Aide en Philo

La vérité est-elle conformité au réel ?

Extrait du document

« Définition des termes du sujet: Réalité / Réel : Réalité: * Caractère de ce qui a une existence concrète, par opposition aux apparences, aux illusions ou aux fictions de notre imagination. * Ensemble des choses et des faits réels. Réel: * Comme adjectif : qui existe effectivement, et pas seulement à titre d'idée, de représentation ou de mot (exemple : un pouvoir réel). * Comme nom : l'ensemble des choses qui existent, le monde extérieur (synonyme : réalité). VÉRITÉ La vérité concerne l'ordre du discours, et il faut en cela la distinguer de la réalité.

Elle se définit traditionnellement comme l'adéquation entre le réel et le discours. Qualité d'une proposition en accord avec son objet.

La vérité formelle, en logique, en mathématiques c'est l'accord de l'esprit avec ses propres conventions.

La vérité expérimentale c'est la non-contradiction de mes jugements, l'accord et l'identification de mes énoncés à propos d'un donné matériel.

On distinguera soigneusement la réalité qui concerne un objet (ce cahier, cette lampe sont réels) et la vérité qui est une valeur qui concerne un jugement.

Ainsi le jugement : « ce cahier est vert » est un jugement vrai ou bien un jugement faux.

La vérité ou la fausseté qualifient donc non l'objet lui-même mais la valeur de mon assertion. La philosophie, parce qu'elle recherche la vérité, pose le problème de ses conditions d'accès et des critères du jugement vrai. adéquation Désigne en particulier la correspondance entre la chose et l'idée que j'en ai, entre le réel et ce que j'en dis.

L'adéquation définit ainsi traditionnellement la vérité. A.

L'adéquation de la pensée à l'objet • Une idée ne serait donc pas qualifiée de « vraie » ou de « fausse » en elle-même, par ses caractéristiques intrinsèques, mais seulement en fonction de sa conformité ou de sa non-conformité à la réalité.

Dans les universités médiévales, on définissait la vérité comme « la conformité de notre pensée aux choses » (adequatio rerum et intellectus).

L'idée vraie serait une simple copie de la réalité. • Mais une telle définition est contestable pour une raison très simple : c'est que nous n'avons pas la possibilité de sortir de nousmêmes, de notre système de représentations, pour confronter la copie et son modèle.

Tout ce que nous connaissons, c'est notre pensée, notre image du monde, nos expériences sur le monde.

Mais le monde en soi, tel qu'il est indépendamment de nos expériences et de nos représentations, nous échappe nécessairement.

Nous n'avons aucun moyen de connaître le modèle en dehors de cette «copie» qu'est notre expérience du monde.

Veut-on simplement dire que l'idée vraie est celle qui reproduit l'expérience sensible la plus ingénue ? En ce cas, la définition est mauvaise, car la vérité scientifique n'est pas un reflet dans un miroir.

Le jugement vrai transpose et reconstruit ici la réalité à travers tout un réseau de manipulations techniques et d'opérations intellectuelles.

Mais si la vérité est opératoire, le critère de la vérité ne sera-t-il pas fourni par le succès pratique de l'opération ? B.

L'idée vraie est l'idée qui réussit • C'est là le point de vue exposé à la fin du XIXe siècle par l'Américain William James (1842-1910).

Pour ce théoricien du pragmatisme, le seul critère de la vérité est le succès.

La pensée étant au service de l'action, les idées ne sont que des outils dont nous nous servons pour agir.

L'idée vraie, c'est celle qui paie le mieux, celle qui a le plus de rendement, celle qui est la plus efficace.

Malheureusement, le mot utile a pour William James un sens on ne peut plus vague : « Ce qui est vrai, écrit-il, c'est ce qui est avantageux de n'importe quelle manière ».

Ainsi, une loi physique est vraie si elle a des applications techniques fécondes, une religion est vraie dès lors qu'elle est consolante, qu'elle apaise les souffrances des hommes.

Dieu, ose dire William James, est « une chose dont on se sert ». • On voit le danger d'une telle doctrine.

Il est clair qu'il y a des vérités qui blessent et des mensonges qui consolent.

La vérité est ici trop liée à la facilité, tandis qu'il faut souvent du courage, et même une certaine abnégation, pour aboutir au vrai.

Qu'une affirmation soit consolante, réconfortante ou rassurante ne la rend pas vraie pour autant, mais parfois même suspecte au point de vue de la vérité.

« La foi sauve, dit Nietzsche, donc elle ment.

» C.

Sous l'évidence, les préjugés • Cette conception de la vérité peut être dangereuse, car l'évidence est mal définie.

Nous éprouvons un sentiment d'évidence, une impression d'évidence ; mais devons-nous accorder à cette impression une valeur absolue ? Descartes a bien senti la difficulté puisque, après avoir affirmé que nos idées claires et distinctes sont vraies, il reconnaît «qu'il y a seulement quelque difficulté à bien remarquer quelles sont celles que nous concevons distinctement »...

En fait, l'impression vécue de certitude n'est pas suffisante pour caractériser le jugement vrai.

Car on peut éprouver un fort sentiment d'évidence et pourtant être dans l'erreur.

Dès lors, comment distinguer les fausses évidences et les vraies évidences ? C'est ici qu'un critère objectif serait nécessaire, comme Helvétius (17151771) le fait ironiquement observer : « Descartes a logé la vérité à l'hostellerie de l'évidence, mais il a négligé de nous en donner l'adresse.

» • Souvent les passions, les préjugés, les traditions fournissent des contrefaçons d'évidence.

Nous avons tendance à tenir pour claires et évidentes les opinions auxquelles nous sommes habitués.

En revanche, les idées nouvelles les mieux fondées ont du mal à se faire accepter.

Au nom de l'évidence, c'est-à-dire des traditions bien établies et des idées coutumières, les penseurs officiels, installés dans leur conformisme, ont souvent critiqué les grands créateurs d'idées neuves.

L'Académie des sciences se moqua de Pasteur, comme les vieux chimistes s'étaient moqués des découvertes de Lavoisier.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles