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La spontanéité est-elle une marque de liberté ?

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« LIRE LE SUJET C'est à partir de l'analyse du concept de spontanéité qu'il faut ici réfléchir sur cette question.

Pour dégager les significations d'un mot, on commence toujours par chercher dans quelles expressions on peut le rencontrer.

Il est utile de se demander, d'autre part, à quels concepts il s'oppose. Introduction • A première vue, agir de manière spontanée, c'est agir librement : rien ni personne ne parait alors nous contraindre. Toutefois, on peut se demander si, en agissant de manière spontanée, on n'agit pas aussi de manière irréfléchie, involontaire ou irresponsable. • Le problème se pose donc de savoir ce qu'on entend par «spontanéité, afin de déterminer si celle-ci est, ou non, synonyme de liberté. 1.

Le mot «spontané» L'analyse des expressions dans lesquelles on utilise le mot «spontané» conduit à distinguer plusieurs plans.

On parle en particulier de spontanéité pour désigner: • Un acte qui n'est pas contraint par autrui. Des aveux spontanés ne sont pas arrachés par la violence ou la ruse ; celui qui avoue décide de parler alors qu'il pourrait se taire puisque personne n'exerce sur lui de pression. • Un acte qui ne paraît pas déterminé par une cause extérieure à celui qui le fait. Par exemple, les actes réflexes peuvent être dits spontanés en ce sens.

Mais ce sens en appelle un autre, car de tels actes doivent être opposés aux actes réfléchis : • Un acte qui ne résulte pas d'une réflexion consciente. On parle ainsi d'une réaction spontanée, d'un caractère spontané.

On oppose conscience réfléchie et conscience spontanée, parce que cette dernière ne se pense pas explicitement elle-même par un mouvement réflexif (dont elle est pourtant capable), ne fait pas retour sur soi. • Une conduite imprévisible, enfin, qui non seulement n'est pas calculée, préméditée, mais ne peut être connue à l'avance, comme telle ou telle réaction spontanée, une grève spontanée, etc. 2.

Spontanéité et liberté a) Des actes spontanés mais non libres • Il est clair que si ma conduite est dirigée par autrui, mes actes ne sont ni spontanés (1°'sens) ni libres.

Mais il ne suffit pas que je ne dépende plus d'autrui pour être certain d'être libre : je peux encore dépendre de mécanismes, psychologiques par exemple, qui définissent ma conduite.

Je ne suis ni spontanément ni librement généreux si l'on me force à donner; mais l'élan de générosité que personne n'a sollicité n'est pas encore un mouvement libre s'il est en quelque sorte plus fort que moi.

Des aveux spontanés, d'autre part, peuvent résulter d'un intense sentiment de culpabilité qui écrase le responsable d'un acte. • On ne parle pas de liberté lorsqu'un acte n'est pas déterminé par la réflexion consciente mais par des forces qui poussent l'être à se conduire de telle ou telle manière.

Une conscience et une volonté libre supposent d'abord une indépendance à l'égard des besoins, des désirs, des passions, des mécanismes biologiques ou instinctifs. • Des conduites spontanées, comme par exemple des comportements instinctifs, sont rigoureusement nécessaires. Ils ne peuvent pas ne pas se déclencher.

On est ici à l'extérieur du champ de la liberté.

Une action spontanée qui résulterait d'une sorte d'instinct, ou d'une pure impulsion dont notre volonté ne serait pas responsable, pourrait avoir des conséquences heureuses ou au contraire malheureuses ; mais on peut contester qu'elle ait une valeur morale, qu'elle soit comme telle bonne ou mauvaise, si l'on soutient Kant que seuls les actes volontaires, déterminés par une libre décision, peuvent être jugés sur le plan moral. b) De la spontanéité des actes libres • Si la spontanéité d'une conduite ne définit pas sa liberté, inversement, un acte libre est, en un sens, toujours spontané. • En effet, une volonté soumise à des déterminations externes n'est pas libre, puisqu'elle dépend précisément de celles-ci.

Poser un acte libre, c'est dire que «si (par exemple) je me lèvre maintenant de mon siège tout à fait librement et sans subir l'influence nécessairement déterminante des causes naturelles, alors avec cet événement et tous les effets naturels qui en dérivent à l'infini commencent absolument une nouvelle série, bien que, par rapport au temps, cet événement ne soit que la continuation d'une série précédente.

Cette résolution et cet acte ne sont pas une simple conséquence de l'action de la nature, mais les causes naturelles déterminantes qui ont précédé cet événement cessent tout à fait par rapport à lui ; et, s'il leur succède, il n'en dérive pas, et par conséquent il peut bien être appelé un commencement absolument premier, non pas à la vérité sous le rapport du temps, mais sous celui de la causalité".

(Kant, Critique de la raison pure, trad.

Barni, Gibert, II, p.

25). On remarquera que c'est précisément la possibilité d'une telle spontanéité que contestait Spinoza.

"Ceux donc qui croient qu'ils parlent ou se taisent ou font quelque action que ce soit, par un libre décret de l'âme, rêvent les yeux ouverts".

(Éthique, G.F., p.

140) ; en effet, c'est concevoir l'homme «comme un empire dans un empire"., croire naïvement «que l'homme trouble l'ordre de la nature plutôt qu'il ne le suit, qu'il a sur ses propres actions un pouvoir absolu et ne tire que de lui-même sa détermination» (id., p.

133).

Être libre, selon Spinoza, ne saurait être "agir spontanément"., mais au contraire prendre conscience qu'unetelle spontanéité d'un être est toujours illusoire au sein. »

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