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La vérité peut-elle engendrer la terreur ?

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« Sens des termes - Vérité : ce qui est réellement, ce à quoi l'esprit peut donner son assentiment par suite d'un rapport de conformité avec l'objet de pensée. - Pouvoir : ici, être en mesure de (idée de possibilité, non point de légitimité). - Engendrer : faire naître, avoir pour effet, causer, produire. - Terreur : ici, pouvoir politique fondé sur la peur collective régnant dans une population, résultant de l'emploi de la violence. Sens du sujet La connaissance à laquelle l'esprit peut donner son assentiment est-elle en mesure d'engendrer un pouvoir politique résultant de la peur et de la violence ? Problème Les liens entre le savoir et le pouvoir sont-ils si étroits, mêlés de manière si inextricable que le vrai puisse générer une politique autoritaire ? Choix du plan On va montrer que la vérité qui engendre la terreur n'est que la caricature du vrai, et ce en parcourant les différentes définitions de la vérité ; la vérité humaine et relative n'engendre pas la terreur, mais la tolérance. Le plan choisi ici sera du type progressif, mais un plan dialectique est tout aussi possible. 1.

La «vérité » absolue, immuable, éternelle, engendre chez celui qui croit la posséder non seulement le dogmatisme, mais la terreur politique. Cf.

Platon : le pouvoir appartient au Prince de la Science, qui a contemplé les Essences ; la cité de la République est autoritaire. a.

La vérité idéale et absolue, dépassant l'individu En effet, chez Platon, sa participation à l'Idée définit la vérité.

Le monde vrai, c'est celui de l'Idée, de la réalité idéale.

La vérité se confond avec l'Idée, paradigme intelligible des choses, type d'être idéal et non relatif, Modèle unique de chaque objet.

L'Idée est le principe purement intelligible de la pensée, l'espèce de roc idéal qui définit le vrai de manière non relative.

Dès lors, le Vrai transcende l'individuel et le personnel, le mouvement subjectif ; il s'identifie au Beau en soi, au Bon en soi, à l'Essence en tant que telle. b.

Cette vérité est immuable et éternelle Il va sans dire que ces Essences dépassant l'individuel sont immuables, soustraites au temps, incorruptibles, étrangères à la génération et à la corruption, au devenir, à la mobilité.

L'Idée, transcendant le subjectif et l'individuel, est le modèle impérissable de chaque objet, modèle existant en dehors du temps. c.

Elle est inséparable de la dialectique L'idée, en première approche, est donc ce noyau idéal, intelligible, permanent, éternel, qui définit le vrai.

Ce noyau idéal transcende infiniment l'ordre de la subjectivité et de l'individuel.

L'itinéraire vers le vrai se confond ici avec la dialectique, avec une ascension permettant de remonter de concept en concept, de proposition en proposition, jusqu'à la réalité intelligible dépassant la sphère subjective. Dialectique, Idée et Vérité semblent donc unies, indissolublement.

Dans le monde moderne, la vérité scientifique, obtenue par une ascension perpétuelle, représente le prototype ou le substitut de cette forme éternelle du vrai, dont les mathématiques sont, dans notre culture, le modèle le plus achevé. Ainsi, la vérité transcende non seulement la sphère de la pure subjectivité, mais aussi le domaine de la Personne et du Sujet : en effet, c'est bien la Personne qui tend au vrai de toute son âme mais le vrai ne se confond ni avec la Personne ni avec le Sujet. d.

Cette conception du vrai peut engendrer le dogmatisme et même un modèle de politique autoritaire. Si la vérité dépasse infiniment la sphère de l'individuel, mais aussi de la Personne - laquelle peut seulement cheminer vers le vrai qui la transcende et appartient à un tout autre ordre - si donc le vrai est totalement objectif, nous remarquons que cette conception peut engendrer le dogmatisme et même un modèle de politique autoritaire.

Le dogmatisme tout d'abord si le vrai se situe au-delà du sujet, s'il est norme absolue, alors celui qui croit le détenir pense qu'il possède vraiment le savoir par excellence et ne peut donc admettre ni contestation ni discussion.

Le risque est donc bien le dogmatisme défini comme le caractère d'une croyance se voulant incontestable.

Un modèle de pouvoir autoritaire (politique, religieux, social, etc..) peut, en second lieu, procéder de cette conception dogmatique.

C'est bien ce qui s'est passé dans la réflexion platonicienne (et aussi, il faut le reconnaître, très souvent, dans la réalité politique et sociale : cf. l'Inquisition, les modèles « totalitaires », etc.).

Celui qui détient le vrai sans en douter tentera de l'imposer ou rêvera, comme le fit Platon, d'un pouvoir n'ayant rien de libéral.

Ainsi la Cité à laquelle songea Platon, dans la République, était-elle décrite, dans ce dialogue, comme un modèle autoritaire sacrifiant l'individu au bien de l'État. Prenez des exemples historiques qui hélas ne manquent pas... « La vérité ne peut pas être tolérante » (Sigmund Freud). 2.

Mais on peut mettre en doute cette vérité idéale, fruit des nostalgies humaines. a.

La mise en doute du vrai objectif et absolu (partie à développer) Cet aboutissement autoritaire, inacceptable pour la personne et pour l'individu, nous conduit à mettre en doute la conception précédente. La soumettre au doute signifiera suspendre le jugement jusqu'à ce que des éléments clairs se présentent à nous.

Comment, en effet, ne pas soumettre au soupçon cette vision du vrai, dogmatique et par conséquent dangereuse ?. »

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