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La vérité n'est-elle qu'une suite d'erreurs redressées

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« Alain disait : « La vérité n'est jamais qu'une suite d'erreurs redressées.

» Quelle signification et quelle valeur cette opinion prend-elle dans la recherche scientifique ? INTRODUCTION.

— Autrefois, les théoriciens de la science étaient soucieux de n'avancer qu'avec une extrême prudence, s'assurant à chacune de leurs démarches qu'ils ne se trompaient pas : nous avons dans les règles cartésiennes de la méthode un témoin de cette préoccupation. Il s'en faut que les épistémologues modernes, depuis l'élaboration de la méthode expérimentale, manifestent une telle prudence.

ALAIN va même jusqu'à dire : « La vérité n'est jamais qu'une suite d'erreurs redressées.

» Quelles sont, dans le domaine de la recherche scientifique, la signification et la valeur de cette pensée I.

SIGNIFICATION A.

— De l'assertion en elle-même. Un puriste trouverait à redire à ce texte : à parler strictement, la vérité, qui a pour contraire l'erreur, ne s'identifie jamais avec celle-ci, ni même avec une suite d'erreurs, seraient-elles redressées. Mais le propos d'ALAiN est assez clair : il veut dire que nous ne parvenons à la vérité qu'en passant par une suite d'erreurs dont nous prenons successivement conscience et que nous redressons. B.

— Dans la recherche scientifique. Ce propos implique une invitation aux hommes de science.

Puisque le chemin ordinaire vers la vérité passe par l'erreur, il convient : d'abord, de se défier des certitudes immédiates; ensuite, de ne pas craindre, sous prétexte d'éviter l'erreur, de multiplier les hypothèses, l'hypothèse vraie étant obtenue par le redressement d'hypothèses erronées. II.

— VALEUR D'apparence paradoxale, l'affirmation d'ALAIN vaut ce que valent généralement les paradoxes. A.

Sous sa forme générale, qu'accuse encore l'adverbe « jamais », elle est fausse, même si on l'interprète intelligemment, comme nous avons essayé de le faire : il est des vérités, de fait autant que de droit, qui sont immédiatement connues (il est facile d'en multiplier les exemples), bien plus, une vérité obtenue par la correction d'une suite d'erreurs n'est d'ordinaire qu'une vérité imparfaite, comme celles que l'on peut obtenir dans les sciences de la nature, et à plus forte raison dans les sciences humaines (la vérité mathématique ignore cette suite d'erreurs). B.

Sous une forme relative et en remplaçant « jamais » par « souvent » ou par quelque autre formule restrictive, la pensée que nous discutons est fort judicieuse, et la leçon pratique qu'elle implique est bonne à retenir. CONCLUSION.

— De ces remarques nous pouvons tirer une double leçon.

Leçon d'humilité : dans les matières sur lesquelles nous avons si facilement des opinions fermes, on commence par une suite d'erreurs.

Leçon d'espoir : mais par le redressement successif de ces erreurs, nous nous acheminons vers la vérité.

Sage équilibre de scepticisme et de dogmatisme, grâce auquel l'esprit est mis en garde contre les illusions tout en conservant la confiance en soi, aussi nécessaire à la vie pratique qu'à la recherche scientifique. >>> Second corrigé de ce même sujet: http://www.devoir-de-philosophie.com/passup-corriges-11246.html. »

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