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La religion est-elle fondée sur la peur de la mort ?

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« Le terme religion vient du latin religare qui signifie "relier".

Il désigne donc la mise en relation entre les hommes et un être transcendant, séparé du reste du monde et tout-puissant.

Il existe deux versants du phénomène religieux : un aspect subjectif qui est le sentiment religieux et un aspect objectif à savoir les cérémonies, rites,...

L'attitude religieuse par excellence est la foi et celle-ci est foi en ce qui n'est pas démontrable, mais exige un degré de confiance au moins égal à celui produit par la démonstration.

Il s'agit ici de se demander quels éléments président à l'établissement de cette foi... Beaucoup de religions contiennent dans leur livre sacré une mention à un au-delà, à la possibilité d'une nouvelle vie une fois celle-ci finie.

Et il est vrai que l'une des peurs fondamentales de l'homme porte sur cet événement.

La principale raison de croire serait alors juste une question de crainte? N'y-a-t-il pas d'autres aspects dans la religion? Le besoin de se rassurer sur sa propre mort est-il le seul besoin qui pousse l'homme à croire à un être transcendant? 1.

L'homme a inventé les dieux pour déjouer la mort Déjà dans l'antiquité, Épicure et Lucrèce voyaient dans la peur de l'homme devant la nature, l'origine de l'idée de Dieu.

Les religions de l'époque en effet divinisaient les éléments naturels pour tenter de les maîtriser grâce à des rites, des offrandes et des sacrifices.

Elles attribuaient en effet chaque phénomène naturel à l'intervention d'un dieu. Vico, de même, voit le passage du bestioni( ancêtre de l'homme) à l'humain dans la fondation de la religion.

Mais quelle estelle? Le philosophe voit dans la création d'un dieu la réaction face à un événement naturel qui a effrayé les premiers hommes, la foudre.

Dès lors, ils ont inventé un dieu et y ont cru. Cette idée est reprise par les philosophes empiristes au XVIIe et XVIIIe siècles.

Pour Hobbes, comme pour Hume, la croyance religieuse est motivée par des raisons psychologiques.

Elle découle d'un sentiment d'impuissance devant la fragilité de la destinée humaine. Mais la religion n'est pas seulement crainte, elle est aussi consolation et espérance.

En croyant à la vie éternelle après la mort, l'homme rend d'une part son malheur et sa propre fin plus supportable. " l'angoisse humaine en face des dangers de la vie s'apaise à la pensée du règne du bienveillant de la Providence divine." Ainsi pour Freud la religion est une illusion qui se veut résolution des conflits psychiques tenant à la condition humaine. De même, Nietzsche voit Dieu comme une création de l'homme face à la souffrance et à la mort et Marx le suivra dans cette voie, en voyant dans la religion " le soupir de la créature accablée." C'est donc la crainte de la nature et de la mort qui pousse les hommes à croire en une divinité, aussi bien pour pouvoir maîtriser les éléments naturels que pour se consoler de la mort. 2.

La religion est une aspiration fondamentale de l'homme Il est un peu réducteur de ne voire dans la religion que la peur de la mort.

Il y en effet d'autres aspects dans le sentiment religieux. Pour Plotin, la religion est une évidence à laquelle l'âme parvient par la contemplation.

Elle est fondée non sur la crainte de la mort, mais sur l'amour de Dieu.

La mort n'affecte que le corps, c'est pourquoi elle n'est pas un motif de crainte.

Pour la mystique chrétienne, la foi est donc un produit de l'amour, d'une révélation.

Ce que Bergson appellera la religion "dynamique". La foi est alors une conviction qui engage tout l'individu, une adhésion totale à ce qui reste pour lui un mystère indéchiffrable.

Kierkegaard montre bien comment la foi suppose une confiance au-delà de ce que la raison peut calculer.

La crainte de la mort ne semble pas non plus assez puissante pour conduire à ce degré de confiance. De plus, il ne faut pas oublier que pour Freud, l'homme ne peut envisager et connaître sa propre mort.

"Le fait est qu'il nous est absolument impossible de nous représenter notre propre mort, et toutes les fois que nous l'essayons, nous nous apercevons que nous y assistons en spectateur[...] dans son inconscient chacun est persuadé de sa propre immortalité" (Freud, essais de psychanalyse).

Il peut certes prendre conscience de la mort d'autrui mais se persuadera tout le temps que cela ne le concerne pas. On ne peut donc pas fonder la puissance du sentiment religieux sur cette crainte de la mort qui la plupart du temps, est écartée, méconnue par le sujet. 3.

La religion est donation de sens à l'univers et à l'existence La religion semble plutôt être issue d'un besoin fondamentalement humain, besoin que l'on peut appeler besoin du "sacré". "C'est du sacré que le croyant attend tout secours et toute réussite." R.

Caillois, L'homme et le sacré L'esprit humain a en effet besoin, de croire qu'il existe un réel irréductible qui fonde notre monde naturel. AInsi, certains philosophes invoquent des arguments rationnels pour affirmer l'existence de Dieu et le bien-fondé de leur foi.

Leur argument central consiste à dire que seule l'existence d'un Dieu créateur permet d'expliquer l'existence d'un ordre dans l'univers.

Telle est la thèse de Leibniz. La croyance chez tout être humain est donc élan vers une transcendance( ce qui est séparé du monde sensible tel que nous le connaissance) et cette transcendance permet en effet de croire que le monde est crée et qu'il a un sens.

Au fond, d'ailleurs, c'est ce que beaucoup d'hommes cherchent à découvrir, mais les gens athées, le sens de l'existence humaine et un ordre supérieur qui permettrait de comprendre et de s'orienter dans le monde. C'est pour cela que Nietzsche affirmait que Dieu était mort.

Cela signifiait en réalité que plus aucune valeurs transcendantales ne venaient éclairer notre existence et le sens du monde et de la vie. On pourrait penser que la principale raison de la foi est la sécurité que l'homme recherche dans l'au-delà des religions. Ainsi, les traces des premières civilisations nous montrent que les premiers hommes enterraient déjà les morts.

Ce qui laisse à penser autant que la mort les effrayaient mais aussi qu'ils croyaient qu'il existait un "après-la-mort".

Pourtant réduire toute religion à cette peur semble un peu simpliste.

La foi suppose en effet l'amour de Dieu.

De plus, il semble que l'homme ne peut croire à sa propre mort.

Il faut dès lors plutôt penser que si la religion répond à un besoin de l'homme, ce besoin est plutôt une donation de sens à son existence et aux événements de la vie.. »

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