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La technique est-elle sans raison ?

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« Le terme de raison - du latin ratio, désigne à l'origine le calcul pour prendre ensuite le sens de faculté de compter, d'organiser, d'ordonner.

Il n'est ainsi pas étonnant que le concept de raison joue un rôle essentiel, voire central, dans le domaine de la philosophie : encore les écoles qui s'opposent à la conception rationaliste et refusent de voir dans la « faculté » de raison ce qui caractérise l'homme, ce qui est seul capable de réaliser pleinement la nature humaine, sont déterminées par ce à quoi elles s'opposent.

Cependant, le sens philosophique du mot n'est pas entièrement, et peut-être même pas principalement, fixé par ses liens avec le langage courant : depuis Cicéron, ratio sert également à traduire le terme grec logos, lequel, quoique à l'origine non étranger au sens de calcul, désigne, dès la naissance de la philosophie grecque, le discours cohérent, l'énonciation sensée et, en tant que telle, compréhensible, admissible, valable universellement.

Il caractérise par la suite non seulement ce discours, mais également ce que ce discours révèle, les principes de ce qui est vraiment et non seulement donné dans une opinion individuelle et arbitraire, non universelle ou non universalisable.

La raison reste bien ce qui caractérise l'homme, être parlant et pensant, mais elle spécifie tout autant le monde dont parle ce discours et dont il ne peut parler que parce que par sa nature il se prête au discours, parce qu'il est raisonnable.

La raison cessera alors d'être simple faculté calculatrice (rôle qui échoit à l'entendement) pour devenir saisie directe de la réalité en soi, de l'Être en lui-même. D'autre part, la technique peut se définir comme « ensemble de procédés bien définis et transmissibles, destinés à produire certains résultats jugés utiles ».

La technique se distingue donc de la simple habitude : elle n'est pas simplement une manière d'agir ou un état d'esprit acquis par la répétition fréquente des mêmes actes mais elle implique au contraire une représentation rationnelle plus ou moins abstraite.

La technique suppose donc un élément rationnel, elle en est le produit.

Dire que la technique est sans raison sous-entend que quelque chose a changé dans la nature de la technique, qu'elle a perdu cette dimension rationnelle, qu'est-ce qui a fait cette dimension rationnelle ? 1) La seule valeur de la technique est-elle l'efficacité ? La technique n'est pas pour autant réductible à la science puisque cette dernière a pour fin de représenter la réalité alors que la technique se propose de la transformer.

Aussi la seule valeur qui semble régir la technique est l'efficacité.

En effet, que demande-t-on par exemple à un ingénieur qui construit un pont, à part qu'il ne s'écroule pas ? Aussi la fabrication d'outils, d'instruments a pour leur seule finalité qu'ils fonctionnent.

Mais il serait trompeur de croire que la valeur d'efficacité puisse seule régir l'utilisation des techniques.

La technique induit toute une civilisation, des pratiques, des usages, des habitudes.

Aussi le « faire efficace » est défini par une visée que la société crée.

On ne peut ainsi séparer la technique de sa signification, la fin des moyens, les pratiques sociales et les techniques.

Penser que les techniques sont neutres serait aussi faux que de penser à la neutralité des sociétés qui les engendrent et dont elles ne sont pas séparables.

Toute société est régie par des idéologies, des valeurs, certaines sociétés mettent en avant la production industrielle et la consommation.

Elle est donc le reflet de la « raison » de son époque. 2) Un monde dominé par la technique et déserté par la raison. Alors que T.

W.

Adorno (1903-1969) et Max Horkheimer (1895-1973) ont fui le nazisme, achevée en 1944 et publiée en 1947, à Amsterdam, La Dialectique de la raison.

Ce livre constitue une véritable déconstruction des concepts et des valeurs sur lesquels s'est fondé notre monde depuis l'âge des Lumières.

Raison, progrès, civilisation : quel sens donner à ces mots, alors que deux guerres mondiales, l'apparition des régimes totalitaires, la métamorphose du capitalisme en « monde administré » sont autant de signes que l'émancipation de l'homme ne s'est accomplie que conjointement à la violence et à la domination.

il s'agit de juger la raison à son propre tribunal, de lui montrer ses propres limites, de la rappeler aux tâches qu'elle doit instaurer et auxquelles, par nature, elle a tendance à renoncer. Par exemple, s'il apparaît que c'est grâce à la raison que l'homme s'affranchit de la nature et des nécessités qu'elle lui impose, cette même raison n'en contribue pas moins à son asservissement à la rationalité économique qui lui aura permis de se libérer.

« Tandis que l'individu disparaît devant l'appareil qu'il sert, il est pris en charge mieux que jamais par cet appareil même.

» La domination du réel s'avère corrélative de l'insurrection d'une raison devenue purement instrumentale, et qui se met au service des forces répressives les plus archaïques.

« Se croyant à l'abri du mythe », la raison se transforme en « rituel » soumettant tout, y compris les pratiques a priori les plus rebelles à sa domination.

« Organe de la finalité », la raison devient moyen, « instrument universel » et non plus fin, vérité, comme les philosophes des Lumières pouvaient encore en avoir l'illusion. 3) La technique comme instrument politique, les risques de dérives. Le rapport entre technique et politique apparaît bien plus complexe.

D'une part, la politique, c'est-à-dire la manière de gouverner ou la conduite des affaires publiques, peut avoir un effet notable sur les développements techniques (en encourageant ou défavorisant les recherches dans ce domaine).

D'autre part, la technique intervient de plus en plus aujourd'hui jusque dans les décisions politiques, comme un ensemble de dispositifs permettant d'analyser les conjonctures et d'orienter le choix (les techniques de sondage, par exemple).

Le risque est alors grand de voir se. »

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