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La science peut-elle être immorale ?

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« Par définition, la science a-t-elle des rapports avec la morale ? Ne sont-elles pas distinctes ? La science doit-elle être jugée par rapport à elle-même, son mode de fonctionnement, ou par rapport à ses buts ? Ceux-ci peuvent-ils n'être que contraire à la morale ? Qu'est-ce que veut dire immoral : cela signifie contraire aux règles, voire transgressif par rapport à ces règles morales.

En quoi la science peut-elle transgresser ? Que veut dire transgresser ? Ne pas respecter, ne pas avoir de règles ? Le sujet insiste sur une possibilité (peut) mais n'en fait pas une nécessité : à discuter donc.

Quels sont les rapports entre raison et morale : comment la science qui se veut rationnelle peut-elle transgresser ? Est-ce parce qu'il n'y a pas de lien entre le vrai et le bien ? Est-ce par son lien avec la technique ? Si oui, pourquoi ? Mais en même temps, est-ce que la science ne fait pas avancer la morale ? N'oblige-t-elle pas à repenser des principes que l'on croyait intangibles et bien fondés ? N'y a-t-il donc pas des transgressions fécondes ? I - LES TERMES DU SUJET : Le terme "morale" peut être considéré sous différents angles.

Il peut s'agir des exigences morales dont est porteur le savant au même titre que n'importe quel autre être vivant en société. Il peut aussi s'agir de la déontologie - i.e.

de l'ensemble des règles et des valeurs qui guident sa conduite - dans le domaine de recherche qui est le sien.

Bien sûr les deux sens sont reliés car il parait difficile de couper le second du premier mais il ne faut pas ignorer que le savant se trouve confronté à des responsabilités spécifiques. II - ANALYSE DU PROBLEME : Le savant peut-il se contenter de dire "je m'occupe de ma recherche et rien d'autre ?" Toute vérité est-elle bonne à divulguer ? Ne peut-il pas aussi à l'occasion prévoir quels usages peuvent être faits de ses découvertes ? Peut-il se voir, dans ces conditions, attribuer une responsabilité lorsque des conséquences indésirables découlent de ses travaux ? Comment doit-il réagir lorsque ses travaux sont financés par des institutions dont les finalités n'ont rien de scientifique ? Doit-il accepter le rôle d'expert que les politiques et parfois certains intérêts privés veulent lui faire jouer ? La science moderne s'est constituée à partir du XVIIe siècle autour de l'idée de publicité des raisons : en opposition à l'alchimiste qui officie en secret pour des initiés, le savant moderne expérimente, publie ses résultats et livre ses arguments à l'examen et à la discussion. La conséquence de ceci est que ces résultats deviennent exploitables à des fins étrangères aux buts de la science : économiques, militaires etc. En étant publiés les travaux scientifiques sortent du cercle des gens qui y sont scientifiquement intéressés. Ceci est d'autant plus vrai que la recherche est financée soit par l'Etat (comme le souhaitait déjà BACON) soit par des fondations privées qui sont aussi soucieuses de récupérer le fruit de leur investissement. Se pose donc la question de l'articulation entre science et technique. On appelle aujourd'hui "technique" une pratique rationnelle, en fait une pratique fondée sur l'application de connaissances scientifiques. Le savant peut-il être tenu pour responsable des utilisations technologiques de son travail ? Doit-il leur être indifférent ? Peut-il s'en tenir à une éthique de la recherche de la vérité sans aucune autre considération ? III - UNE DEMARCHE POSSIBLE A - SCIENCE ET TECHNIQUE : UN CONCUBINAGE FORCE Le caractère public de la recherche scientifique (publicité des raisons, voire du financement) entraîne des conséquences étrangères au travail scientifique lui même. L'exploitation technique des résultats de la science appartient aux politiques ou à des intérêts privés.

Cette exploitation entraîne des conséquences qui ne sont pas voulues par le savant ni même parfois par ses promoteurs eux-mêmes (cf : notion de risque technologique). Quelle attitude le savant doit-il adopter face à cela ? Doit-il considérer que l'exploitation de ses résultats ne lui appartient plus et que sa seule tâche est la recherche de la vérité ? Dans ces conditions, le savant pourrait se contenter d'une déontologie au sens strict c'est à dire de règles régissant ses relations avec ses pairs : il pourrait alors se sentir quitte en observant des règles d'honnêteté intellectuelle, en ne s'attribuant pas des vérités trouvées par d'autres etc. La question est de savoir si le savant peut sans remords abandonner à d'autres l'exploitation pratique de son travail. Ceci est d'autant plus vrai que l'on s'attache aux sciences appliquées, mais la recherche fondamentale n'échappe pas non plus à cette question.

Il suffit de penser par exemple à l'utilisation militaire de la recherche nucléaire.. »

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