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La science accepte-t-elle le doute ?

Extrait du document

« Le mot "science" dérive de scienta et de scire qui signifient savoir.

La science dans un sens général a donc à voir avec le savoir.

Ce savoir a été défini par les Grecs par trois aspects : c'est un savoir éminent, supérieur qui se doit d'être universel et théorique.

La science par suite est entendue comme un savoir qui repose sur des critères précis de vérification et des résultats objectifs.

Cette nécessité de vérification fait des connaissances scientifiques, des connaissances assurées.

Pendant longtemps, en effet, la science a été le refuge des vérités éternelles et objectives qui excluaient le doute.

Ce dernier vient du latin dubitare qui évoque le mouvement de balancement et renvoie donc à un état d'esprit provenant d'une absence de certitudes.

Or, si l'esprit du scientifique balance sans cesse, c'est le mouvement même de ses recherches qui se trouvent arrêter.

La science a pour but de mettre un terme au doute en trouvant des vérités assurées.

Pourtant, la succession des connaissances scientifiques ne montre-t-elle pas qu'aucune vérité scientifique n'est absolue? La marque de la science n'est-elle pas justement de faire face au doute? Ce dernier ne distingue-t-il pas le dogme de la science justement? La science est à la recherche de vérités assurées et absolues - L'une des principales caractéristiques de la science est qu'elle s'oppose aux opinions personnelles et non fondées. La science se définit par sa méthode qui suppose sans cesse une vérification, une confrontation aux faits.

La science est donc sans cesse à la recherche de vérités absolues, du véritable fonctionnement de la nature. D'ailleurs, on dit souvent comme Bertrand Russel dans son ouvrage Ma conception du monde que la philosophie a pour but d'énoncer des possibles encore impossibles à démontrer et qu'une fois que ces théories sont démontrées et certaines, elles tombent dans le domaine de la science.

D'ailleurs, aujourd'hui, l'expression "prouvé scientifique" est utilisée comme argument pour mettre en évidence que le fait évoqué est assuré, certain et n'est pas une hypothèse ou une croyance incertaine. - Le scientifique ne peut donc pas tomber dans le doute pathologique ou sceptique.

Le doute sceptique affirme en effet que l'on ne peut rien savoir et qu'il faut par suite suspendre radicalement et définitivement son jugement.

Or, ce doute sceptique met un point d'arrêt à toute recherche quelle qu'elle soit mais particulièrement scientifique.

Pour commencer à appliquer sa méthode, à réfléchir, le scientifique doit en effet trouver un point de départ assuré.

C'est pour cela d'ailleurs que Descartes cherchait une vérité absolue et certaine pour fonder une science dans les Méditations métaphysiques.

Or, si j'admets que rien n'est certain, je ne peux rien commencer, puisque tous mes points sont incertains. De plus, le doute peut être un état pathologique qui affaiblit mon esprit.

Le doute trouble notre esprit, lui enlève sa clairvoyance et peut s'étendre à toute chose, paralysant mon esprit. - Enfin, la science a souvent, même si ce n'est pas normalement son but principal, une conséquence pratiques.

Or, il serait impossible d'appliquer aucune théorie scientifique si les scientifiques prétendent que cette dernière n'est absolument pas sûre et qu'elle ne va peut-être pas fonctionner.

La science, si elle se confronte au doute, se trouve obliger de redémontrer toutes les découvertes scientifiques de l'humanité.

Or, le progrès scientifique tient justement au fait qu'une fois un fait démontré et prouvé, il est tenu pour vrai et pour utilisable dans d'autres théories. Les vérités scientifiques ne sont que des théories provisoires - Pourtant, il a fallu mettre un frein à cette prétention de la science de détenir des vérités assurées et éternelles.

A une certaine époque, effectivement, on avait plutôt à faire avec une foi en la science qu'à un esprit scientifique.

On a été persuadé que la science trouverait la clé de la nature et assurerait le bonheur de tous.

Or, l'évolution de la science et de ses connaissances a montré que les "vérités" scientifiques n'étaient pas éternelles et par suite n'étaient pas certaines. De même, les découvertes microphysiques et quantiques ont mis au jour l'impossibilité de certitudes dans les sciences.

Le principe d'incertitude d'Heisenberg a ainsi montré qu'à l'échelle atomique, aucune prévision n'était possible.

La science atomique tombe ainsi dans un domaine probabiliste. - La science doit justement accepter le doute pour devenir scientifique.

Popper a justement montré qu'une théorie qui n'était pas réfutable, falsifiable était une théorie non scientifique.

Les conjectures scientifiques "sont soumises au contrôle de la critique, c'est-à-dire à des tentatives de réfutations qui comportent des tests d'une capacité critique élevée."( Conjectures et réfutations) En effet, l'astrologie par exemple, n'est pas une "science" réfutable, elle ne s'appuie sur aucun élément vérifiable et ses principes sont considérés comme absolu.

Une telle théorie qui refuse de se confronter au réel et de remettre en cause ses principes n'est pas une théorie scientifique.

Elle est fermée sur le monde et ne s'appuie sur aucune expérimentation. - Cependant, même ces réfutations n'assurent pas que les vérités soient vraies.

Popper dit encore qu' "elles[ les conjectures] peuvent survivre à ces tests mais ne sauraient être justifiées de manière positive : il n'est pas possible d'établir avec certitude qu'elles sont vraies." Dès lors, le doute doit faire partie intégrante de la science, il la fonde. Le doute est la première marque de scientificité.

Une théorie est acceptée parce qu'elle résiste le plus au doute, à la réfutation sans pour autant être déclarée vraie absolument.

Le scientifique doit donc faire attention d'être attentif aux faits, au réel pour continuer une démarche rationnelle, scientifique et non s'enfermer dans une croyance dogmatique.

Nietzsche avait en effet mis en garde contre cette possibilité de trouver ce que l'on veut trouver très. »

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