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La science a-t-elle son point de départ dans l'expérience?

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« Introduction : • Bien définir les termes du sujet : - La « science » : toute connaissance rationnelle obtenue soit par démonstration, soit par observation et vérification expérimentale.

Elle comprend toutes les sciences positives (mathématiques, physique, biologie) - « Point de départ » : il s'agit ici du fondement, de la base, de l'origine au sens chronologique.

C'est non seulement ce sur quoi se construit la science, mais aussi ce par quoi elle commence. - « Expérience » : il s'agit ici du réel en tant que tel, comme impression sensible, et non pas de l'expérience en son sens scientifique, puisque cela supposerait que l'on possède déjà une théorie scientifique (que l'on cherche à prouver) avant même l'élaboration d'une science. • Construction de la problématique. La science et l'expérience sont deux choses de nature complètement différente.

Autant l'une est abstraite et générale, autant l'autre est singulière et particulière.

Il semble étrange de ce fait, de faire découler l'une de l'autre, ou de la placer à son fondement. • Est-ce que cela signifie que la science n'est qu'une généralisation et une abstraction de l'expérience ? Autrement dit, il s'agit de voir comment il est possible, et dans quelle mesure l'expérience peut fonder la science. Plan : I/ L'expérience est la seule véritable source de la science : Il est possible de considérer avec les empiristes, notamment Hume, que toute connaissance humaine dérive, directement ou indirectement de l'expérience sensible, qu'elle soit interne (les sentiments et sensations) ou externe (la vision du monde réel). • Dans l'Enquête dur l'entendement humain, Hume met au premier plan cette expérience sensible.

Selon lui, les théories scientifiques naissent de l'observation de la nature, et du sentiment de connexion coutumière entre deux événements.

à La nature est un ensemble de phénomènes qui se produisent les uns après les autres, sans liens réels entre eux.

Cependant, lorsque nous les observons, nous éprouvons le sentiment qu'il existe entre certains événements des connexions particulières. • C'est donc l'habitude que nous avons de voir deux phénomènes particuliers ensemble qui fait que nous les assemblons par le lien de causalité.

Ceci sans compter que nous généralisons, et que nous supposons que le futur sera conforme au passé.

L'habitude permet ainsi de passer de la conjonction à la connexion nécessaire, et donc à l'établissement de lois scientifiques. • L'expérience est la base de toute science, elle en dérive, puisque c'est seulement à partir de l'observation du monde extérieur et des sentiments (celui de connexion coutumière) que l'on parvient à la régularité propre à la science.

Les lois viennent de l'observation de la régularité dans l'expérience, de l'accoutumance. Une autre solution consiste à affirmer que toutes les connaissances de l'homme, y compris les principes de la raison dérivent de l'expérience. C'est ainsi que pour Locke, il n'existe ni connaissance ni principe inné.

Dans « Essai sur l'entendement humain », critiquant l'innéisme de Descartes, Locke avance la thèse de la « table rase » : l'esprit de l'être humain, avant toute expérience et éducation (celui du nouveau-né par exemple), est comme une tablette de cire, vierge de toute écriture.

Nos idées simples viennent de la sensation et de la réflexion.

Les idées complexes et en particulier les catégories de substance, de mode et de relation sont le produit de la combinaison des idées simples.

Pour Hume aussi les principes de la raison ne sont pas innés mais acquis par l'expérience. Comme philosophie générale, l'empirisme affirme avec Locke que nos idées ne sont pas, comme le pensait Descartes, innées, mais qu'elles proviennent de l'expérience.

On peut décomposer la philosophie empiriste de la connaissance en trois moments. 1. L'origine des idées .

L'esprit, dit Locke, est d'abord une page blanche, une « table rase » (tabula rasa).

« Comment vient-il à recevoir des idées ? Par quels moyens en acquiert-il cette prodigieuse quantité que l'imagination de l'homme, toujours agissante et sans borne, lui présente avec une variété presque infinie ? D'où puise-t-il tous ces matériaux qui sont comme le fond de tous ses raisonnements et de toutes ses connaissances ? A cela je réponds d'un mot : de l'expérience.

C'est le fondement de toutes nos connaissances, c'est de là qu'elles tirent leur première origine.

» (« Essais sur l'entendement humain »).

L'expérience est donc d'abord pour l'empirisme une réponse à la question de l'origine des idées.

Ainsi, un certain nombre d'idées naissent dans l'âme des « observations que nous faisons sur les objets extérieurs et sensibles » (idem).

C'est le cas d'idées comme « dur », « mou », « blanc », « jaune »… Locke les appelle des « idées de sensations » : nous nous les représentons que parce que nous avons eu l'expérience sensible du mou, du blanc, du jaune….

Pour un empiriste, un aveugle de naissance ne saurait avoir aucune idée des couleurs.

Les autres idées viennent non de l'expérience externe, mais de l'expérience interne ; cad des observations que nous faisons sur « les opérations intérieures de notre âme ».

Telles sont les idées de « joie », de « peine », de « plaisir », de « douleur »… Ce sont des idées de réflexions.

Dans les deux cas, les idées sont, comme dit Hume, des « copies » des impressions sensibles. 2. La composition des idées .

En faisant naître les idées de l'expérience sensible, comment pourrions-nous rendre compte de l'infinité des idées que l'esprit peut concevoir, alors que est toujours limitée ? Je peux me représenter une montagne d'or, ou un centaure : comment est-ce possible ? La réponse est : grâce à la possibilité de combiner ou d'associer les idées, que Locke comme Hume attribut à l'imagination.

L'empirisme distingue entre les « idées simples », cad inanalysables en éléments et immédiatement dérivées d'expériences sensibles élémentaires (telles les idées de « rouge », « chaud »…) et les « idées composées », qui, elles, sot des résultats d'une combinaisons d'idées simples. 3. La signification des mots.

L'expérience comme contrôle.

L'expérience n'est pas seulement une origine ; elle est aussi ce à quoi il faut retourner pour éprouver la valeur de nos pensées ou plus exactement de notre langage.

Les mots dépendent des données sensibles particulières, aussi généraux et abstraits soient-ils.

De quoi suffit-il donc pour savoir si un mot possède un contenu réel de signification ou si ce n'est qu'un mot creux ? Il suffit que le mot représente effectivement une idée.

Pour établir la signification d'un mot, il suffit de rechercher de quelle(s) impression(s) sensible(s) dérive l'idée dont il est supposé être le signe. L'expérience est bien alors, non seulement un point de départ, mais aussi un point d'arrivée, de retour.

Ainsi l'empirisme ne fait-il pas seulement de l'expérience l'origine de notre connaissance, mais aussi ce qui la justifie.

En ce sens, il ne répond pas seulement à la question de fait que demeure la question de l'origine ; mais il pose dans toute son ampleur la question de droit. Dans « Essais philosophiques sur l'entendement humain », Hume affirme que les « idées » ne sont d'abord que des copies affaiblies des « impressions » d'origine externe et qu'elles sont ensuite liées suivant les lois mécaniques de l'association.

Ainsi, par exemple, nous observons qu'un phénomène donné est suivi d'un autre phénomène donné.

Rien ne nous permet d'affirmer qu'il existe entre eux une relation causale nécessaire sinon l'habitude que nous avons acquise, sous l'influence d'une association souvent répétée, de nous attendre à les voir se suivre.

Le principe de causalité est donc acquis par expérience.

Il en est de même pour les autres principes. La pensée empiriste anglaise distinguera avec insistance vérités logiques et propositions induites de l'expérience.

Hume analyse ainsi ce qui sépare relations d'idées et relations de faits : si l'opération « 2+2=4 » n'exige nul recours à l'expérience, l'affirmation « le soleil se lèvera demain » ne peut être proférée que parce que j'ai l'expérience quotidienne de la levée du soleil.

La proposition contraire n'est ici nullement contradictoire sur le plan logique, comme le serait « 2+2+5 ».

C'est un recours aux faits, non le jeu d'une opération purement rationnelle, qui établit la vérité.

Qu'en est-il alors de son universalité ? Comment prouver qu'il n'y aura pas un matin où le jour ne se lèvera pas ? Questions qui ont pour effet de fragiliser la valeur rationnelle des propositions scientifiques.

A côté des sciences de pure raison, les plus nombreuses sont relatives à des faits.

Celles-ci, parce qu'elles ne relèvent pas de la pure logique, ne peuvent pas être démontrées : « Le contraire d'un fait quelconque est toujours possible, car il n'implique pas contradiction et l'esprit le conçoit aussi facilement et aussi directement que s'il concordait pleinement avec la réalité.

» Hume montre donc que l'induction ne conduit pas à une opération intuitive : le moyen terme sous-entendu (cela se passera toujours comme cela s'est passé) n'est pas une évidence logique.

Il faut que l'esprit induisant que « le pain m'ayant nourri hier il me nourrira demain » fasse un saut ne relevant pas de la logique.

Or l'induction est indispensable dès qu'on a affaire à des relations de faits.

Aussi les vérités empiriques ne sont-elles nullement nécessaires : outre qu'il peut y avoir des inférences fausses, parce ce qu'on n'a pas encore rencontré le contre-exemple qui les démentira, il n'existe aucun moyen de démontrer absolument, par la pure logique, que la conclusion d'une induction est nécessairement vraie.

Du point de vue de la logique, elle ne lest pas.

Si l'on s'en tenait là, il faudrait en conclure que les sciences de faits, même si elles sont provisoirement acceptables, demeurent en partie incertaines.

Elles reposent, au mieux, sur de hautes probabilités. . « Il semble évident que, si toutes les scènes de la nature changeaient continuellement de telle manière qu'il n'y ait aucune ressemblance entre deux événements, et qu'au contraire tout objet soit entièrement nouveau, sans aucune analogie à tout ce qu'on avait vu auparavant, nous n'aurions jamais atteint, dans ce cas, la moindre idée de nécessité ou de connexion entre ces objets.

Nous pourrions dire, dans une telle hypothèse, qu'un objet ou un événement en a suivi un autre, mais non que l'un a été produit par l'autre.

La relation de cause à effet serait nécessairement absolument inconnue aux hommes.

Dès lors, ce serait la fin de toute inférence et de tout raisonnement sur les opérations de la nature; la mémoire et les sens resteraient les seuls canaux qui pourraient livrer accès dans l'esprit à la connaissance d'une existence réelle.

Notre idée de nécessité et de causalité naît donc entièrement de l'observation d'une uniformité dans les opérations de la nature où des objets semblables sont constamment conjoints les uns aux autres, et l'esprit déterminé par accoutumance à inférer l'un de l'apparition de l'autre.

Ces deux circonstances forment le tout de la nécessité que nous attribuons à la matière.

En dehors de la constante conjonction d'objets semblables et de l'inférence, qui en résulte, d'un objet à l'autre, nous n'avons aucune notion d'aucune nécessité ou connexion.

» « Supposez qu'un homme, pourtant doué des plus puissantes facultés de réflexion, soit soudain transporté dans ce monde ; il observerait immédiatement, certes, une continuelle succession d'objets, un événement en suivant un autre ; mais il serait incapable de découvrir autre chose.

Il serait d'abord incapable, par aucun raisonnement, d'atteindre l'idée de cause et d'effet, car les pouvoirs particuliers qui accomplissent toutes les opérations naturelles n'apparaissent jamais aux sens ; et il n'est pas raisonnable de conclure, uniquement parce qu'un événement en précède un autre dans un seul cas, que l'un est la cause et l'autre l'effet.

Leur conjonction peut être arbitraire et accidentelle.

Il n'y a pas de raison d'inférer l'existence de l'un de l'apparition de l'autre.

En un mot, un tel homme, sans plus d'expérience, ne ferait jamais de conjecture ni de raisonnement sur aucune question de fait ; il ne serait certain de rien d'autre que de ce qui est immédiatement présent à sa mémoire et à ses sens.

» PRIVATE MACROBUTTON HtmlDirect Ces théories de Locke et Hume, qui affirment que la raison humaine tire ses principes de l'expérience, sont deux formes de ce qu'on appelle l'empirisme. II/ Si la science a besoin de l'expérience, elle n'en dérive pas complètement pour autant. S'il faut admettre que sans l'expérience, nous ne connaîtrions rien, cela ne signifie pas pour autant que la science dérive totalement de cette expérience.

Ceci sans compter que certaines sciences en sont indépendantes, cf.

Kant, Critique de la raison pure. • En posant la question de ce que nous pouvons connaître, de ce à propos de quoi nous pouvons avoir une science, l'auteur montre que certaines d'entre elles n'ont pas besoin de l'expérience pour exister : cf.

la logique, et en grande partie les mathématiques.

Dans ces domaines, l'entendement n'a affaire qu'à lui-même et à sa forme.

-Par contre, pour les sciences comme la physique, l'expérience est nécessaire. • L'expérience est la matière de la science, et non pas la science elle-même.

« Bien que toute notre connaissance s'amorce avec l'expérience, il n'en résulte pas pour autant qu'elle dérive dans sa totalité de l'expérience.

» CRPure.

Chronologiquement, rien ne précède donc l'expérience, toute connaissance commence en même temps qu'elle.

Mais ce nos facultés intellectuelles qui organisent l'expérience, lui donnent forme, et constituent la science proprement dite.

(Science = matière [expérience] + forme [catégories de l'entendement] a priori. • L'expérience qui est la base de notre science est donc un composé de ce que nous recevons des impressions sensibles, et de ce que notre pouvoir de connaître produit lui-même. L'expérience à laquelle on a affaire est une construction de notre esprit, la science ne porte donc que sur l'expérience en tant que nous la percevons, et non pas sur l'expérience en tant que telle.

(problème de l' « objectivité » de la science.). »

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