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La tradition est elle respectable?

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« Le mot "tradition" vient du latin tradere qui signifie "remettre, transmettre".

La tradition donc dans son sens originaire, tel qu'il est défini dans le Littré est la transmission de faits historiques, de doctrines religieuses, de légendes, etc.

d'âge en âge par voie orale et sans preuve authentique et écrite.

Mais le terme de "tradition" désigne aussi les faits ainsi transmis.

La tradition a donc un rapport au passé.

Il s'agit ici d e savoir quel valeur donner à cette tradition.

Le respect est une attitude pleine d'égard par laquelle on témoigne d e la considération à quelqu'un ou à quelque chose.

La tradition a à voir avec la mémoire, ne pas respecter le passé, ce qu'ont été nos ancêtres avant nous, c'est nous perdre, ne pas comprendre le présent.

Mais la tradition ne véhicule-t-elle pas des valeurs mauvaises avec lesquelles il nous faut rompre ? Le poids d e la tradition ne nous empêche-t-il pas d'avancer ? Ne peut-on pas faire un tri dans la tradition ? Respecter la tradition, c'est honorer la mémoire et permettre la transmission du passé - La tradition demande le respect parce qu'elle a été crée par nos ancêtres et ainsi fait partie du passé et de l'histoire de l'humanité mais aussi de nous même.

Se moquer des traditions, c'est ne pas prendre en compte ce qui a construit le présent tel que nous le connaissons. La tradition nous permet de rester en contact avec les valeurs de nos racines, de nos ancêtres.

Elle nous permet de comprendre d'où nous venons.

Ainsi un peuple ne peut prendre réellement conscience de lui-même, de son existence, tant qu'il n'a pas connaissance de son histoire, des faits qui l'ont amené à cet état actuel.

Ainsi pour Giambattista Vico, un peuple qui a perdu les croyances et les valeurs qui ont présidé à sa naissance est un peuple voué à disparaître.

Or les traditions permettent à ces croyances de rester dans la mémoire collective. Il ne faut pas respecter la tradition lorsqu'elle véhicule de mauvaises valeurs Pourtant on ne peut accepter et respecter toutes les traditions.

Ainsi, par exemple, l'excision est une tradition dans certains pays et les femmes ne peuvent y échapper, ou alors au prix du déshonneur.

Doit-on avoir de la considération pour ce fait parce qu'il se perpétue de génération en génération ? Pensez aussi à la tradition du bizutage qui a été interdite par la loi, ayant causé la détresse ou le suicide de plusieurs personnes. La tradition quant elle perpétue des faits contraires aux droits d e l'homme ou néfastes pour l'individu ou la société n'a pas à être respectée. De plus, pour Nietzsche, l'oubli du passé est essentiel et vital.

Il est l'unique condition du bonheur.

Mais il est aussi une condition essentielle au développement de nouvelles facultés.

Ainsi, pour le philosophe, il faut "faire table rase dans notre conscience pour qu'il y ait d e nouveau d e la place pour faire des choses nouvelles." Si l'animal jouit d'un bonheur que l'homme jalouse, c'est parce qu'il n'a pas d e mémoire supérieure. Seul l'homme dit « je me souviens » et pour cela il lui est impossible de vivre heureux et pleinement.

En effet : 1) C'est par la mémoire, conscience du passé, q u e l ' h o m m e acquiert la conscience du temps et donc celle de la fugitivité et de l'inconsistance de toutes choses, y compris de son être propre.

Il sait que ce qui a été n'est plus, et que ce qui est est destiné à avoir été, à n'être plus.

Cette présence du passé l'empêche de goûter l'instant pur, et par conséquent le vrai bonheur. 2) Le passé apparaît à l'homme comme l'irréversible et l'irrémédiable.

Il marque la limite de sa volonté de puissance.

L'instant présent, ouvert sur l'avenir, est le lieu du possible où peut s'exercer sa volonté de puissance.

Le passé, au contraire, change et fige la contingence du présent en la nécessité du « cela a été ».

Dès lors la volonté ne peut que se briser sur cette pétrification du passé qui se donne comme le contre-vouloir d e cette volonté.

C'est pourquoi « l'homme s'arc-boute contre le poids d e plus en plus lourd du p a s s é qui l'écrase ou le dévie, qui alourdit s a démarche c o m m e un invisible fardeau d e ténèbres ». 3) Sans l'oubli l'homme ne peut pleinement vouloir ni agir : il est un être malade, il est l'homme du ressentiment.

La « santé » psychique dépend de la faculté de l'oubli, faculté active et positive dont le rôle est d'empêcher l'envahissement de la conscience par les traces mnésiques (les souvenirs).

Car alors l'homme réagit à ces traces et cette réaction entrave l'action.

Par elles l'homme re-sent, et tant qu'elles sont présentes à la conscience, l'homme n'en finit pas de ressentir, « il n'en finit avec rien ».

Englué dans sa mémoire, l'homme s'en prend à l'objet de ces traces dont il subit l'effet avec un retard infini et veut en tirer vengeance: « On n'arrive à se débarrasser de rien, on n'arrive à rien rejeter.

Tout blesse. Les hommes et les choses s'approchent indiscrètement de trop près, tous les événements laissent des traces; le souvenir est une plaie purulente.

» Il s'agit d'adopter une attitude ouverte « Les traditions- comme les femmes- sont faites pour être à la fois respectées et bousculées » Jean d'Ormesson en réponse au discours de Marguerite Yourcenar. Comme l'exprime cette phrase de Jean d'Ormesson, il s'agit de trouver la bonne distance.

Quelqu'un qui ne respecte pas la tradition perd ses valeurs, mais tenir la tradition pour toujours et totalement respectable, c'est faire preuve d'inconscience. La difficulté tient au fait qu'il faut réfléchir à sa valeur avant de continuer à la perpétuer.

Mais il faut aussi faire attention à ne pas rester enfermer .

Puisque la tradition est la résurgence du passé dans le présent, il est aussi nécessaire qu'elle puisse être modifiée, qu'elle accepte la nouveauté.

Il s'agit dès lors de penser à une tradition ouverte vers l'extérieur. Il ne faut en effet pas oublier c o m m e le rappelle Hegel que "chaque époque, chaque peuple s e trouve dans des conditions particulières.".Il est donc impossible de se retrouver dans la situation, la mentalité qui ont donné naissance à la tradition.

Il n'existe pas de vérité objective d'un fait passé puisque sa signification dépend de la mentalité qui la reçoit.

Le peuple ne peut donc pas la reprendre telle qu'elle était à son origine, mais il la transforme et imprime la marque de sa propre spécificité et de sa propre identité. Ainsi, la tradition semble en premier lieu toujours respectable puisqu'elle fait preuve du passé, de notre histoire et c'est elle qui a donné naissance au présent et à ce que nous sommes aujourd'hui.

Elle permet de savoir quelles sont nos origines.

Néanmoins elle ne véhicule pas toujours de bonnes valeurs et n'indique pas toujours des actes honorables.

Il faut pour cela adopter une attitude critique pour faire le tri.

Une tradition n'est pas rigide, elle évolue en fonction des peuples et sa signification dépend toujours de la mentalité, de la situation dans laquelle elle est reçue.. »

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