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La tradition est-elle synonyme de régression ?

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« Le mot "tradition" vient du latin tradere qui signifie "remettre, transmettre".

La tradition donc dans son sens originaire, tel qu'il est défini dans le Littré est la transmission de faits historiques, de doctrines religieuses, de légendes, etc.

d'âge en âge par voie orale et sans preuve authentique et écrite.

Mais le terme de "tradition" désigne aussi les faits ainsi transmis.

La tradition a donc un rapport au passé.

Il s'agit de savoir si cette perpétuation de faits passés nous ramène à un état antérieur de notre évolution, si elle s'oppose au progrès.

Il semble dans un premier temps que le poids du passé puisse être un frein à la nouveauté, à la créativité.

Mais la tradition a aussi à voir avec la mémoire.

Une nation sans mémoire peut-elle savoir qui elle est? Peut-elle avancer? Dès lors ne faut-il pas distinguer une tradition fermée n'acceptant pas le nouveau et une tradition qui évolue au contact du présent? 1.

Il faut faire table rase du passé La tradition est donc la transmission de rites, de faits passés.

Or être toujours tourné vers le passé, vers la tradition, n'est-ce pas se couper de l'avenir? C'est ce que pense Nietzsche.

Pour lui l'oubli du passé est essentiel et vital.

Il est l'unique condition du bonheur. Mais il est aussi une condition essentielle au développement de nouvelles facultés.

Ainsi, pour le philosophe, il faut "faire table rase dans notre conscience pour qu'il y ait de nouveau de la place pour faire des choses nouvelles." Il y en effet un risque d'immobilisme.

On peut refuser de changer des comportements, des lois, des rites parce qu'ils font partie de la tradition et qu'il en a toujours été ainsi.

Par exemple, refuser d'instaurer une loi interdisant le bizutage pour les nouveaux venus dans une école puisque cela fait partie de la tradition "scolaire". De plus, pour Sartre, l'avenir est la dimension essentielle pour l'homme : "l'homme surgit dans le monde et ne se définit qu'après(...) Il n'est d'abord rien, il ne sera qu'ensuite." Ce qui sous-entend que l'homme n'est pas constitué par la tradition, par son passé mais par son avenir. 2.

La tradition est perpétuation du passé dans le présent, elle en est la condition Et pourtant la tradition nous permet de rester en contact avec les valeurs de nos racines, de nos ancêtres.

Elle nous permet de comprendre d'où nous venons.

Ainsi un peuple ne peut prendre réellement conscience de lui-même, de son existence, tant qu'il n'a pas connaissance de son histoire, des faits qui l'ont amené à cet état actuel.

Ainsi pour Giambattista Vico, un peuple qui a perdu les croyances et les valeurs qui ont présidé à sa naissance est un peuple voué à disparaître.

Or les traditions permettent à ces croyances de rester dans la mémoire collective. De plus, la connaissance des traditions et du passé nous permettent de mieux comprendre le présent et d'agir.

Jean Ortega affirme que "le passé est le seul arsenal qui nous fournisse les moyens de façonner l'avenir.".

"c'est cette connaissance[ du passé] seule qui lui procure une intelligence plus nette du présent et lui permet même de formuler des inductions pour l'avenir'." Schopenhauer. Il faut bien comprendre que tout présent est le résultat d'un processus, de l'enchaînement de faits passés.

C'est pourquoi, par exemple, afin de comprendre le fonctionnement de nos prisons, dans Surveiller et Punir, Michel Foucault repart du XVIe pour son étude.

Cela correspond au concept de généalogie introduit par Nietzsche.

Pour comprendre les faits actuels, il faut mettre à jour leur formation dans le temps et découvrir ainsi leur logique cachée. 3.

La tradition doit être ouverte sur la nouveauté Et pourtant la tradition peut être dangereuse.

La difficulté tient au fait qu'il faut réfléchir à sa valeur avant de continuer à la perpétuer.

Mais il faut aussi faire attention à ne pas rester enfermer .

Puisque la tradition est la résurgence du passé dans le présent, il est aussi nécessaire qu'elle puisse être modifiée, qu'elle accepte la nouveauté.

Il s'agit dès lors de penser à une tradition ouverte vers l'extérieur. Il ne faut en effet pas oublier comme le rappelle Hegel que "chaque époque, chaque peuple se trouve dans des conditions particulières.".Il est donc impossible de se retrouver dans la situation, la mentalité qui ont donné naissance à la tradition.

Il n'existe pas de vérité objective d'un fait passé puisque sa signification dépend de la mentalité qui la reçoit.

Le peuple ne peut donc pas la reprendre telle qu'elle était à son origine, mais il la transforme et imprime la marque de sa propre spécificité et de sa propre identité.

Ainsi, pour Herder, ce qui renseigne sur l'identité d'un peuple et la crée, c'est le choix qui est fait, le tri dans les événements traditionnels à perpétuer et à garder vivants. Ainsi , par la tradition, l'homme a les yeux rivés sur son passé et, oublie de profiter du présent et de l'avenir.

La mémoire empêche le développement de nouvelles facultés et barre la route au progrès.

Mais en même temps, c'est la connaissance du passé, des valeurs passées qui permet de comprendre le présent, l'identité d'une communauté ou d'un peuple et de prévoir l'avenir.

De plus, aucun fait historique, aucune tradition ne peut avoir la même signification à différentes époques puisque chacune d'entre elles a une mentalité, une vision du monde différente et comprend la tradition à l'aune de cette mentalité.

La tradition donc ne doit pas être fermée mais admettre la nouveauté, l'évolution, sa transformation par la nouvelle génération.. »

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