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La religion n'est qu'une consolation pour les faibles ?

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« Introduction • La croyance religieuse est-elle une consolation pour les faibles ? L'assentiment de l'esprit à une vérité transcendante, et ce sans justification rationnelle, constitue-t-il un soulagement pour celui qui est dépourvu de force et de maîtrise spirituelle ? Le croyant se rassure-t-il grâce à un lien affectif et spirituel qui représente un baume à son impuissance existentielle ? Tel est le sens de cet intitulé de sujet qui nous interroge sur le rapport entre une croyance religieuse et un besoin affectif enraciné dans un manque de « force d'âme ».

On remarquera, dès l'abord, le caractère « soupçonneux » d'un intitulé qui envisage le problème de la foi ou de la croyance en liaison avec le manque ou l'absence de capacité et de force morales et intellectuelles. • La croyance religieuse, une simple compensation à nos maux ou à nos impuissances psychiques ? Ne peut-elle être interprétée comme un « remède » psychologique, comme le moyen par lequel se guérit la souffrance, comme la thérapie d'une impuissance ? N'est-ce pas, dès lors, comprendre la religion comme un phénomène d'illusion ? La religion est-elle une illusion ? Tel est le problème soulevé par le sujet. • La question soulevée est grosse d'enjeux : selon la réponse apportée, nous gagnons le Mystère et le Secret, ou bien, peut-être, « réduisons » la croyance religieuse à une simple impuissance psychologique. A.

La croyance religieuse comme adhésion spirituelle risquée Pourquoi la croyance religieuse serait-elle une simple consolation pour les faibles ? Croire, n'est-ce pas faire un véritable saut dans le vide ? N'est-ce pas être confronté au paradoxe absolu ? Qu'est-ce, en effet, que croire ? Il y aurait sans doute quelque naïveté à envisager la croyance comme une simple adhésion, réconfortante, à des dogmes.

Croire, c'est, en quelque sorte, expérimenter un face-à-face tragique avec Dieu.

Qu'est la croyance religieuse « authentique » ? Une voie tremblante et complexe vers l'absolu, une rencontre souffrante et brûlante.

Crainte, tremblement, mélancolie : telles sont les caractéristiques d'une rencontre qui ne se donne pas comme simple garantie réconfortante.

Si la croyance religieuse est une consolation pour les faibles, cela signifie qu'elle apaise notre angoisse, notre impuissance liée à notre absence de force.

Or, tel n'est pas nécessairement le cas.

Ainsi la croyance religieuse de Kierkegaard se donne comme une recherche douloureuse des chemins de l'intériorité.

Il y a là une forme de tension existentielle qui interdit de poser la notion même de consolation du faible.

Car la croyance est inséparable du drame de l'existence humaine.

Croire, c'est chercher son salut dans la crainte et le tremblement. Certes, la croyance en Dieu permet d'espérer une éternité meilleure, mais cette croyance est une consolation dans la douleur, une consolation paradoxale : la foi est sans assurance, sans sécurité intellectuelle ; elle désigne une croyance en vertu de l'absurde : tel est le chemin de la foi, chemin difficile, déchiré, à mille lieues de tout repos.

La croyance religieuse se vit à l'école de la souffrance et n'est donc pas une consolation pour le sujet dépourvu de force et de maîtrise spirituelles. Transition Néanmoins, il n'est pas de croyance sans un bénéfice psychologique qui lui soit lié.

Croire, c'est accepter une idée ayant, pour nous, un impact psychique.

Il faut donc poursuivre notre analyse.

Si la croyance est douleur, qu'apporte-t-elle néanmoins ? B.

La croyance religieuse comme consolation historique et sociale Même risquée et forgée à l'école de la souffrance, la croyance religieuse peut être une consolation pour le faible, dépourvu de pouvoir social ou de maîtrise spirituelle. Car la religion offre bel et bien une compensation idéale : le faible, dépourvu de la maîtrise de sa conduite, ne peut-il lire dans l'image du paradis, cet au-delà imaginaire, la figure renversée de ce qu'il ne possède pas ? Ici, le faible se définit comme un être dépossédé socialement ou historiquement.

Or le futur religieux offre une image mystique réconfortante. Dans la croyance religieuse, ce que nous trouvons alors, ce sont les impuissances naturelles et sociales de l'homme, impuissances que le faible compense idéalement.

Dans les représentations habituelles de Dieu et du paradis, ne liton pas en filigrane le destin des hommes asservis, leurs rêves et leurs projections dans un au-delà imaginaire ? Dieu est la réalisation fantastique de l'être humain, parce que celui-ci ne possède pas de vraie réalité.

Ainsi la religion apparaît-elle, nous dit Marx, comme le monde à l'envers.

Dans la religion, l'homme trouve le reflet de lui-même, mais inversé, avec ses rêves, ses espérances, ses illusions.

Le paradis est la conscience inversée de notre monde.

« [La religion] est la réalisation fantastique de l'être humain, parce que l'être humain ne possède pas de vraie réalité.

La détresse religieuse est, pour une part, l'expression de la détresse réelle, et pour une autre, la protestation contre la détresse réelle.

La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans coeur, comme elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'esprit est exclu.

Elle est l'opium du peuple [...] La religion n'est que le soleil illusoire qui gravite autour de l'homme tant que l'homme ne gravite pas autour de lui-même.

» (Marx, Critique de la philosophie du droit de Hegel). »

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