propres conventions.

La vérité expérimentale c'est la non-contradiction de mes jugements, l'accord et l'identification de mes énoncés à propos d'un donné matériel.

On distinguera soigneusement la réalité qui concerne un objet (ce cahier, cette lampe sont réels) et la vérité qui est une valeur qui concerne un jugement. Ainsi le jugement : « ce cahier est vert » est un jugement vrai ou bien un jugement faux.

La vérité ou la fausseté qualifient donc non l'objet lui-même mais la valeur de mon assertion. La philosophie, parce qu'elle recherche la vérité, pose le problème de ses conditions d'accès et des critères du jugement vrai. L'idée de vérité semble impliquer celle d'universalité, ou au moins de compatibilité.

La vérité ne peut être propre à chacun si elle prend son caractère de vérité dans une démonstration.

Il serait difficile de dire que la vérité scientifique pourrait être propre à chacun, puisqu'une formule ne peut pas être interprétée de plusieurs manières. Mais n'existe-t-il pas une vérité propre à chaque chercheur ? Et toute perception étant par essence subjective et incommunicable, la perception fondant (presque) toutes nos vérités en dernière analyse, comment parler de vérité unique, qui ne soit pas propre à chacun ? Si une personne perçoit une évidence, en sera-t–il automatiquement de même pour une autre ? Mais l'évidence inclut- elle toute vérité ? Qu'est-ce que cette relativité à chaque personne a comme conséquences pour l'idée de vérité ? Même si elle peut être propre à chacun, ne doit-on pas trouver un terrain commun où la vérité serait universalisable ? Les critères de la vérité varient-ils ? N'est- ce pas seulement une question de subjectivité dans leur interprétation ? Références utiles : Platon, La République ; Spinoza, Éthique (II, 43). _____________________________________ Lorsque le sophiste dit : « à chacun sa vérité », il semble prêcher la tolérance contre le fanatisme, alors qu'en réalité il cherche à imposer son opinion en manipulant l'esprit des autres et en les privant de tout repère.

De même, si chaque homme « est la mesure de toute chose », si toutes les opinions se valent et valent toutes comme vérité, pourquoi écouter Protagoras? S'il dit vrai, il le dit comme vérité universelle, et par là même il dément ce qu'il énonce. La formule « à chacun sa vérité » n'est donc pas dépourvue d'équivoque, voire de contradictions.

Que signifie-t-elle au juste et que vaut-elle? Peut-on l'accepter? À quelles conditions la vérité semble-t-elle s'effriter en une multiplicité de vérités singulières? Est-il, oui ou non, contradictoire de parler de vérités singulières, plurielles, relatives? Au regard de quelle définition de l'essence de la vérité? Élucidons tout d'abord ce qui peut donner sens à une telle formule, voire la justifier.

Cette formule proverbiale de la « sagesse des nations » doit d'abord s'autoriser de l'expérience. Tout d'abord, chacun fait l'épreuve du caractère irréductible de sa singularité.

Le corps est le premier principe d'individuation et ce qui relève de la sensibilité relève du domaine du subjectif, du particulier et même du singulier. Des goûts et des couleurs on ne peut en effet discuter : ainsi je ne peux prétendre que les autres sentent comme moi.

Chacun reste juge de son propre plaisir ou déplaisir, de ce qui est agréable ou désagréable aux sens.

On peut alors parler de «vérités subjectives » : chaque vécu subjectif est comme tel indubitable, et une sensation, même illusoire, est une sensation réellement ressentie.

Et de même que chacun a de son corps un sentiment singulier, de même chacun tient pour vraies des idées morales ou religieuses, par exemple, parce que grâce à elles, il a le sentiment d'être en présence de « sa vérité, une vérité qui réponde à ses aspirations, comble ses attentes» (E.Mounier).

Il considère ces «vérités subjectives» en ce sens comme plus vraies que les «vérités objectives » et impersonnelles des sciences, même si elles ne peuvent être argumentées comme celles-ci par raisons démonstratives. Ensuite, chacun de nous s'inscrit inévitablement au sein d'une culture particulière.

Même le corps - et d'abord lui est marqué du sceau de la culture jusqu'en ses fonctions les plus biologiques, comme le manifeste le sociologue M. Mauss.

À cet égard, «chacun appelle barbare ce qui n'est point de son usage» (Montaigne, Essais, 30). L'ethnocentrisme est bien la tendance à ériger un point de vue culturel particulier en pseudo-critère universel.

Alors, rappeler qu'« un méridien décide de la vérité », que ce qui est «vérité au deçà des Pyrénées » est « erreur au-delà. »

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