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La vérité n'est-elle pas toujours déjà là ?

Extrait du document

« A.

L'intuition Pour Descartes, l'intuition est une opération de l'entendement et non de la perception : c'est la conception d'un esprit pur et attentif, débarrassé, grâce à un doute méthodique, des préjugés.

C'est dans la clarté et la distinction que je saisis la vérité d'un principe : ce climat s'appelle l'évidence.

L'idée claire, c'est celle qui s'impose immédiatement à notre esprit.

L'idée distincte, c'est «celle qui est tellement précise et différente de toutes les autres qu'elle ne comprend en soi que ce qui paraît manifestement à celui qui la considère comme il faut ».

L'idée distincte élimine tout ce qui n'est pas elle et forme en elle seule une vérité, une unité.

Elle est une, indivisible et seulement saisissable dans l'instant.

La connaissance vraie est donc, pour Descartes, intemporelle.

Dans la saisie instantanée de la vérité, nous sommes soustraits au temps, et donc aussi à la mémoire. Mais qu'est-ce qui, chez Descartes, atteste de la validité de cette intuition d'évidence ? C'est Dieu.

Ce Dieu de Descartes n'est pas le Dieu d'Abraham, de Jacob, d'Isaac.

C'est une Raison suprême, parfaite, auteur de l'univers. Descartes pense que la Raison, en Dieu, est un instrument parfait.

C'est-àdire que la pensée divine connaît la vérité d'un seul coup d'oeil, par intuition, sans médiation, sans raisonnement discursif.

Dieu a donné à l'homme la Raison.

Si bien que tout homme a en égal partage une égale quantité de Raison.

Mais la Raison humaine est limitée.

Autrement dit, il y a peu de vérités que nous pouvons connaître pas intuition.

Nous sommes obligés de découvrir les autres, soit par déduction, soit en s'appuyant sur les fondements peu solides des sens. B.

Les idées innées Pour Descartes, outre la Raison, Dieu nous a donné quelques matériaux, les idées innées.

En effet, les idées claires et distinctes sont innées, c'est-à-dire qu'elles naissent avec nous.

Empreintes dans notre âme, elles sont en nous la marque du créateur.

Ainsi en est-il des idées de Dieu, de la perfection, de l'âme, de l'esprit, du corps, du triangle et généralement de tous les êtres premiers, de toutes les essences dont la définition s'impose nécessairement à notre pensée.

Comme le montre Gilson', puisque l'âme et le corps sont deux substances distinctes telles que « rien de ce qui est corps ne peut passer dans l'âme », il faut nécessairement que « tout ce que l'âme contient lui vienne du dedans ».

Les idées innées sont donc celles que la « pensée trouve en soi sans que nulle impression sensible soit nécessaire pour expliquer leur formation ».

Il existe donc une connaissance intérieure qui précède toujours l'acquise, une connaissance antérieure à toute connaissance qui est le fondement de toute connaissance. C.

Connaissance intérieure et mémoire a-temporelle Descartes admet donc une sorte de reconnaissance de la vérité comme si nous l'avions toujours connue.

Comme la reminiscence, cette sorte de connaissance intérieure représente une mémoire qui ne doit rien à la psychologie mais qui renvoie à la métaphysique.

C'est une mémoire a-temporelle qui nous met en rapport avec l'Absolu.

Parmi les idées innées, il y en a une, dit Gilson, qui n'appartient pas de « droit » à ma pensée, une dont la pensée ne suffit pas « à rendre compte », autrement dit, qui se trouve en moi « sans que je puisse découvrir dans mon être la raison suffisante de sa présence dans ma pensée ».

Cette idée, c'est l'idée de Dieu.

Cette idée est l'idée « d'un être supérieur à celui qui la conçoit».

Cette idée n'est donc pas seulement «en moi », elle est aussi « mise en moi ». L'idée de Dieu, dit Gilson, est chez Descartes, «une idée innée dont Dieu seul peut être l'origine ».

Une autre idée « mise en nous » est celle d'Infini.

Cette présence, en nous, de l'idée d'Infini qui permet à Descartes de passer à Dieu, à partir du cogito.

En effet, cette idée d'Infini ne peut en aucune manière provenir d'un être fini, elle vient donc d'un être infini, c'est-à-dire de Dieu.

Je ne pourrais pas prendre conscience du caractère fini de ce monde si je n'avais pas d'abord eu, en moi, l'idée d'Infini.

L'idée d'Infini ne peut donc venir que d'ailleurs et non du monde.

Cette idée, toujours présente en moi, et avant toute chose, est une mémoire métaphysique, le reste d'un passé qui n'a pas existé.

Elle est une présence de Dieu à l'âme.

Ainsi, il apparaît que chez Descartes aussi, la vérité est « toujours déjà là ».

N'est-ce pas, en fait, parce que le désir de vérité est désir d'éternité ? Or la mémoire, fonction du temps, n'est-elle pas ce qui nous suggère l'éternel? L'exigence de vérité est un désir d'accomplissement de soi-même dans le futur.

Mais il nous est difficile de penser que nous puissions avoir ce désir d'accomplissement de nous-même sans avoir préalablement connu celui-ci.

Aussi, plaçons-nous, dans le passé, une existence antérieure où nous aurions pris goût au bonheur et à la perfection.

Le désir de vérité est le désir de quelque chose que nous ne possédons pas, mais que pourtant nous ne pourrions pas rechercher si nous ne l'avions pas toujours déjà possédé.

Il en est de la vérité comme de Dieu, elle pourrait nous dire : « Console-toi, tu ne me rechercherais pas si tu ne m'avais déjà trouvé.

» (Pascal). »

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