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La réalisation des désirs est-elle compatible avec la vie en société ?

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La réalisation des désirs est-elle compatible avec la vie en société ?

« Introduction L'homme, considéré comme espèce, est par nature un être social.

L'homme en société doit ainsi s'adapter à ce qui lui est demandé.

Du fait de la perfectibilité humaine, on évoque la culture comme passage à partir duquel aucune possibilité de retour à l'état naturel n'est concevable.

A insi l'homme est voué au progrès, et à la transmission de ses œuvres de génération en génération.

L'instruction avec Kant est cette capacité pour l'homme de déployer sa raison.

A insi, au fil des déterminations, chacun s'attribue une place au sein du social et s'y retrouve.

Mais il arrive que des individus deviennent livré à euxmêmes, au sein même du social.

C omment l'homme en viendra à vouloir se réaliser comme il l'entend au sein de structures établies et normatives ? I.

La difficulté de s'épanouir dans l'hypothèse de l'état de nature Les pensées dites « contractuelles » présentent l'homme à l'état de nature, puis son adhésion à un groupe social.

Selon Hobbes, dans le Léviathan, l'homme n'est pas un être sociable par nature.

C ar dans l'état de nature, tous les hommes ont le droit de faire ce qu'ils veulent.

Tout homme a la liberté d'utiliser ses pouvoirs naturels et tous les moyens pour se conserver.

C omme chacun poursuit son avantage au détriment de l'autre, et comme des hommes de plus en plus nombreux recherchent la même chose, il est clair « que l'état naturel des hommes avant qu'ils se réunissent en un Etat, était la guerre, et […] la guerre de tous contre tous ».

Seul un contrat social permettra alors aux hommes d'engager la paix, d'obéir à un tiers, et de réaliser des projets sans contrainte physique imposée par la loi du plus fort.

. II.

L'éducation, comme réalisation de l'homme social a.

Rousseau entend, dans L'Emile (1762), instauré un idéal d'éducation.

I l y présente ainsi un exemple de sa pédagogie : elle doit éviter que l'élève ne tombe sous la mauvaise influence de la société.

Le but de Rousseau est de former le cœur en même temps que l'esprit.

Et c'est grâce à une « éducation négative » que l'on y parvient.

Dès lors, l'éducateur ne devra pas endoctriner, comme c'est le c a s avec l'éducation contemporaine critiquée par Rousseau. L'enfant apprendra lui-même à partir de ses expériences.

L'éducation doit donc s'adapter au développement de l'enfant. Dans la première partie, Rousseau montre comment l'enfant doit préserver son indépendance et apprendre auprès des choses elles-mêmes. b.

Le terme éducation, du latin « educatio », indique l'idée d'une « formation de l'esprit ».

Kant dira que seul l'homme est la créature susceptible d'être éduquée.

N'étant pas dirigé par l'instinct, il doit conquérir par la culture ce que la nature lui a refusé.

L'éducation, dont le but est de conduire l'homme à sa propre humanité, comporte toujours, selon Kant, deux aspects : la discipline et l'instruction.

La discipline est la partie négative de l'éducation.

Elle habitue l'enfant à supporter la contrainte des lois.

Par là, elle l'aide à surmonter sa sauvagerie originaire.

L'instruction est la partie positive de l'éducation.

Elle est l'action de former et d'enrichir l'esprit par la transmission du savoir et par l'étude.

A insi le but de l'éducation est de conduire l'enfant vers la liberté et l'autonomie, lesquels ne sauraient se concevoir en dehors du cadre de la citoyenneté (cf.

Kant, Traité de pédagogie, trad.

Barni et About, pp.

35-38). c.

Tous ne deviennent pas adultes.

A insi, le psychologue Binet dira que l' « idiot » par exemple est un individu incapable d'acquérir la parole et qui, adulte, ne dépasse pas le niveau mental de deux ans.

Il y a aussi, en dehors des sujets psychotiques, une difficulté d'être adulte.

C 'est Boris Vian qui marque cet arrachement douloureux à l'enfance.

Beaucoup de ses héros, C olin de L'Ecume des jours, A ngel de L'Arrache-cœur etc., marquent leur passage à l'âge adulte.

Ils meurent ou disparaissent de ne pouvoir se soumettre à ses contraintes, à ses normes (le travail, l'argent, l'amour, le mariage, la paternité). Selon Vian la société des adultes récuse et détruit le rêve, l'imagination ; elle empêche de se vouloir autre, de se créer. III.

Les dérives individualistes a.

L e sociologue Emile Durkheim montrera (cf.

Les règles de la méthode sociologique) que le social est cette puissance supérieure et coercitive (contraignante) à l'individu.

La société, qui siège tel un Dieu au-dessus de tout un chacun, ordonne la réalisation de l'individu selon les schémas qu'elle reflète.

Se dissoudre de l'ordre social, c'est être voué à la menace individualiste, menace qui se concrétise dans la perte de l'individu.

En effet, celui-ci, s'il en vient à se sentir délaissé d'un groupe d'appartenance, se retrouvera seul, sans aucune norme pour le maintenir membre du groupe.

A insi peut subvenir le suicide, réponse à cette mise en marge de l'individu vis-à-vis du groupe.

Durkheim montrera (dans Le Suicide), que le suicide de l'individu doit être compris au regard du social, et non de raisons psychologiques qui restent conséquentes.

Dès lors la réalisation sans faille de l'individu doit se faire au contact de la société, et non en solitaire. b.

S'il est vrai que l'espèce humaine est nécessairement sociale, on peut douter de la sociabilité naturelle des individus qui la composent.

Evoquant cette contradiction, Kant parle de l' « insociable sociabilité » des hommes.

Mais c'est pour en souligner aussitôt la fécondité.

Société et individus sont en fait constitutifs l'un de l'autre et il y a cercle à vouloir trouver dans l'un des termes l'origine de l'autre.

C ar il ne peut y avoir de société quand les hommes n'ont pas entre eux quelque intérêt commun, il ne peut pas non plus y avoir société s'il ne subsiste entre eux aucune différence.

En effet, la société ne saurait être confondue avec la communauté.

Dès sa naissance, tout homme se trouve d'emblée inscrit dans une communauté qui s'impose à lui et dont il partage les habitudes, la langue, la religion.

C 'est d'abord la famille, mais c'est aussi la communauté plus large d'un pays ou d'une nation.

P arce qu'elle s'enracine dans une histoire commune, et qu'elle repose sur un patrimoine commun, la communauté engendre entre ses membres un sentiment naturel et presque animal de solidarité.

L'intérêt de chacun et l'intérêt de tous semblent être confondus.

Leur rapport est immédiatement senti.

A u contraire, dans une société, c'est un lien plus économique que sentimental qui unit les individus.

Les rapports, fondés sur l'échange, supposent une différenciation des fonctions et une division du travail.

Les sphères d'activité ne sont plus les mêmes ; les intérêts des uns et des autres peuvent être différents, voire opposés.

Les relations économiques et sociales rendent donc plus problématique l'idée de solidarité ou d'intérêt général.

Le champ social apparaît divisé et le conflit des intérêts menace l'ordre social.

Ressort de cela un individualisme marquant, qui caractérise le désir pour l'homme de se réaliser lui-même avec les moyens que lui offrent les institutions sociales. Conclusion La réalisation de l'individu est passage.

Et on a pensé ce passage à la lumière d'un glissement hypothétique de l'état naturel à l'état civilisé.

Le passage de l'enfance à l'âge adulte est aussi, et réellement, déterminant dans toutes sociétés. Il peut être marqué par des rites, comme on le voit encore aujourd'hui dans certaines ethnies, où l'enfant doit ramener un requin au village pour qu'il soit accepté et considéré comme un adulte.

A ussi, on a vu que l'instruction est une partie importante de l'éducation, puisqu'elle permet au sujet, au départ dépendant, d'aller vers la liberté, l'autonomie.

Mais il semble que la société contraint l'individu à agir selon des modèles types.

Et beaucoup alors, du fait de ne pas vraiment adhérer à ce qui leur est demandé, se voient nostalgique d'une époque où rien ne leur était directement imposé.

D'autres en revanche iront jusqu'à leur propre abolition.

Toutefois, l'économie de marché par exemple présente bien la possibilité pour l'homme de réaliser ses projets.

Mais ces réalisations ne sont-elles pas des illusions, des constructions proprement dues au pouvoir social.. »

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