La recherche du bonheur nous aliène-t-elle ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
Bonheur: De bon et heur (terme dérivé du latin augurium, présage, chance).
État de complète satisfaction de
tous les penchants humains.
• Le bonheur se distingue du plaisir et de la joie, qui sont des émotions éphémères et toujours liées à un objet
particulier.
• Dans les morales eudémonistes, le bonheur est la fin de l'action humaine.
Pour Kant, en revanche, c'est
le respect de la loi morale qui doit orienter la volonté, et non la recherche du bonheur.
Car cette recherche est
toujours déjà intéressée, égoïste donc contraire à la morale.
Aliénation
Du latin alienus, « étranger », de alius, « autre ».
En droit, désigne le fait de donner ou de vendre.
C'est le sens
qu'utilise Rousseau dans Le Contrat social.
Pour Hegel, Feuerbach et Marx, l'aliénation est le processus par lequel un individu est dépossédé de ce qui le
constitue au profit d'un autre, ce qui entraîne un asservissement.
Le bonheur est aliénant dans la mesure où il ne peut souvent que faire l'objet d'une recherche, vaine, tellement il
est fugace, éphémère, inatteignable pour certains hommes.
Le bonheur marque une insatisfaction : étant l'objet
d'une recherche, il montre qu'il est comme tout désir, inassouvi.
Le bonheur est une aspiration, souvent liée au
hasard, à la chance (étymologiquement, bonheur signifie "bon heur", dérivé du latin augurium, qui signifie augure,
chance).
Le bonheur est alors quelque chose qui arrive, qui nous échoit, sans qu'on s'y attende.
Il paraît illusoire de
le rechercher avec succès.
Il échappe à toute tentative de maîtrise.
C'est un idéal de l'imagination qui n'existe que
par accident.
Dans tous ces sens, le bonheur paraît effectivement aliénant : s'attacher à trouver ce que l'on ne
peut acquérir peut entraîner une sorte d'aliénation : ne pouvant se réaliser dans le bonheur qu'il recherche, l'homme
reste perdu, errant, dépossédé, vivant dans l'illusion.
Pourtant, si l'on suit Épicure (Lettre à Ménécée), le bonheur,
ou la félicité, la plénitude, peut naître d'une discipline de vie, et cette recherche, perpétuellement atteinte,
n'engrange aucune aliénation, au contraire.
Pour lui, le bonheur dépend de l'homme, et sa recherche est pour lui une
libération.
Le bonheur se réalise dans une vie bienheureuse et dans la sagesse.
Le bonheur est un état de l'esprit qui
ne se laisse plus égarer par les mauvais hasards de la vie, il est aussi un état du corps pour lequel on recherche le
plaisir.
Introduction et problématique:
Déjà Pascal observait: "tous les hommes recherchent d'être heureux, cela sans exception; quelques différents
moyens qu'ils y emploient, ils tendent tous à ce but".
Aussi, le bonheur, point focal de toute existence humaine, ne
semble pas nous être dû de droit, mais paraît procéder d'une insatiable recherche d'un "mieux et plus d'être", d'une
inlassable maturation spirituelle.
Mais, qu'est-il ? Dans une acception classique, un état de complète satisfaction
remplissant et submergeant toute la conscience.
Mais, le problème est de savoir s'il nous est possible d'atteindre un
tel état? Si cette félicité est bien la fin dernière et suprême de l'exister humain ? Et, si le bonheur n'est pas une
entité aporique, une invention chimérique, une vue de l'esprit irréalisable ? Dans ces conditions, la recherche du
bonheur ne peut-elle pas elle-même devenir une source de malheur ? ne peut-elle être un esclavage ?
Le bonheur comme fin suprême de l'homme.
Pour la philosophie classique, toute pensée réfléchie et toute action tendent
vers un bien.
Mais quel est le souverain bien qui constitue la fin suprême de
notre activité ? Selon Aristote, « sur son nom du moins il y a assentiment
presque général : c'est le bonheur » (Éthique à Nicomaque, IV).
Mais, sitôt
qu'on tente de le définir, les avis divergent : on le rapportera aux plaisirs, aux
richesses, à la santé, aux honneurs, à la vertu, etc.
En réalité, observe
Aristote, tous ces biens ne sont que des biens particuliers qui ne sont pas
désirés pour eux-mêmes mais précisément pour procurer le bonheur.
Ce bien
parfait qu'est le bonheur, en revanche, « nous le cherchons toujours pour luimême, et jamais pour une autre raison.
Car les honneurs, le plaisir, la pensée
et toute espèce de vertu, nous ne nous contentons pas de chercher à les
atteindre en eux-mêmes [...], nous les cherchons aussi en vue du bonheur,
car nous nous figurons par eux que nous pouvons l'obtenir, tandis que
personne ne souhaite le bonheur pour atteindre ces biens ni, en un mot, pour
rien d'extérieur à lui-même » (ibid., VII).
Pour Aristote, le bonheur est la fin
suprême, au-delà de laquelle on ne saurait penser d'autres fins.
Il a donc une
valeur de bien en soi.
Mais il ne réside ni dans la recherche effrénée de
plaisirs, ni dans la bonne fortune (la chance), mais dans l'activité raisonnable
et maîtrisée qui prend comme fin l'accomplissement plénier de soi-même en
accord avec la vertu.
La plupart des hommes ne pouvant mener une vie conforme à la vertu intellectuelle de la
sagesse et atteindre ainsi dans la vie contemplative le Souverain Bien, doivent agir selon la vertu de prudence («
phronésis »), en évitant les deux extrêmes de la démesure et de l'inertie.
Il s'agit donc de discerner dans chaque
situation où est le juste milieu (médiété) de manière à combiner harmonieusement le souhaitable et le possible.
Le
juste milieu doit se rechercher aussi bien pour les états affectifs ou passions (ainsi le courage est le juste milieu de
la témérité et de la peur) que pour les actions (ainsi la libéralité est le juste milieu de la prodigalité et de la.
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