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La révolte peut-elle être un droit ?

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« Construction de la problématique : ● La révolte n'est donc pos sible que s'il exis te une communauté des hommes et une autorité contre laquelle se soulever, c'es t-àdire que s'il existe un Etat.

La formulation du sujet est prudente quant à ce droit de révolte : elle n'affirme pas l'existence d'un tel droit qu'il faudrait retrouver et justifier, et ne demande pas s'il est légitime.

Elle pose simplement la question de savoir si sa seule existence est envisageable. ● S'il en est ainsi, c'est parce que le droit à la révolte semble contradictoire et peut être dangereux.

En effet, comment un Etat pourrait-il comprendre en lui-même la condition de sa destruction ? Et comment les hommes pourraient-ils vouloir détruire ce qu'ils ont créé ? Ceci sans compter qu'un droit à la révolte mal utilisé ou mal compris pourrait menacer l'ordre politique et le mener au chaos. Plan : I/ L'idée de la possibilité d'un droit à la révolte est absurde : ● Si l'on considère avec Kant que c'est la raison et donc les individus eux-mêmes qui sont à l'origine du fondement de l'Etat, alors il semble contradictoire de se révolter contre lui, sans compter qu'il vient de la raison et qu'il est de ce fait universel et a priori. ● Ce qui constitue l'Etat pour Kant, c'est le pouvoir législatif qui est la volonté unifiée du peuple.

Le peuple, déjà soumis à la loi civile, ne doit pas réfléchir sur l'origine du pouvoir suprême pour le remettre en cause, parce qu'il lui doit une obéissance inconditionnée.

L'idée d'un droit à la révolte ne peut exister, car cela signifierait que le peuple ait envisagé la possibilité de remettre en cause l'Etat. Or, si un des sujets se révolter contre lui, il est mis à mort car il remet en cause la volonté législatrice universelle de l'état juridique, ce qui n'est pas possible, car la loi est universelle et a priori. ● Il n'est pas possible non plus d'admettre logiquement cette idée de droit à la révolte pour Kant, parce que cela implique qu'il faudrait que celui qui cherche à limiter la puissance de l'Etat par la révolte (le peuple) soit aussi fort que lui, et puisse ordonner publiquement la révolte.

Ce n'est pas possible, et si c'était possible, ce serait le souverain lui-même, ce qui est contradictoire.

Sans compter que la législation suprême ne peut pas comprendre en soi une détermination d'après laquelle elle ne serait pas suprême. ● Il est donc totalement impossible pour Kant Métaphysique des mœurs, d'admettre l'idée d'un droit à la révolte, puisque cela est non seulement logiquement impossible, mais aussi parce que si c'était le cas, la vie de l'Etat serait en danger. II/ Dans certaines circonstances, l'idée de ce droit à la révolte est tout à fait admissible : ● Cependant, il existe certaines circonstances dans lesquelles ce droit à la révolte peut être une idée tout à fait acceptable.

En effet, si les individus ont construits l'Etat, c'est pour se protéger les uns des autres, et non pas pour subir les assauts d'un nouvel assaillant.

Si l'Etat provoque ce contre quoi les citoyens ont essayé de se protéger en le créant, alors il est possible d'envisager l'idée d'un droit à la révolte. ● C'est ce que montre Locke dans Traité du gouvernement civil.

Même s'il n'existe aucune loi explicite invitant les citoyens à se révolter quand l'Etat se retourne contre eux, ils peuvent y être tout de même invités.

Autrement dit, c'est un droit implicite.

Lorsque les magistrats représentant l'Etat trahissent la confiance que les individus ont mise en eux pour s'emparer du pouvoir, alors ces magistrats nient le droit des citoyens.

à Dans ce cadre, le gouvernement se désagrège, et les individus sont fondés à désobéir. ● Ainsi, dans certaines circonstances - quand un ou plusieurs individus légifèrent sans avoir reçu le mandat du peuple, quand les dépositaires du pouvoir législatif exercent des voies de fait contre la propriété des sujets – les citoyens ont le droit de résister au pouvoir, de se révolter.

Pour Locke, il est donc possible d'admettre l'idée d'un droit à la révolte, puisque l'Etat est considéré comme devant être minimal.

En effet, si le pouvoir politique n'est pas à même d'accomplir la tâche pour laquelle il a été créé, ou pire, s'arroge des droits qu'il n'a pas, nuisant ainsi au peuple, alors ce dernier doit pouvoir se révolter contre lui. ● Mais si ce droit à la révolter est envis ageable, il faut pourtant faire attention à son utilisation, sans quoi il peut mener au chaos .

La révolte ne justifie donc pas une rébellion destinée à provoquer la chute d'un gouvernement, et il n'autorise pas non plus l'action individuelle. III/ L'idée d'un droit à la révolte est non seulement admissible, mais c'est aussi un devoir Parler de la possibilité d' "admettre l'idée d'un droit à la révolte" semble sous entendre que ce dernier n'est pas légitime, qu'il est à manier avec précaution, et qu'il n'est pas concrètement envisageable : il n'est qu'une supposition, ou même qu'un rêve. ● Cependant, s elon Marx, le chaos lui-même serait moins dommageable pour les individus que l'Etat dans lequel ils vivent.

L'auteur critique la conception de l'Etat comme une idéologie (ensemble de représentations destinées à justifier les intérêts de la classe sociale dominante économiquement) selon laquelle il s'agit de présenter l'intérêt particulier des dominants comme l'intérêt universel.

De ce fait, il n'y a pas besoin d'attendre un dysfonctionnement pour se révolter et remettre en cause l'Etat. ● Puisque ce dernier semble être, du point de vue de Marx, une puissance d'aliénation qui sépare l'homme de sa propre essence universelle et des autres hommes, l'homme n'a que le choix entre obéir à l'Etat et travailler par là à sa propre servitude, ou se révolter contre l'Etat pour être libre.

Ainsi, le droit à la révolte est non seulement envisageable, mais c'est aussi un devoir, puisque nous devons tenter par tous les moyens de nous sortir de cet asservissement. ● Le droit à la révolte ne doit donc pas être s eulement une idée, il doit avant tout être une réalité. Conclusion : Ainsi, à moins d'envisager l'Etat comme une puissance totalitaire ayant tous les droits, et pouvant agir au détriment des individus, il est possible d'admettre l'idée d'un droit à la révolte.. »

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