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La technique n'est-elle qu'un moyen ?

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« Définition des termes du sujet On appelle « technique » l'ensemble des moyens que l'homme met en oeuvre pour transformer et améliorer son environnement.

Les techniques sont à la fois des procédures et des savoir-faire. La technique apparaît donc en premier lieu comme un moyen par lequel l'homme parvient à transformer le monde qui l'entoure.

C'est cependant ce statut de « moyen » attribué à la technique qui est interrogé ici. On désigne comme « moyen » un objet ou une procédure par lesquels on vise autre chose qu'eux-mêmes – dans ce cas, on oppose « moyen » à « fin ».

Autrement dit, le moyen est conçu comme utilitaire, il est une condition de la réalisation de quelque chose : il n'est pas recherché pour lui-même mais pour la fin qu'il rend possible, cette fin étant à comprendre comme la chose que l'on recherche pour elle-même. Le sujet demande si la technique est uniquement un moyen – c'est le sens de la restriction « ne...qu » : elle présuppose donc que la technique est effectivement un moyen, et invite à poser la question de l'exhaustivité de cette définition : la technique est-elle plus et autre chose qu'un moyen ? Si oui, qu'est-elle, peut-elle être recherchée pour elle-même, et pourquoi ? Il faudra donc interroger le statut de la technique en définissant sa fonction – dans quel processus entre-t-elle ? – et son fonctionnement – comment se manifeste-t-elle, que met-elle en oeuvre, que rend-elle possible ? En interrogeant le fonctionnement de la technique, on pourra remarquer que celle-ci demande de mobiliser certaines facultés humaines – facultés de rationalisation, de synthèse, de conceptualisation – et constitue donc peut-être un lieu privilégié d'exercice et de développement de ces facultés.

La technique aurait alors un statut plus complexe que celui de moyen : elle serait un lieu d'exercice valant pour soi, productif en lui-même indépendamment de la fin qu'il vise.

C'est le rapport que l'homme entretient avec la technique qui est ici en jeu : quelle est la place de la technique dans la vie humaine, individuelle comme sociale ? Eléments pour le développement Quel est le lien entre la technique et l'idée ? Alain, Système des Beaux-arts « Il reste à dire en quoi l'artiste diffère de l'artisan.

Toutes les fois que l'idée précède et règle l'exécution, c'est industrie.

Et encore est-il vrai que l'oeuvre souvent, même dans l'industrie, redresse l'idée en ce sens que l'artisan trouve mieux qu'il n'avait pensé dès qu'il essaie ; en cela il est artiste, mais par éclairs.

Toujours est-il que la représentation d'une idée dans une chose, je dis même d'une idée bien définie comme le dessin d'une maison, est une oeuvre mécanique seulement, en ce sens qu'une machine bien réglée d'abord ferait l'oeuvre à mille exemplaires. Pensons maintenant au travail du peintre de portrait ; il est clair qu'il ne peut avoir le projet de toutes les couleurs qu'il emploiera à l'oeuvre qu'il commence ; l'idée lui vient à mesure qu'il fait ; il serait même rigoureux de dire que l'idée lui vient ensuite, comme au spectateur, et qu'il est spectateur aussi de son oeuvre en train de naître.

Et c'est là le propre de l'artiste.

Il faut que le génie ait la grâce de la nature et s'étonne lui-même. Un beau vers n'est pas d'abord en projet, et ensuite fait ; mais il se montre beau au poète ; et la belle statue se montre belle au sculpteur à mesure qu'il la fait ; et le portrait naît sous le pinceau.

(...) Ainsi la règle du Beau n'apparaît que dans l'oeuvre et y reste prise, en sorte qu'elle ne peut servir jamais, d'aucune manière, à faire une autre oeuvre.

» Une première piste pourrait constituer à donner une définition de la technique limitant son intérêt et son efficace : la technique serait une idée fixée par son adaptation au processus d'obtention de tel objet défini, elle n'aurait donc aucune plasticité ; une fois définie – et elle est définie uniquement comme moyen de la fin auquel elle sert – elle ne serait l'objet d'aucun travail, d'aucun progrès ; elle serait une sorte de programme à appliquer sans l'interroger. Les bienfaits de la technique dépassent l'objet auquel elle s'applique Bergson « Quand on fait le procès du machinisme, on néglige le grief essentiel.

On l'accuse d'abord de réduire l'ouvrier à l'état de machine, ensuite d'aboutir à une uniformité de production qui choque le sens artistique.

Mais si la machine procure à l'ouvrier un plus grand nombre d'heures de repos, et si l'ouvrier emploie ce supplément de loisir à autre chose qu'aux prétendus amusements qu'un industrialisme mal dirigé a mis à la portée de tous, il donnera à son intelligence le développement qu'il aura choisi, au lieu de s'en tenir à celui que lui imposerait, dans des limites toujours restreintes, le retour (d'ailleurs impossible) à l'outil, après suppression de la machine.

Pour ce qui est de l'uniformité de produit, l'inconvénient en serait négligeable si l'économie de temps et de travail, réalisée ainsi par l'ensemble de la nation, permettait de pousser plus loin la culture intellectuelle et de développer les vraies originalités.

». »

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