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La religion et la morale ont-elles la même finalité ?

Extrait du document

« Toute action exige l'oubli, comme tout organisme a besoin non seulement de lumière, mais encore d'obscurité.

Un homme qui voudrait ne sentir que d'une façon purement historique ressemblerait à quelqu'un que l'on aurait forcé de se priver de sommeil, ou bien à un animal qui serait condamner à ruminer sans cesse les mêmes aliments.

Il est donc possible de vivre sans presque se souvenir, de vivre même heureux, à l'exemple de l'animal, mais il est absolument impossible de vivre sans oublier.

Si je devais m'exprimer, sur ce sujet, d'une façon plus simple encore, je dirais : il y a un degré d'insomnie, de rumination, de sens historique qui nuit à l'être vivant et finit par l'anéantir, qu'il s'agisse d ‘un homme, d'un peuple ou d'une civilisation.

Pour pouvoir déterminer ce degré et, par celui-ci, les limites où le passé doit être oublié sous peine de devenir le fossoyeur du présent, il faudrait connaître exactement la force plastique d'un homme, d'un peuple, d'une civilisation, je veux dire cette force qui permet de se développer hors de soi-même, d'une façon qui vous est propre, de transformer et d'incorporer les choses du passé, de guérir et de cicatriser les blessures, de remplacer ce qui est perdu, de refaire par soimême des formes brisées.

Nietzsche Problématique Dans ce texte, Nietzsche explique comment l'oubli est nécessaire à la vie.

L'homme ne peut vivre en permanence avec le passé en mémoire sans souffrir, et être déconnecté du présent.

Le repos est aussi important que l'éveil cependant en faisant cet éloge de l'amnésie Nietzsche ne risque t il pas de se confronter à un problème éthique? Ne devons nous pas garder le souvenir de notre histoire? Est il réellement possible d'oublier à chaque fois? Et dans ce cas quel intérêt peut nous amener cette amnésie? Y a t il une façon de la gérer? PLAN I Nécessité de l'oubli comme régénération L'oubli est nécessaire car l'homme doit posséder un repos de l'esprit pour se préparer ce qui est à venir.

On ne peut vivre constamment dans l'histoire, c'est à dire le souvenir du passé, sans risquer de ne plus vivre du tout.

L‘oubli c'est stocker nos souvenirs dans une partie inconscient, que Freud appellera préconscient, pour pouvoir avoir un esprit clair pour affronter le présent.

L'oubli est aussi nécessaire à l'esprit que le repos pour le corps. II Oublier c'est vivre L'oubli est nécessaire à notre survie et à notre bonheur pour Nietzsche.

Comme l'animal, je peux me soucier du présent uniquement pour ce qu'il est et non par rapport au passé et pouvoir en profiter pleinement.

Oublier c'est pouvoir innover, découvrir de nouvelles choses, avancer et faire progresser l'humanité.

C'est en se détachant du passé qu'un peuple ou un homme peut avancer. III La capacité d'oublier Nietzsche fait en fin une éloge de l'oubli, la force d'un individus se calcule sur sa façon de gérer son passé.

L'oubli ne doit pas se définir uniquement comme faire table rase du passé mais comme une gestion de ce passé.

La force consiste à tirer des leçons de ce passé et panser les blessures Le passé c'est ceci n'est plus et surtout ce qui ne doit plus être.

Être fort c'est avoir la capacité de réparer et d'éviter les erreurs du passé.

Nietzsche ne préconise pas une amnésie totale du passé, il faut savoir oublier les faits tout en conservant une leçon morale de celui ci.

C'est uniquement par ce biais que les hommes peuvent progresser. Le propre de Nietzsche est de reconduire l'activité théorique ou scientifique, y compris donc la science historique, à ce qu'il appelle ici la « force plastique » de tout être vivant, « force » vitale qui vise à s'accroître elle-même, à s'intensifier, et force « plastique » en tant qu'elle cherche à se donner à elle-même une forme.

Or toute création de quelque chose de nouveau implique la capacité de s'affranchir de la prégnance de formes plus anciennes, c'est-à-dire la capacité d'oublier ce qui du passé ne peut-être assimilé, incorporé, au processus d'auto-création propre à la vie. Mais c'est précisément ce que méconnaissent le savoir et la culture historiques tels qu'ils se sont développés au XIXe siècle, et qui obéissent à l'idéal d'objectivité ou de neutralité.

Et on comprend qu'une telle considération soit donc intempestive.

Est-ce à dire que si la question de l'utilité de l'histoire pour la vie prend le pas sur celle, épistémologique, des critères de la vérité propre à l'historiographie, il n'y a pas d'autre vérité que vitale ? Et n'est-ce pas la justification par avance de n'importe quelle réécriture de l'histoire au nom de son utilité vitale pour un individu ou une nation ? A ssurément pas si, comme le pense Nietzsche, l'intensification de la vie, sa surabondance, implique qu'elle se communique, c'est-à-dire la générosité.

Toutes les histoires ne se valent donc pas, et il suffit ici de se souvenir de la façon dont Par-delà bien et mal (§251) dénoncera la « fièvre nationaliste » et l'impuissance dont témoigne l'antisémitisme qui se répandent à cette époque. L'utilité de l'histoire pour la vie est fonction des besoins de celle-ci : besoin de trouver des modèles dignes d'être imités, de préserver et de vénérer une tradition dont on se sent l'héritier, de condamner ce qui du passé mérite de périr.

Mais les trois types d'attitudes relatives au passé qui en résultent ont ceci en commun qu'elles décident de ce qui est digne d'être remémoré, qu'elles jugent l'histoire — justice qui ne relève en rien de l'« impartialité » ou de l'« objectivité » scientifique (cf.

ici tout le §6 de cette seconde Considération). Dans cet extrait, Nietzsche aborde la question de l'oubli afin de montrer qu'il peut avoir une valeur.

En effet, traditionnellement, nous considérons l'oubli comme une perte, comme une faiblesse ou encore comme une défaillance, or, Nietzsche va s'attacher à montrer en quoi il peut être une force. Quand nous considérons négativement l'oubli c'est simplement parce que nous le définissons comme une faiblesse de notre mémoire.

Oublier, c'est ne pas se souvenir et ce « ne pas » en fait la dimension négative.

Or, il peut y avoir une vertu de l'oubli, même plus, l'oubli peut apparaître comme nécessaire tout simplement pour faire place à de nouvelles choses.

Vous pouvez montrer l'impossibilité qu'il y aurait de vivre pour celui qui se souviendrait de tout.

Ici, nous vous recommandons vivement la lecture d'une nouvelle de Borges dans son recueil Fictions, nouvelles qui s'intitule Funes ou la mémoire.

Borges décrit alors un personnage qui n'oublierait rien, un personnage qui nous dit alors : " J'ai à moi seul plus de souvenirs que n'en peuvent avoir eu tous les hommes depuis que le monde est monde.

Mes rêves sont comme votre veille.

Ma mémoire, monsieur, est comme un tas d'ordure.

" De Funes il nous dit alors : " Il avait appris sans effort l'anglais, le français, le portugais, le latin.

Je soupçonne cependant qu'il n'était pas très capable de penser.

Penser c'est oublier des différences, c'est généraliser, abstraire.

Dans le monde surchargé de Funes il n'y avait que des détails, presque immédiats ».

Vous pouvez dès lors montrer en quoi la mémoire peut devenir un obstacle à la vie.

Vous pouvez également, en particulier en ce qui concerne la fin de votre extrait, vous reporter aux premières pages de la Seconde considération inactuelle de Nietzsche dans laquelle il montre en quoi l'oubli est nécessaire au bonheur.

Dès lors, reconnaître une valeur à l'oubli implique-t-il de penser qu'il faut tout oublier ? La mémoire n'est-elle pas aussi parfois nécessaire, voire indispensable ? N'y a-t-il pas, par exemple, parfois un devoir de mémoire ? Vous trouverez de nombreux éléments pour développer ces points en vous reportant aux sujets indiqués au bas de cette réponse.

Voilà les premières pistes que nous vous proposons.

Nous espérons qu'elles vous seront utiles.

N'hésitez pas à nous contacter pour nous faire part de vos difficultés et de l'évolution de votre réflexion.. »

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